ÉCRIRE SUR L’ENVIE

ÉCRIRE SUR L’ENVIE

Carmina Tremblay, Phoebe

Quelle drôle d’idée d’avoir accepté d’écrire sur l’envie… J’avais une petite idée sur le sujet, mais l’exprimer dans un texte qui a « de l’allure », c’est une autre histoire… J’aurais dû y penser avant… Bref, ayant pris l’engagement de le faire, je m’exécute et… advienne que pourra.

« L’envie » me fait penser à la grenouille de la fable qui veut se faire aussi grosse que le bœuf : « Envieuse, elle s’étend, et s’enfle, et se travaille. (…) Elle s’enfla si bien qu’elle creva ».

Le Petit Larousse, au mot envie, nous parle d’un sentiment de convoitise :

Convoitise : désir immodéré de possession ; avidité, cupidité.

Avidité : désir ardent et immodéré de quelque chose.

Cupidité : désir immodéré de richesse.

Dans notre « beau monde » CAPITAL-iste, l’envie est sûrement le péché CAPITAL  qui porte le mieux ce qualificatif…Car, l’envie de devenir toujours plus gros, plus grand, plus fort, d’aller toujours plus haut, plus loin, plus vite, de posséder toujours plus qui caractérise si bien notre « beau monde » CAPITAL-iste a sûrement à voir avec ce « péché capital »…

L’envie du « toujours plus », risque fort de nous faire subir le même sort  que la grenouille de la fable qui « s’enfla si bien, qu’elle creva ».

À force d’envie, le CAPITAL-isme risque fort de « crever » de sa belle mort… À force de « toujours vouloir plus » il est en train de détruire la planète entière pour « remplir ses poches de CAPITAL » qui bientôt n’en pourront plus d’être pleines… et « crèveront » comme la grenouille de la fable….

Le malheur, c’est qu’il n’y a pas que « les capitalistes et leurs poches pleines de capital » qui sont en train de crever : il y a aussi toutes celles et tous ceux qui sont en train de crever à force de dénuement, à force de ne rien avoir dans leurs poches…

Mais, heureusement, l’envie c’est aussi ce stimulant qui nous fait vivre : c’est ce « désir d’avoir quelque chose et de faire quelque chose pour satisfaire ses besoins organiques ».

Cette même envie qui  entraîne certaines personnes à posséder plus que ce qu’elles ont besoin pour vivre, en oblige d’autres à faire quelque chose pour se garder en vie et simplement vivre. Ces personnes ont « envie d’un monde meilleur » et elles s’organisent pour « d’abord vivre » et ensuite, et en même temps, pour le transformer… Malheureusement, la route est longue sur le chemin de la transformation : souhaitons que le monde ne crève pas avant qu’il ne soit transformé…

Les passions qui suscitent plus d’hostilité, « ce sont les passions suscitées par la comparaison de soi avec les autres. Elles vont de l’envie et du ressentiment jusqu’à la volonté aveugle de détruire. » Monique Canto-Sperber, La morale du monde,  Paris, PUF, 2010, p. 11.

Il y a l’envie qui tue… et l’envie qui fait vivre …

Il y a l’envie de posséder…et l’envie de partager…

L’envie de dominer…et l’envie d’égalité…d’équité…de solidarité…

L’envie qui rend triste et malade…et l’envie qui nous rend heureuse…

L’envie de vivre « sa » vie…et l’envie de changer le  monde…

L’envie d’être seule… et l’envie d’être avec les ami-es…

L’envie de pleurer…et l’envie de rire…

Et enfin,

Il y a l’envie d’aimer, d’être aimée et de faire l’amour…

Pour changer ce monde.