Brèves, juin 2018

Les Brèves – Juin 2018
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Une militante inspirante de 101 ans

Religieuse (sœur auxiliatrice), pharmacienne, socialiste, féministe et indépendantiste, Christiane Sibillotte est décédée le 22 décembre dernier à l’âge de 101 ans. Pharmacienne pendant plus de 20 ans à la Pharmacie populaire Pointe-Saint-Charles, elle dénonce l’exploitation des compagnies pharmaceutiques et propose la diffusion de la connaissance la plus large possible en vue de contrer l’usage abusif des médicaments. En 1982, elle participe à la fondation du Mouvement socialiste du Québec, en 1995 ; elle agit à titre de porte-parole du Regroupement des religieux et religieuses pour le 0ui. La même année, elle entreprend et termine la marche Du pain et des roses de 250 km. Pourquoi s’est-elle engagée dans l’un des quartiers les plus populaires de Montréal ? Parce que selon elle, « L’Évangile, c’est pour les pauvres. Ce n’est pas pour les riches ». De nombreux et nombreuses personnes inspirées par son engagement ont assisté à ses funérailles et rendu hommage à la religieuse à bicyclette. (LD)

Sources : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/516841/soeur-christiane-sibillotte-militante-socialiste-feministe-et-independantiste-est-decedee-a-101-ans
François Gloutnay, « Le siècle de Christiane Sibillotte, religieuse et rebelle », Présence-Information religieuse, 26 avril 2016. http://presence-info.ca/article/eglises/le-siecle-de-christiane-sibillotte-religieuse-rebelle

Le pape François et le féminicide

Sur la place colorée de la ville de Trujillo, au Nord du Pérou, avant-dernier jour de son périple latino-américain commencé au Chili, le pape François a attaqué le fléau de la violence faite aux femmes qui va jusqu’au meurtre. Pour la première fois en public, il a utilisé le terme « féminicide ». Il a réclamé une législation spécifique pour éradiquer ce phénomène : « On ne peut pas  »normaliser » la violence à l’encontre des femmes, en entretenant une culture machiste qui ne prend pas en compte le rôle important de la femme dans nos communautés. »
Défini par l’auteure féministe Diana E. H. Russel, en 1976, comme un « meurtre de femmes commis par des hommes parce que ce sont des femmes », ce problème frappe le continent latino-américain qui détient le triste record du monde en matière de féminicide. En 2016 par exemple, 1997 femmes ont été assassinées, parce qu’elles étaient des femmes, dans 17 pays de ce continent et c’est le Honduras qui détient le record avec 531 féminicides en 2014. L’appel du pape sera-t-il entendu ? (LD)

Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/20/01016-20180120ARTFIG00165-le-pape-francois-denonce-avec-force-le-feminicide.php

Quand le mouvement #MeToo atteint le Vatican

La déferlante de l’affaire Weinstein et le vaste mouvement en faveur de l’égalité femmes-hommes qui s’en est suivi est-elle en train d’atteindre le Vatican ? Plusieurs religieuses de la cité papale se sont exprimées anonymement le 1er mars pour dénoncer l’asservissement des nonnes au sein de l’Église catholique. Dans une enquête parue dans le supplément mensuel « Femmes, église, monde » du journal du Vatican, elles ont levé le voile sur leur quotidien, qui les voit reléguées à des tâches subalternes, au service des prélats. Elles sont assignées à des tâches domestiques dans les résidences privées des évêques ou des cardinaux pour un salaire dérisoire ou inexistant. Certaines, docteures en théologie, sont envoyées faire la lessive et la cuisine. Sœur Marie demande : « Est-il normal qu’une personne consacrée puisse se faire servir de cette manière par une autre personne consacrée ? Et pourquoi donc les personnes consacrées destinées aux tâches domestiques sont-elles presque toujours des femmes ? »

Pas étonnant, qu’à la suite de ce reportage, le Vatican ait publié au début du mois d’avril, un document dans lequel il demande à ses religieuses de se comporter sur les réseaux sociaux, « avec discrétion et sobriété »… (LD)

Source : Françoise Marmouyet, « Au Vatican, des sœurs vent debout dénoncent le sexisme de l’Église », 7 mars 2018 : http://mashable.france24.com/monde/20180307-vatican-soeurs-sexisme-eglise-femmes ; http://mashable.france24.com/monde/20180517-vatican-religieuses-soeurs-twitter-facebook-pape-francois.

Une Femen au Vatican

Le matin de Noël, une Femen s’est emparée de l’Enfant Jésus de la crèche sur la Place du Vatican. Vers 10 heures du matin, deux heures avant la bénédiction « Urbi et Orbi » du pape François, une militante ukrainienne de 25 ans a exposé sa poitrine en criant en anglais « Dieu est femme ». Elle a été arrêtée pour « résistance et blessures à un représentant de l’ordre public, offenses à des confessions religieuses, tentative de vol et actes obscènes dans un lieu public ». (MJR)

Source : La Presse.ca, le 25 décembre 2017 http://www.lapresse.ca/international/europe/201712/25/01-5148290-une-femen-sempare-de-lenfant-jesus-de-la-creche-du-vatican.phpa

Mise à l’écart pour cause de menstruations

Au Népal, malgré l’interdiction par la Cour suprême en 2005, la pratique du Chaupadi qui vise à isoler les jeunes femmes du foyer familial durant les menstruations fait encore des victimes. Encore aujourd’hui, les règles sont considérées comme une « offense aux dieux hindous ». Selon Amanda Klasing, une spécialiste des droits des femmes à Human Rights Watch, la stigmatisation des menstruations favorise le décrochage scolaire des filles et leur mariage prématuré. Au Népal, près de 40 % des filles sont officiellement mariées avant 18 ans. (MJR)

Source : La Presse plus, le 15 janvier 2018.
http://plus.lapresse.ca/screens/b5f451b5-f22a-4432-a7e5-f302e2e032f5__7C___0.html?utm_medium=Facebook&utm_campaign=Microsite+Share&utm_content=Scree

L’égalité salariale obligatoire

D’ici 2022, les entreprises publiques et privées d’Islande qui possèdent plus de 25 employé.e.s devront appliquer la parité salariale entre les hommes et les femmes. Selon l’Institut national d’Islande, en 2017, le différentiel entre les deux sexes était de 16,1 %, et le ministre des affaires sociales, Thorsteinn Viglundsson affirme que « l’histoire a montré que si nous voulons le progrès, il faut l’imposer ». (MJR)

Au Québec, malgré la Loi sur l’équité salariale, et selon les données du recensement canadien de 2016, les hommes possèdent un revenu moyen supérieur à celui des femmes dans 92 % des circonscriptions. Ainsi, les hommes québécois ont généré en 2016 des revenus moyens de 39 840 $, contre 35 571 $ pour les Québécoises. Un écart de 4 269 $. (LD)

Sources : L’Obs, le 03 février 2018. https://www.nouvelobs.com/monde/20180103.OBS0091/en-islande-l-egalite-salariale-entre-femmes-et-hommes-est-desormais-obligatoire.html
Philippe J.Fournier « Dans 92 % des circonscriptions du Québec, les hommes gagnent plus que les femmes », L’Actualité, 11 mai 2018. http://lactualite.com/societe/2018/05/11/dans-92-des-circonscriptions-du-quebec-les-hommes-gagnent-plus-que-les-femmes/

Quand le masculin ne l’emporte plus !

La fameuse règle de grammaire qui veut que « le masculin l’emporte sur le féminin » est de plus en plus contestée. Cette règle n’est pas intrinsèque à la langue française mais bien « le fruit d’une lutte menée aux 17e et 18e siècles contre le féminin – et contre les femmes – par les ’’autorités’’ linguistiques ». Reflet d’une société patriarcale et sexiste, cette règle n’est plus acceptable aujourd’hui et il est possible d’écrire et de parler autrement, en redonnant aux femmes leur juste place dans l’histoire. En août 2017, Michaël Lessard et Suzanne Zaccour publiaient Grammaire non sexiste de la langue française qui est « une invitation à apprendre, à désapprendre, à critiquer, à discuter et à oser se lancer à la recherche de la langue des femmes ».
En novembre, en France, comme en écho au mouvement québécois de changement, 314 membres du corps professoral de tous les niveaux et tous publics se sont engagés, dans un manifeste, à ne plus enseigner cette règle grammaticale. Parmi les trois raisons invoquées pour expliquer leur engagement, ils et elles mentionnent le fait que l’objectif de cette règle n’était pas linguistique mais politique. Continuer de l’enseigner aux enfants conduit à leur faire accepter « la domination d’un sexe sur l’autre, de même que toutes les formes de minorisation sociale et politique des femmes ». Nous sommes invitées à écrire autrement, nous les femmes quand nous parlons et écrivons au sujet des femmes ! (LD)

Sources : Michaël Lessard et Suzanne Zaccour, Grammaire non sexiste de la langue française. Le masculin ne l’emporte plus !, M Éditeur, 2017.
https://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin?amp
http://sisyphe.org/spip.php?breve2572

« Criminelles plus jamais ! »

Le 28 janvier 2018 marque le 30e anniversaire de la décriminalisation de l’avortement au Canada. En effet, c’est le 28 janvier 1988 que la Cour suprême du Canada invalidait les dispositions du Code criminel qui ne permettait l’avortement que si la grossesse mettait en danger la vie ou la santé de la femme enceinte. Dans cette décision historique, les juges ont estimé que la loi portait atteinte au droit à la sécurité, à l’intégrité physique et émotionnelle de la femme enceinte, garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. Les juges ont statué également que le fœtus n’était pas une personne humaine, sujet de droit, tant qu’il n’était pas sorti vivant du sein de sa mère. Depuis, la Cour suprême s’est prononcée à quatre reprises en refusant de reconnaître des droits au géniteur, en réaffirmant que seule la femme peut décider ou non d’interrompre une grossesse, et en reconnaissant aux femmes enceintes leur droit à la vie privée, à l’autonomie, à la liberté et à l’égalité.

Partout au Canada, les militantes féministes célèbrent leurs victoires et se réjouissent des échecs répétés du mouvement anti-choix dans ses multiples tentatives pour recriminaliser l’avortement. « Depuis 1977, nous répétons sans relâche que « nous aurons les enfants que nous voulons ». Depuis 1988, nous répondons ceci à toute tentative de recriminaliser l’avortement : « Criminelles plus jamais ! » Nous n’avons pas changé d’idée ». (LD)

Sources : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/518528/la-decriminalisation-de-l-avortement-30-ans-plus-tard
www.ledroit.com/actualites/avortement-la-decision-morgentaler-fetera-son-30e-anniversaire-en-janvier-a5f2163c9d62f468c4fb574c79a64b57
http://www.fqpn.qc.ca/actualites/larret-morgentaler-30-ans-deja-4/https://www.actioncanadashr.org/fr/morgentaler-30-ans-plus-tard-nous-sommes-a-un-moment-decisif/

Élections provinciales et laïcité, des mythes à déboulonner

À la veille des élections provinciales, le risque d’instrumentaliser à des fins électorales l’épineuse question de la laïcité et des accommodements raisonnables, en prenant pour cible les femmes musulmanes et le port du voile, voici un petit rappel quand à la supposée ampleur du problème. Selon les données de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec (CDPJQ), au cours des cinq dernières années, 582 plaintes lui ont été adressées à la suite de demandes d’accommodements refusées. Sur ce nombre, 90 % étaient des plaintes fondées sur le handicap et 4,8 % sur la religion. (LD)

Source : ttps://paper.li/nnepton/1315933737?edition_id=55150ea0-60c4-11e8-8cc9-0cc47a0d164b#/

La Terre mère en danger

Le 13 novembre dernier, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays ont lancé une alerte sur l’état de la planète. Cette mise en garde reflète une inquiétude qui traverse toutes les disciplines des sciences expérimentales. Les signataires demandent aux décideurs et aux responsables politiques de tout mettre en œuvre pour « freiner la destruction de l’environnement » et éviter que s’aggrave « l’épuisement des services rendus par la nature à l’humanité ». L’humanité est invitée à un changement radical des modes de vie.
Publié dans la revue Bioscience, cet appel des 15 000 est, à ce jour, le texte publié par une revue scientifique ayant rassemblé le plus grand nombre de signataires. Un premier appel du genre, endossé par 1 700 chercheurs, avait été publié en 1992 à la suite du Sommet de la Terre tenu à Rio au Brésil.

S’appuyant sur les indicateurs utilisés en 1992 et mis à jour récemment, les scientifiques constatent que « non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés ». Ils et elles invitent les citoyens et citoyennes à exercer des pressions politiques sur les décideurs mais aussi à examiner leurs comportements individuels. (LD)

Sources : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/quinze-mille-scientifiques-alertent-sur-l-etat-de-la-planete_5214199_3244.html
https://academic.oup.com/bioscience/article/67/12/1026/4605229
http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/11/13/01008-20171113ARTFIG00185-nous-mettons-en-peril-notre-avenir-15000-scientifiques-alertent-sur-l-etat-de-la-planete.php

Le fléau des bouteilles d’eau en plastique

L’ONU vient de tirer la sonnette d’alarme : si la consommation de plastique se poursuit au même rythme, les océans devraient contenir plus de plastique que de poissons d’ici 2050 ! Les grandes villes sont interpellées et déjà des solutions sont mises de l’avant. Pour le maire de Londres, multiplier les fontaines d’eau dans les lieux stratégiques de la ville. À San Francisco, « ville zéro déchet », le conseil municipal a interdit la vente de bouteilles d’eau en plastique dans les lieux et évènements publics. Au Nouveau-Brunswick, la consignation des bouteilles de plastique existe depuis 1992. Ce sont 291 millions de bouteilles qui ont été recueillies en 2016. Si le Québec tarde à emboiter le pas, la Ville de Montréal bouge. Le 29 mai, le Conseil municipal a décidé, à l’unanimité, de prohiber la distribution de bouteille s de 500 ml dans les arénas, les bibliothèques et les diverses installations situées sur son territoire. Cette décision s’inscrit dans la foulée de celle prise par la Ville de Montréal de mettre en place une stratégie globale de réduction du plastique sur son territoire. (LD)

Source : Charles d’Amboise, « Comment s’attaquer au fléau des bouteilles d’eau en plastique », ICI.Radio-Canada.ca, 5 décembre 2017.
Romain Schué, « Montréal ne distribuera plus de bouteilles d’eau en plastique dans ses locaux », ICI.Radio-Canada.ca, 29 mai 2018.

Des lectures stimulantes

Relations : 75 ans d’analyse sociale et engagée

Pour raconter les 75 ans d’analyse sociale et engagée de la revue Relations, Jean-Claude Ravet s’est entouré d’une équipe pour présenter une synthèse pour chacun des quatre grands blocs de plus ou moins vingt ans. Par la suite, comme toute bonne anthologie, nous savourons des morceaux choisis des uns ou des unes et des autres. Mon intérêt portait sur l’engagement féministe de la revue. Même si l’article de Suzanne Loiselle est dans le bloc 1980-1999, années d’effervescence par excellence du mouvement féministe, et années où Relations s’engage dans les luttes féministes, tout le corpus est analysé. S’ajoute également un article de 1983 par Ginette Boyer, une ex-membre de L’autre Parole et première femme à se joindre au comité de rédaction de Relations (1979-1986). Elle présente un compte rendu d’une journée de travail au Centre justice et foi sur les liens entre Le mouvement des femmes et les femmes dans l’Église. Cet intérêt de Relations pour les femmes croyantes (chrétiennes, musulmanes, juives) et leurs liens avec le féminisme ne date donc pas d’hier.

Suzanne Loiselle nous fait revivre en huit pages enlevantes l’histoire des femmes au Québec, nos luttes, nos défis, les critiques mêmes de quelques hommes qui ont suscité entre autres une lettre dont je vous laisse découvrir la teneur. Comme elle le rappelle, au moment de la création de la revue (1941), la manière d’aborder la question était de traiter des « problèmes féminins ». Dans les années 1940 et 1950, plusieurs articles aborderont le travail des femmes, le travail en temps de guerre, le salaire des institutrices, la lutte contre la prostitution, le statut juridique de la femme mariée, etc. Vous voyez défiler les rapports qui ont changé nos vies… la Commission Bird dont les travaux débutent en 1967 et le célèbre Pour les Québécoises. Égalité et Indépendance (1978), etc.

Relations, une revue de la Compagnie de Jésus, une communauté d’hommes, a laissé « la plume » aux femmes, aux féministes, et là, non seulement pour traiter des problèmes spécifiques des femmes, mais aussi pour penser et diriger la revue selon les époques. Chapeau et bonne continuation, car le mouvement « #moiaussi » et les Marches des femmes à travers le monde depuis janvier 2017, nous montrent que les féministes et leurs alliés ont encore un long chemin à parcourir pour atteindre l’égalité de fait… nous attendons vos analyses sur et pour la suite des choses. (MH)

La tresse

Voici un roman original : les histoires de trois femmes s’entremêlent en une tresse de cheveux. Une Intouchable indienne cherche à épargner à sa fille le destin qui lui est imposé ; une Italienne s’ingénie à sauver la petite entreprise paternelle au bord de la faillite ; une avocate montréalaise d’un grand cabinet lutte pour sa place et pour sa survie. Leur foi en leurs dieux, en l’amour et en la vie leur donnera l’énergie nécessaire pour combattre. Tout ceci raconté avec poésie par celle qui seule peut mesurer l’importance de leur participation à l’œuvre qu’elle-même est en train de créer. Un livre captivant, nous entraînant aux quatre coins du monde, trois femmes qui refusent l’avenir qui leur serait destiné si elles agissaient en victimes. À lire, absolument ! (CL)

Comlombani, Laeticia. La tresse, Paris, Grasset, 2017, 222 p.

Sexe, religion et féminisme au Maroc

Sexe, religion et féminisme au Maroc sont les sujets de Paroles d’honneur, une adaptation en roman graphique d’un essai intitulé Sexe et mensonges (Les Arènes). L’auteure, Leïla Slimani, une Franco-Marocaine, vit en France. Les dessins sont de Laetitia Coryn et la couleur de Sandra Desmazières.

Si le texte est souvent naïf, manichéen et truffé de nombreux clichés où les généralisations abondent, les dessins et les couleurs présentent un intérêt certain. La thèse de l’auteure est pourtant intéressante. Elle revendique que la libération des femmes passera par le droit à la sexualité pour tous et pour toutes.

Un des personnages de ce roman graphique rappelle que : « C’est nous, les arabes et les musulmans qui avons choqué l’Occident au XVe siècle par nos écrits érotiques. » La sexualité était source d’épanouissement (p. 49). « Aujourd’hui […] le sexe c’est l’autre, l’Occident décadent… » (p. 71). Ce serait un discours officiel de l’État religieux au Maroc ainsi que celui de bien des hommes. L’autre visage du Maroc, il serait le 5e consommateur mondial de pornographie sur Internet (p. 71).

Au Maroc, ajoute Slimani, les relations sexuelles hors mariage et les avortements sont punissables de prison, mais selon une association féministe, chaque jour quelque 600 avortements clandestins ont lieu dans des conditions atroces, sans compter les morts (p. 35 et 37) ! J’ajouterais qu’il n’en était pas autrement en Europe et en Amérique avant les changements dans les lois au siècle dernier. (MH)

Féminismes au Magreb

Si Slimani donne des images positives de Marocaines qui osent aborder le sexe et la religion, comme des intellectuelles qui revendiquent et leurs alliés, rien n’est dit du mouvement féministe autonome. Il y a un silence total sur le rôle des associations féministes autonomes, silence sur les pratiques multiples de résistances, silence sur le relâchement des liens entre les générations de féministes, silence sur ce qui expliquerait cela, soit la peur de voir se porter contre soi des accusations d’occidentalisation. Si le sujet vous intéresse, c’est plus ardu qu’un roman graphique, mais cela vaut le détour. Il faut lire : Nouvelles Questions Féministes — Féminismes au Maghreb. 2014/2 (vol. 33), numéro partiellement accessible en ligne.
(MH)

https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2014-2-page-4.htm

Fabuleuse Nelly

Nelly Arcan — J’avais lu le premier récit de cette auteure à sa sortie : Putain (2001), j’avais fermé le livre sur les suivants, car j’étais restée avec l’image de la fille qui veut régler ses comptes avec la mère… Dernièrement, j’ai décidé que j’irais voir plus loin. J’ai lu son deuxième récit : Folle (2004). Ce n’est pas une lecture facile. Il sera question de suicide, d’avortement, de cyberpornographie, de drogues, d’alcool, de l’impossibilité de la rencontre des hommes et des femmes. Arcan sait écrire, c’est l’une de nos grandes intellectuelles féministes. Elle nous montre les contradictions qui traversent nos sociétés, elle écrit avec ses tripes, avec brio. Donnez-vous un lieu d’échanges, c’est stimulant… Lectures complémentaires : Je veux une maison faite de sorties de secours — Réflexions sur la vie et l’œuvre de Nelly Arcan sous la direction de Claudia Larochelle chez VLB éditeur (2015) et Nelly Arcan — Trajectoires fulgurantes sous la direction d’Isabelle Boisclair (2017). (MH)

Les femmes sont dangereuses…

Publié en octobre 2017 aux Éditions Gründ, Les femmes qui s’engagent sont dangereuses de Catherine Valenti raconte l’histoire de l’engagement au féminin. « Souvent dans l’ombre, parfois au risque de leur vie, les femmes se sont opposées à l’ordre établi : par leurs écrits contestataires, leurs actes résistants, leurs combats politiques, leurs recherches révolutionnaires ou encore leurs productions artistiques, l’engagement au féminin est pluriel, et incroyablement méconnu ». Le livre présente le portrait de vingt-sept femmes remarquables regroupées dans cinq catégories : féministes et résistantes, femmes politiques, femmes de plume, pionnières et scientifiques, femmes artistes engagées.

Ce document est le dernier d’une belle série qui exploite le même thème : Les femmes qui lisent sont dangereuses (2006), Les femmes qui écrivent vivent dangereusement (2007), Les femmes qui aiment sont dangereuses (2009), Les femmes qui pensent sont dangereuses (2013). Un vrai plaisir à parcourir. (LD)

Les Brèves est une publication de la collective L’autre Parole.

Comité de rédaction : Louise Desmarais, Jo Ann Lévesque et Marie-Josée Riendeau

Rédactrices : Louise Desmarais, Monique Hamelin, Christine Lemaire, Marie-Josée Riendeau

Travail d’édition : Florence Lemaire

Révision linguistique : Louise Desmarais, Jo Ann Lévesque et Christine Lemaire

Infomestre : Christine Lemaire

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