FEMMES EN ÉGLISE N.D.N

FEMMES EN ÉGLISE N.D.N.1 

Thérèse Robitaille – Montréal

Historique

Tout commença à la mi-février 1987 devant le petit écran. Reportage sur la crise qui secoue l’église anglicane d’Angleterre, provoquée par la lutte des femmes pour leur accès au sacerdoce. Projection de l’image d’une des pionnières de ce mouvement. Le déclic se fait : « En Angleterre cette femme a fait cela. Nous, à Côte-des-Neiges, que faisons-nous pour la femme et pour l’Église ? » Question qui devait me hanter pendant deux semaines. La conclusion suivante s’imposa ; il me faut former un groupe paroissial de femmes à Notre-Dame-des-Neiges. Mon manque de formation dans le domaine ne fait pas obstacle ; il existe des personnes ressources. Informé du projet, notre curé, Gilles Lussier, l’accueille avec enthousiasme et l’appuie ouvertement. Le 22 mars avait lieu la première rencontre du groupe Femmes en Église N.D.N.

Objectif 

La discrimination subie par la femme à l’intérieur de l’Église m’était toujours apparue comme très néfaste, non seulement pour la femme mais également pour l’Eglise et l’humanité. La raison primordiale de l’existence du groupe sera donc la lutte pour que la femme soit reconnue dans toute sa dignité de baptisée et qu’une place conforme à cette réalité lui soit accordée au sein de l’Église de Jésus- Christ.

Membres

Pour que le groupe soit représentatif de la paroisse, nous avons recruté dix membres de toutes générations et tous états de vie. De ce groupe, cinq quitteront pendant ou après la première étape. À l’automne, sept autres femmes, dont six néo-québécoises, se joindront à nous. À cette étape, nous accepterons les conjoints des membres à nos réunions tout en conservant aux femmes la prise de décision. Nous attendons toujours la présence de ces messieurs. Nos personnes ressources furent Gisèle Turcot à la phase initiale, puis Aïda Tambourgi, théologienne, à la deuxième étape. Nous entreprendrons l’étape suivante sans personne ressource. Notre-Dame-des-Neiges, paroisse du diocèse de Montréal

Travail

Première étape : mars 1987-septembre 1987

Rédaction et présentation d’un mémoire aux audiences publiques présynodales : L’Eglise doit se réconcilier avec les femmes. Bien reçu aux audiences, le mémoire l’est également par la revue L’Église canadienne qui le publie en septembre 1987.

Pour faire suite à la demande de Mgr Jean-Guy Hamelin à notre groupe, lors des audiences publiques, de développer notre pensée sur les jeunes, une jeune se charge d’un projet ad hoc. A son domicile, des rencontres informelles de réflexion sur l’Église se multiplient pour garçons et filles, ces mêmes jeunes rédigent des textes, les élèves d’une école secondaire répondent à un questionnaire. Le 10 septembre, le tout est présenté dans un document intitulé Les jeunes et l’Église. Un extrait en sera publié à l’automne 88 dans la revue Nouveau Dialogue.

Pour sensibiliser et informer notre communauté chrétienne, le groupe offre, fin septembre 87, un panel sur le synode. Le mémoire et le document des jeunes y sont présentés de même qu’un exposé sur l’histoire du synode et du mouvement féministe.

Deuxième étape : octobre 87-juin 88

Le groupe demeure orienté vers l’action. Quatre activités sont choisies. Pour la réalisation de ces projets, quatre petits comités se forment. Les travaux seront soumis à une réunion plénière avant leur exécution finale.

– Rédaction d’un document intitulé Réflexion et Recommandations traitant du choix du successeur de Mgr Grégoire, présenté aux autorités concernées.

– Soirée d’animation offerte à la communauté. Thème : L’Église, les femmes et la sexualité.

– Soirée d’animation partagée avec la communauté. On y réfléchit sur le synode, sur le contenu et l’impact de la prochaine rencontre organisée par le comité du laïcat de l’A.É.Q. Cette rencontre, destinée aux groupes et aux personnes ayant présenté des mémoires aux audiences publiques, a pour but de donner chez nous des suites au Synode.

– Spectacle mariai créé et interprété par une jeune du groupe. Les offrandes sont destinées aux femmes financièrement démunies du quartier.

Dans la perspective de la réconciliation, thème de notre mémoire présynodal, une lettre de pression est envoyée aux autorités en place pour que l’Église locale fasse amende honorable à la femme. Pour mieux comprendre cette démarche, on doit se rappeler qu’aux audiences publiques, Mgr Hamelin nous avait mentionné que ce qui ne pourrait être réalisé à Rome, lors du synode, pourrait peut-être se faire localement.

Pour élargir notre engagement chrétien, favoriser notre intégration à la paroisse et augmenter notre visibilité, nous avons joint les gestes suivants aux activités déjà énumérées.

– Appel à la communauté pour la signature d’une pétition contre la taxation des produits alimentaires, pétition destinée à la Chambre des communes. On y recueille 341 signatures.

– À notre demande, la paroisse et les sept autres communautés chrétiennes du Conseil des Églises Côte-des-Neiges, dans un geste de solidarité avec l’Association des employées domestiques, signent une pétition destinée à l’Assemblée législative du Québec demandant que la loi 126 protège ces travailleuses souvent surexploitées. Autres gestes : lavement des pieds de deux de ces employées le Jeudi-Saint, recrutement de bénévoles, envoi officiel en mission de deux membres de notre groupe pour remettre la pétition (444 signatures) à l’Association.

– Nous suggérons que l’homélie du dimanche de la Ste-Famille soit faite par un couple chrétien. Le couple choisi n’étant pas disponible, c’est partie remise.

– Sondage effectué auprès des institutions et regroupements communautaires locaux, afin d’explorer les difficultés vécues par les femmes du quartier, en vue d’une action éventuelle.

Rencontres

Première étape :

La rédaction du mémoire nécessita cinq rencontres plénières.

La recherche sur les jeunes s’est faite en étroite collaboration avec la responsable mais sans rencontres formelles.

Deuxième étape :

Cette étape nécessita quatre plénières plus les réunions des quatre comités.

Avenir

Nous avons senti le besoin de consacrer plus de temps à la réflexion ; cela nous permettra également de mieux nous connaître. Cette réflexion se fera à partir de textes distribués au préalable.

Nous continuerons les pressions pour que se fasse localement l’amende honorable ci-haut mentionnée.

Nous avons réfléchi sur la possibilité d’offrir des soirées d’information à la paroisse à partir de dossiers chauds de l’heure. Nous espérons ainsi rejoindre un plus grand nombre de personnes.

En effet, à quelques reprises, nous avions déploré le faible taux de participation à nos activités.

Ce sont là quelques idées surgies à la fin de l’année, qui demeurent à réévaluer et à compléter à l’automne.

Rêve

Voir surgir de nombreux regroupements paroissiaux de Femmes en Église à Montréal et ailleurs. De tels groupes apporteraient au mouvement féministe chrétien la richesse de leur couleur locale et sensibiliseraient la base. Or l’histoire démontre qu’une base sensibilisée est un levain puissant pour une cause. Ce serait sûrement un bon coup de pouce pour la cause de la femme et par le fait même pour la cause de l’Église et de l’humanité, trois causes qui demeurent indissociables.