TABLE RONDE – RAPPORT DE LA PLÉNIÈRE

TABLE RONDE – RAPPORT DE LA PLÉNIÈRE

35 ans d’un discours féministe et chrétien 20 août 2011

Monique Dumais Louise Melançon

Commentaires

Questions posées :

Qu’est-ce que vous retenez de ces interventions ?

Comment vous sentez-vous interpellée comme féministe, comme chrétienne ou comme femme appartenant à une autre religion ?

Quelles seraient vos priorités pour l’avenir comme féministe, comme chrétienne ou femme d’une autre appartenance qui intervient dans la société ou dans le champ religieux ?

Comment transmettre

– La question de la transmission, du passage de nos valeurs aux plus jeunes a émergé en premier et a été posée à Christine Lemaire.

Celle-ci affirme qu’en tant qu’historienne il est plus facile de transmettre le féminisme avec l’histoire des luttes que de transmettre sa foi en tant que chrétienne. Être témoin semble une voie possible. L’autre Parole pourrait rejoindre un bon nombre de femmes qui ont laissé doucement s’éteindre leur foi, qui ne se reconnaissent plus dans le contexte actuel de l’Église. Certaines femmes sont attirées par d’autres religions. Christine fonde beaucoup d’espérance sur le site Web de L’autre Parole.

Pour sa part, Élisabeth Garant affirme qu’il n’est pas facile dans notre société de communiquer notre héritage aux jeunes. Les parents ne sont pas bien placés pour le faire. Les jeunes sentent le besoin de faire communauté, de se donner un espace bien à eux et à elles, de faire expérience et de se côtoyer. La quête de justice sociale les rejoint tout particulièrement.

Michèle Asselin donne en exemple le mouvement RebELLES où les jeunes femmes se retrouvent entre elles, autodéterminées, partageant les mêmes préoccupations. « Elles ont le droit de nous remettre en question », dit-elle.

Marie-Andrée Roy souligne qu’à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), il y a une importante relève féministe qui travaille à la transformation des rapports de sexe. Les jeunes femmes souhaitent se retrouver ensemble.

Valeurs – spiritualité – religion

C’est un besoin très criant que les jeunes ont signalé, celui de trouver des valeurs, de découvrir une spiritualité et de se situer face à la religion. Les valeurs demandent à être incarnées. Qu’est-ce qui me nourrit pour vivre mes valeurs ?

La prise en compte de l’histoire amène à se demander : comment se fait-il que je suis ce que je suis ? Il y a donc l’importance de l’héritage reçu, du moins dans la culture, sinon par un enseignement confessionnel.

Valeurs féministes et spiritualité

Face aux attaques de la droite, il faut travailler à l’inclusion spirituelle dans les valeurs féministes. La spiritualité féministe a de l’avenir… Il faut peut-être consentir à prendre le virage des réseaux sociaux, mais il ne faut pas oublier qu’il faut quelque chose à la base. (référence aux révolutions arabes)

Comment concilier féminisme et christianisme

La conciliation du féminisme et du christianisme demeure difficile. Tout en se retrouvant au niveau des valeurs, la nourriture peut être différente… Et nous, devons-nous chercher à « convertir » au christianisme ?…

Moyens à privilégier

Les réseaux sociaux reçoivent la première cote en raison de leur importance dans notre monde actuel. Il faut intervenir à ce palier, investir avec courage. « Nous sommes de bonnes révolutionnaires tranquilles. »

Il importe d’offrir un autre espace, de voir à passer à une mobilisation. Des groupes existent déjà tels que Femmes et Ministères, L’autre Parole, ne faudrait-il pas travailler ensemble ?

Vie dans l’Église

En même temps qu’un diagnostic très lucide sur l’Église catholique est mis de l’avant, on met en lumière le fait qu’il existe une parole libre dans cette Église, dans le mouvement syndical où des jeunes s’engagent aussi, et dans le mouvement féministe, la Fédération des femmes du Québec (FFQ), la CSN (Confédération des syndicats nationaux), sans oublier Femmes et Ministères, ainsi que les associations de religieuses.

Au sujet de la pratique, une participante se demande : « Comment peut-on faire pour rester dans une Église où il n’y a pas de dialogue ? » Elle constate qu’elle est plus engagée au niveau social que dans l’Église.

Si on prend la mesure de ce qui se passe dans l’Église, on ressent qu’on est de plus en plus dépossédée d’une tradition. C’est plus que du conservatisme, il y a un renoncement à sa liberté de conscience.

Devant la montée de la droite

Devant la montée de la droite dans les institutions religieuses, dans les institutions politiques, la résistance s’impose pour se libérer du rouleau compresseur. Les fondamentalistes ont un terreau extraordinaire devant le néolibéralisme qui nous a transformés en consommateurs et a fait disparaître la dimension transcendantale.

Trente-cinq ans, c’est peu dans l’histoire, mais c’est une mouvance dans la quête d’un nouveau souffle.

Nous sommes appelées à la liberté dans le Royaume de Dieu.  Non à la religion, oui à la spiritualité.  Non au machisme oui à l’égalité.

La montée de la droite est catastrophique pour les femmes, c’est à  nous de résister, de lutter pour les femmes.

Être plurielles

Une femme musulmane se demande comment établir des liens entre des femmes de différentes cultures. Pour elle, la réécriture n’est pas possible, mais la  relecture, oui. Les valeurs sont semblables, mais les moyens sont différents.

Être ensemble ce n’est pas nier nos différences. Être plurielles.

Ce que nous pouvons réaliser dans notre engagement politique. Les personnes croyantes peuvent faire une différence dans les débats politiques, en prenant la parole pour débusquer les fondamentalistes.

En somme,

Nous trouvons tout un agenda pour la collective.  Nous notons :

– être capables de développer une spiritualité féministe, festive, avec nos racines ;

– nous mobiliser sur la question de la droite, sur la scène publique ;

– trouver plaisir à collaborer avec des femmes musulmanes, juives, pour que les femmes féministes de différentes religions puissent se parler.