J’AI SUIVI LE CHEMIN DE MA FOI, LE CHEMIN DE MON COEUR…

J’AI SUIVI LE CHEMIN DE MA FOI, LE CHEMIN DE MON COEUR…

Bonjour, je m’appelle Martine Rosa, j’ai vingt-deux ans et je suis étudiante au Baccalauréat en théologie, orientation études bibliques. Je suis également animatrice de pastorale au primaire et responsable du comité de l’A.C.L.E. (Association des Comités Liturgiques Engagées) de ma paroisse. L’A.C.L.E. est un mouvement pour adolescents et adolescentes qui veulent partager leur foi et leur cheminement de vie.

La première question que je pourrais me poser est « suis-je féministe ? » Mais je garderai cette question pour la fin. J’aimerais plutôt vous parler des deux femmes qui ont eu, et ont encore, une grande influence dans ma vie : ma mère et ma grand-mère. La première est celle qui m’a mise au monde dans tous les sens du terme. Elle m’a donné la vie, m’a inculqué tout un système de valeurs, bref, elle m’a offert une bonne éducation. Elle m’a appris l’indépendance, l’importance de faire des efforts pour atteindre mes buts, elle m’a appris à être une battante. En somme, elle m’a appris à être une femme indépendante, libre et bien dans sa peau. Elle n’a pas eu besoin de me définir tout cela, elle n’a eu qu’à me montrer l’exemple. Bien sûr, à la période critique qu’est l’adolescence, nous nous sommes souvent confrontées et ça arrive encore à l’occasion d’ailleurs… Sans doute est-ce parce qu’elle me renvoie mon image comme un miroir dans lequel on se mire le matin. Ou est-ce qu’à travers moi, elle se voit ? C’est sûrement les deux, puisque, comme le dit si bien l’expression, je suis la digne fille de ma mère ! Et c’est ma fierté. Avec les années, elle est devenue ma confidente, ma conseillère, ma meilleure amie. C’est celle qui est et sera toujours là pour moi, quoi que je fasse.

L’autre femme qui a marqué et marque encore ma vie, c’est ma grand-mère maternelle, cette grande dame que j’admire. Nous avons toujours eu beaucoup d’affinités elle et moi. Je l’admire pour ce qu’elle a réussi à faire de sa vie et parce que pour moi, elle est un grand modèle de foi. Elle a sept enfants, sept petits-enfants et sept arrière-petits-enfants. Sept, n’est-ce pas le chiffre de la plénitude ? Sa famille, c’est sa plus grande fierté. Toute sa vie, elle a eu une foi admirable en Dieu et a porté une grande dévotion à Marie. Elle a vécu les valeurs évangéliques tout au long de sa vie, se dévouant pour les autres, faisant du bénévolat, étant à l’écoute de son prochain. Bien sûr, elle a la foi de son temps et la vit selon ce qu’elle a appris. Mon chemin de foi n’est pas le même que le sien, mais j’affirme néanmoins que notre façon de vivre notre foi est la même, c’est-à-dire que nous sommes fidèles, authentiques et entières dans ce que nous vivons. Si aujourd’hui je suis en théologie, c’est un peu grâce à elle. Et grâce à une autre femme aussi, je m’en voudrais de l’oublier…

Je vais donc parler de cette femme qui a été là à un moment de ma vie où je n’étais pas certaine du chemin à suivre. C’était il y a deux ans, au moment où je devais donner une réponse à l’université sur mon choix de programmes. Devais-je suivre le chemin de mon coeur, le chemin de ma foi, celui qui m’apparaissait le plus précaire ? J’hésitais vraiment, jusqu’au jour où j’ai réalisé combien Margot était heureuse dans ce qu’elle faisait. Ça faisait quatre ans que je la connaissais, deux ans que nous avions des liens plus proches, des liens d’amitié, mais je n’avais pas vraiment réalisé à quel point elle était bien dans ce qu’elle vivait. C’est à la regarder vivre que mes craintes se sont envolées, que j’ai suivi le chemin de ma foi, le chemin de mon coeur et que j’ai vécu l’authenticité, valeur que ma mère et ma grand-mère m’ont léguée en héritage.

Je suis donc devenue une femme dans l’Église. Cette Église avec un grand E, c’est la communauté, c’est l’engagement, c’est la vie de foi que le Christ nous invite à vivre. Pour moi, l’institution est une classe à part, ce n’est pas l’Église dans le monde. Ce qui se passe en haut de la pyramide reflète rarement ce qui se vit en bas. Moi je fais partie du bas, je suis dans le monde et avec le monde. C’est pour cela que j’ai choisi la théologie. Je veux aller chercher les gens dans ce qu’ils ont de plus profond. Pour moi, la foi se passe à un double niveau : au niveau intérieur puisqu’elle est personnelle à chacun, mais pour se réaliser pleinement, la foi doit avoir un rayonnement extérieur. Ce rayonnement extérieur, je le vis en ayant une foi engagée.

Ceci étant dit, je crois qu’il serait temps de répondre à la question que je me suis posée au départ de cette réflexion. « Suis-je féministe ? » Tout dépend je crois de ce que l’on entend par ce mot. Si être féministe, c’est être enragée contre les hommes, contre le pouvoir et contre les « machos en puissance », comme le veut le stéréotype, alors là, ma réponse est immédiate et c’est non, je ne le suis pas. Si être féministe c’est préconiser l’extension du rôle et des droits de la femme dans la société, je dirais peut-être, mais je poserais la question, de quelle façon ?

Pour moi, féminisme va de pair avec féminité et accepter sa condition de femme. Je suis une femme de mon temps, très indépendante qui a conscience de vivre dans une société où la condition des femmes n’est pas toujours la même que celle des hommes. Je suis aussi consciente de tout le côté maternel qui est rattaché à la femme, non seulement j’en suis consciente mais je trouve que c’est une chance que nous avons. Nous sommes souvent plus sensibles, plus proches de nos sentiments et par la même occasion, nous sommes plus près des gens qui nous entourent. Notre sensibilité est un atout puisque c’est aussi notre force. Dans le domaine de la pastorale et de la vie en communauté, c’est un élément essentiel, quoi qu’en disent ces messieurs du haut de leur pyramide. Et je ne dis pas cela parce que je veux me battre pour que les femmes puissent être un jour ordonnées. Je dis cela simplement parce que je considère que ma place, en tant que femme, est aussi importante que celle d’un homme, tant dans l’Église que dans la société. C’est pour cette dernière raison que je dis que oui, je suis féministe.