Brèves, novembre 2017

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BRÈVES, Novembre 2017

La Collective est en deuil

Monique Dumais, cofondatrice de L’autre Parole nous a quittées en août dernier, laissant dans le deuil les membres de la Collective mais aussi les lectrices et lecteurs des Brèves dont elle était une précieuse et fidèle collaboratrice. Plusieurs membres de la Collective ont assisté à ses funérailles afin de témoigner de l’importance et de l’originalité de la contribution de cette prophétesse.

« Pour célébrer la femme qu’elle a été, Pour entendre des extraits de sa poésie, de ses analyses, de sa théologie axée sur le corps, Pour écouter la musique qu’elle aimait tant », près d’une cinquantaine de personnes se sont réunies le 2 novembre dernier à la Maison mère de la Congrégation Notre-Dame de Montréal. Des membres de L’autre Parole, de sa famille, des Ursulines, de Femmes et ministères, de l’Association des religieuses pour les droits des femmes et des femmes qui ont collaboré avec elle lui ont rendu un vibrant hommage. (L.D.)

Source : Marie-Andrée Roy, « Décès de Monique Dumais », http://www.lautreparole.org/

Louise Melançon, « Lettre-hommage à Monique Dumais », http://www.lautreparole.org/

Une bible pour femmes au XXIe siècle

Un projet d’ouvrage collectif qui réunit 20 théologiennes, universitaires et/ou formatrices, compétentes en regard des enjeux liés aux femmes, se propose d’écrire 10 chapitres d’une « Bible pour femmes au XXIe siècle ». À partir de thématiques qui furent douloureuses pour les femmes et les hommes dans le passé, ces auteures désirent relire, dans une perspective renouvelée, des textes bibliques sur les femmes. La forme se veut créative plutôt qu’académique en proposant une lecture actuelle et de nouveaux regards sur des textes bibliques présentant des thématiques concernant les femmes.

Ce projet, sous la direction d’Élisabeth Parmentier, de Pierrette Daviau et de Laurianne Savoy, assistante de recherche à l’Université de Genève, sera réalisé en collaboration avec les Éditions Labor et Fides et les Éditions Bayard, qui ont accepté de le publier.

Les auteures ont été inspirées par l’initiative d’Elizabeth Cady Stanton qui, en 1895, réunit un comité de 20 femmes qui connaissaient les langues bibliques, pour réécrire les passages de la Bible qui parlaient des femmes ! Les rédactrices du projet se posent la question suivante : « Que deviendrait une entreprise de réécriture de la Bible au XXIe siècle qui soit, comme celle d’Elisabeth Cady Stanton, affirmative et libératrice pour les femmes d’aujourd’hui ? »

Les 20 auteures actuelles proviennent de France, du Québec, d’Afrique et de Suisse. Elles désirent mettre à profit les découvertes des sciences bibliques et des sciences historiques, grâce aux questions critiques des féministes qui ont débusqué les erreurs de la tradition, les occultations, les traductions tendancieuses, les interprétations partiales qui conduisent, encore aujourd’hui, certaines Églises et un grand nombre de groupes sociaux, à perpétuer les stéréotypes concernant la « nature » et le rôle des femmes. (P.D.)

Une femme célèbre un mariage catholique en Abitibi-Témiscamingue

Le 23 mai 2017, la Congrégation du Culte divin et de la Discipline des sacrements de Rome a autorisé Pierrette Thiffault, Sœur de la Providence, à célébrer un mariage. Il s’agit d’une première pour l’Église catholique en Abitibi-Témiscamingue. Gilles Chauvain, vicaire général au diocèse de Rouyn-Noranda, signale le caractère exceptionnel de la situation. Ainsi, par exemple dans le cas de manque de prêtre, une personne laïque ou une religieuse peut être désignée comme témoin privilégié pour célébrer un mariage.

Sœur Pierrette Thiffault ressent une grande fierté pour les femmes. Pour elle : « C’est un grand service rendu à l’Église, mais rendu à moi aussi. C’est une ouverture pour les femmes dans notre milieu, mais dans le diocèse aussi ». (M-J.R)

Source : Radio-Canada, le 20 juillet 2017.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1046359/une-premiere-femme-celebre-un-mariage-religieux-en-abitibi-temiscamingue

Les féminismes islamiques

Dans les multiples débats qui ont cours présentement et qui notamment mettent en cause la possibilité d’être féministe et musulmane, il faut visionner cette vidéo de 16.35 minutes produite par Les Alter citoyens qui présente une réflexion sur les féminismes islamiques à travers les témoignages de féministes musulmanes qui racontent leurs luttes et stratégies. Très inspirant. (L.D.)

Source : https://paper.li/nnepton/1315933737?edition_id=782f6030-a363-11e7-aee2-0cc47a0d164b#/

Lien pour visionner la vidéo : https://vimeo.com/235826196

Écologie et spiritualité

Le 23 septembre 2017, à la Librairie Paulines de Montréal, avait lieu le lancement du livre Écologie spirituelle, le cri de la terre. Traduit de l’anglais par Marie-Andrée Michaud, ce livre est un recueil d’essais publié sous la direction de Llewellyn Vaughan-Lee (2e édition 2016) et dont le titre original est Spiritual Ecology : The Cry of the Earth.

Plus d’une vingtaine d’auteur.e.s présentent leurs réflexions sur l’écologie et son lien avec la spiritualité. Il se veut un cri du cœur en faveur de la Terre et de sa nature sacrée. Selon la traductrice : « C’est la sagesse du monde qui s’exprime dans ce livre ».

Lors du lancement, Marie-Andrée Michaud, auteure du livre Le feu sacré de la création (Fides, 2006), a déclaré être tombée en amour avec le livre dès qu’elle l’a eu entre les mains. Une voix intérieure lui commandait d’en faire la traduction, ce qu’elle fit.

Mais aucune maison d’édition n’acceptait de le publier sous prétexte qu’il parlait de spiritualité ! Qu’à cela ne tienne, elle contacte des communautés religieuses féminines pour obtenir de l’aide financière. Sept communautés répondent à l’appel. C’est ainsi que ce livre de spiritualité écologique a pu voir le jour et qu’il pourra, nous aider à avancer sur le chemin de « la sauvegarde de la maison commune » comme dirait un certain pape François… (C.T.)

Arabie Saoudite : petits pas historiques

En juillet 2017, le Ministère de l’Éducation saoudien a annoncé que désormais les filles pourront suivre des cours d’éducation physique à l’école ! Une avancée historique dans ce pays où la forme dominante de l’islam sunnite est le wahhabisme, courant très conservateur et rigoriste, qui prône une lecture littérale du Coran, et qui, par conséquent, impose de nombreuses restrictions aux femmes. En juillet 2015, les Saoudiennes ont obtenu les droits de se déplacer seule, y compris à l’étranger, sans tuteur (époux, père ou frère) et depuis décembre 2015, elles ont le droit de voter et de se porter candidates aux élections. Mais afin de respecter le principe de la non-mixité, les Saoudiennes élues doivent siéger dans une pièce séparée. Tandis que le Vatican demeure le seul état au monde où les femmes n’ont pas le droit de voter, l’Arabie saoudite est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture alors qu’elles sont près de 56,6 % à avoir fait des études supérieures. (L.D.)

Sources : Célia Papaix, « Arabie Saoudite : les adolescentes pourront enfin faire du sport à l’école » : http://www.terrafemina.com/archives/articles/2017/07/17/1.

Audrey Salles-Cook, « Les femmes saoudiennes vont enfin être autorisées à voter » : http://www.terrafemina.com/archives/articles/2015/08/24/1

Un village de femmes

« Une révolution féministe dans un monde dominé par les hommes. Une démocratie directe à l’ombre d’une dictature. Dans le nord de la Syrie, une grande expérience politique est en cours ». Il s’agit du village de Jinwar, au nord de la Syrie, qui s’apprête à devenir le premier village écologique, autosuffisant et, surtout, exclusivement réservé aux femmes « libres ». Situé à près de 200 km des territoires djihadistes, il veut exploiter le potentiel des femmes. La moitié des maisons accueillera les veuves des combattants de l’État islamique. Selon la chargée du projet, Rumet Heval : « Les femmes sont fortes et peuvent vivre par elles-mêmes ». (M-J.R)

Source : Isabelle Hachey, « L’Utopie née des cendres de la Syrie », La Presse, 7 octobre 2017.

http://plus.lapresse.ca/screens/d251638f-dc34-4414-942d-ada29a918414%7C_0.html

Les inégalités persistent

Selon le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui regroupe 35 pays, intitulé Atteindre l’égalité : le combat difficile, le salaire moyen des femmes reste inférieur de 15 % à celui des hommes, un écart quasi inchangé depuis 10 ans. En préambule de ce rapport, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, résume ainsi la situation : « Ces cinq dernières années, les pays ont très peu progressé. Les inégalités persistent dans tous les domaines de la vie sociale et économique et dans tous les pays, et la situation a souvent peu évolué ».

Ainsi, les inégalités persistent au niveau des études, de la capacité à obtenir un emploi rémunéré et au niveau des salaires. Les femmes sont sous-représentées aux fonctions de direction et dans la classe politique où elles occupent moins d’un tiers des sièges dans les Parlements. Les inégalités se creusent avec l’âge, qui sont souvent la conséquence de la maternité qui pénalisent encore lourdement les femmes.

Ces constats font la vie dure à celles et ceux qui croient l’égalité atteinte… de quoi leur faire perdre leurs lunettes roses ! (L.D.)

Sources : Anne Cheyvialle, « Toujours autant d’inégalités entre hommes et femmes », http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/10.

Éric Desrosiers, « Le prix des inégalités entre les hommes et les femmes », Le Devoir, 7-8 octobre 2017.

Pour le rapport complet de l’OCDE : http://www.oecd-ilibrary.org/fr/social-issues-migration-health/atteindre-l-egalite-femmes-hommes_9789264203426-fr

Les T-shirts féministes

Depuis quelque temps des femmes et des hommes n’hésitent pas à exprimer leurs idées en portant des T-shirts et des chandails avec des slogans féministes. À Paris, Maria Gracia Chiuri, première femme directrice artistique de la maison Christian Dior, a présenté le T-shirt « We Should All Be Feminists ». Ce slogan est le titre du livre d’une jeune féministe nigérienne, Chimamanda Ngozi Adichie. Selon Madelaine Goubau, chargée de cours à l’École supérieure de mode ESG UQAM : « De nouveaux modèles inspirants, comme Emma Watson, ont mis le féminisme au goût du jour et l’ont expliqué dans des termes plus modernes, ce qui a popularisé la cause, surtout auprès des jeunes ». (M-J.R.)

Source : Olivia Lévy, « Les T-shirts féministes ont la cote », La Presse, 15 septembre 2017

http://plus.lapresse.ca/screens/b05d3866-b5dd-46b1-af06-711b52cbeaa4%7C_0.html

Photo : Amazon.ca

Le sexisme est profondément ancré dans le cerveau

Pour trouver des marqueurs électros physiologiques communs, des chercheurs italiens de l’Université de Milan-Bicocca ont demandé à 15 volontaires de lire 240 affirmations respectant ou non des stéréotypes de genre – exemple masculin (« perdre sa pipe en sortant de la classe de danse classique ») et exemple féminin (« en changeant l’huile du moteur, elle s’est tachée »). L’utilisation de l’électroencéphalogramme (EEG) a permis de situer la région cérébrale du traitement de ces informations (le gyrus frontal moyen) et de démontrer que les stéréotypes de genre sont traités telles « des erreurs linguistiques ou de syntaxe, dont les règles sont enracinées depuis l’enfance ». (M-J.R

Source : Sciences et Avenir, le 4 septembre 2017.

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/le-sexisme-est-profondement-ancre-dans-le-cerveau_116015

Métier, femme de ménage

Karen Messing, cette spécialiste de la santé des femmes reconnue mondialement, a consacré sa vie à la santé des travailleurs et des travailleuses et à traquer « l’invisible qui fait mal ». Dans son plus récent ouvrage intitulé Les Souffrances invisibles. Pour une science du travail à l’écoute des gens (Éditions Ecosociété, 2016), la généticienne et ergonome raconte son immersion de plus d’une décennie dans le monde des balayeurs, des femmes de ménage, des éboueurs et autres ambassadeurs de la propreté. Alors que notre société a érigé la propreté au rang de vertu, ces postes figurent au plus bas de l’échelle professionnelle et « continuent d’être occupés par des groupes fragiles socialement, principalement les travailleurs immigrés et les femmes. L’objectif ? Inviter les employeurs et le public à revoir leurs préjugés à l’encontre des préposées au nettoyage en leur faisant découvrir la complexité de leurs tâches ».

À lire pour changer notre regard sur toutes ces « femmes de ménage », « préposées à l’entretien » que trop souvent nous refusons de voir, que nous maltraitons par notre indifférence. (L.D.)

Sources : http://ecosociete.org/livres/les-souffrances-invisibles. Amanda Castillo, « Le monde invisible et douloureux du nettoyage, un univers de femmes », information.tv5monde.com, 29 juin 2017.

L’Affaire Personne

Le 18 octobre dernier, pour souligner la Journée de l’affaire « personne », le Centre de recherche Sophia de l’Université Saint-Paul à Ottawa organisait une rencontre sur le thème « Les droits et la reconnaissance : Cultiver la dignité humaine, avancement du changement social ? ».

La Journée de l’affaire « personne », commémore la décision historique du Comité judiciaire du Conseil privé de Londres, en 1929, qui a accordé la personnalité juridique aux femmes au Canada. Aujourd’hui, nous continuons à nous interroger sur différents aspects de cette décision : la dignité et les droits des femmes ainsi que des communautés qui ne sont pas toujours reconnues dans notre société. Or, comment pouvons-nous travailler à transformer ces circonstances de marginalisation ?

De courtes présentations de chercheur.re.s et d’étudiant.te.s de l’Université Saint-Paul ont alimenté la présentation. Un aspect important de l’événement est la participation de toutes les personnes présentes à une discussion sur les actions concrètes à prendre dans nos contextes locaux et nationaux pour promouvoir la dignité humaine, particulièrement celle des femmes. (P.D.)

L’historienne québécoise Micheline Dumont recevait le 19 octobre dernier le Prix du gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne ». Depuis 1979, ce prix souligne annuellement la contribution de cinq Canadiennes pour favoriser l’égalité des sexes. Cette année, outre Mme Dumont, les récipiendaires sont Betsy Bury (Saskatoon), Ramona Lumpkin (Halifax), Elizabeth Sheehy (Ottawa), Linda Slanina (Kitimat).

Source : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1060756/egalite-sexes-historienne-sherbrooke-micheline-dumont-universite-sherbrooke-professeure-prix-du-gouverneur-general

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/medium-large/segments/entrevue/43550/micheline-dumont-historienne-affaire-personne

L’Écoféminisme, une urgence

Pour continuer la réflexion amorcée en août 2017 lors du colloque de L’autre Parole, sur le thème « Écoféminisme et Écospiritualité », les Éditions du remue-ménage viennent de publier un nouvel ouvrage collectif intitulé Faire partie du monde. Réflexions écoféministes. Les auteures de ce recueil réfléchissent « à la décentralisation du pouvoir, à la décolonisation, aux droits des animaux, à la crise de la reproduction, aux grands projets d’exploitation des ressources, au retour à la terre, à la financiarisation du vivant, à la justice entre générations ».

Établissant des similitudes entre le fonctionnement du patriarcat et l’exploitation de la nature, ces auteures, engagées pour freiner la destruction du monde, pensent que nous n’y arriverons pas « sans rompre radicalement avec l’idéologie de domination ». (L.D.)

Source : http://www.editions-rm.ca/livres/faire-partie-du-monde/

La Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada : un tournant

Le 3 février 1967, cédant aux pressions exercées par une trentaine de groupes de femmes qui réclamaient depuis plusieurs années la mise sur pied d’une enquête nationale sur les inégalités vécues par les Canadiennes, le gouvernement libéral de Lester B. Pearson créait la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada (Commission Bird).

Les audiences sont télédiffusées et se déroulent dans des lieux fréquentés habituellement par les femmes, tels des bibliothèques et des centres commerciaux. La Commission Bird suscite un engouement général à travers le pays. À preuve : elle recevra plus de 900 témoignages, 1 000 lettres et 468 mémoires. Rendu public en décembre 1970, le rapport de la Commission Bird « comprend plus de 160 recommandations, dont plusieurs visent à mettre fin aux inégalités salariales, d’avancement et de promotion entre les hommes et les femmes, tant dans le secteur public que le secteur privé ». La Commission Bird constitue un tournant et fait de la condition des femmes au Canada un enjeu public. Il conduira en 1973 à la création du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme et au Québec, au Conseil du statut de la femme qui, en 1978 remet au gouvernement son rapport Pour les Québécoises : égalité et indépendance.

50 ans plus tard, force est de constater que de nombreux progrès ont été accomplis, mais aussi qu’il reste beaucoup à faire. (L.D.)

Source : Camille Robert, « La commission Bird, un tournant pour la condition des femmes au Canada »,

Le Devoir, 21-22 octobre 2017. http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/510961/il-y-a-50-ans-la-commission-bird-un-tournant-pour-la-condition-des-femmes-au-canada

Photo : http://larevolutiontranquille.ca/fr/la-commission-bird.php

Comité de rédaction : Louise Desmarais, Jo Ann Lévesque et Marie-Josée Riendeau

Rédactrices : Pierrette Daviau, Louise Desmarais, Marie-Josée Riendeau et Carmina Tremblay

Travail d’édition : Florence Lemaire

Révision linguistique : Louise Desmarais, Jo Ann Lévesque et Christine Lemaire

Infomestre : Christine Lemaire