DOSSIER AVORTEMENT :

DOSSIER AVORTEMENT :

A LA. MESURE DE NOTRE ESPERANCE

par Ginette Boyer

« Il n’est, en matière d’avortement, que deux positions simples : le TOUT ou le RIEN.

Entre ces deux extrêmes commencent les difficultés, et pour ceux oui cherchent une solution plusnuancée à ce qui leur apparaît comme un conflitmajeur de valeurs et d’intérêts, un long et crueldilemme.

 

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Mais le dilemme ne se pose pas qu’en termes éthiques. Il se pose aussi et peut-être davantage encore, en termes STRATEGIQUES. Face à un problème évident, mais infiniment ambigu et complexe, quelle est la solution la plus apte atteindre ce que l’on peut considérer comme des objectifs souhaitables pour tous : la promotion d’une parenté-responsable, la réduction du nombre global d’avortements et une véritable libération de la femme ? »1

Le groupe (no 1) de Montréal de L•autre Parole, lorsqu’il s’est trouvé en face du texte de l’Assemblée des évêques du Québec (AEQ), un appel à la vie » s’est posé un certain nombre de questions de cet ordre. Notre décision : nous joindre à d’autres groupes de femmes pour faire connaître notre désaccord avec la perspective d « ‘un appel à la vie » et réaffirmer notre solidarité avec les femmes aux prises avec une grossesse non désirée.

Il nous a semblé essentiel de bien distinguer le problème stratégique et politique, du débat éthique. En effet, que les évêques refusent de reconnaître qu’il y a conflit de droits et que la notion de « droit à la vie » n’épuise pas la recherche, n’est qu’un aspect de la discussion qui dépasse déjà, d’ailleurs, les cadres de la réflexion chrétienne (voir l’éditorial du dernier numéro de la revue féministe La vie en rose). Que des femmes divergeant ne serait-ce que sensiblement de la ligne de pensée officielle n’aient eu aucune part dans la préparation de ce document n’est (hélas !) pas très neuf non plus. Mais, dans la conjoncture actuelle, que les évêques fournissent de si beaux arguments à la droite dans la société et dans l’Eglise, voilà qui débordait largement le cadre des « chicanes » ecclésiales. A l’occasion de la censure de la pi ce de théâtre Les Fées ont soif, déjà, nous avions été partie prenante du mouvement des femmes. Cette fois encore, nous ne pouvons que nous réjouir de cette expérience.

Transformer l’Eglise afin de mettre fin à la discrimination qui s’exerce â l’endroit des femmes, en particulier, est une entreprise immense, ••• à la mesure de notre espérance.

1. N.T. Meulders, « l’avortement en question », Déviance et société, Genèvre, 1977 vol. 1 no 3 p. 309