LA FÊTE DE PÂQUES – RÉFLEXIONS

REVISITONS NOËL EN TANT QUE FÉMINISTES CHRÉTIENNES

Marie Gratton

INTRODUCTION

Avec un regard de féministes chrétiennes sur le temps, notre groupe a choisi de réfléchir à la question : Parlez-nous d’une fête ou d’un temps de l’année que vous appréciez particulièrement et qui devrait selon vous être remis à l’honneur pour sa force symbolique et rituelle.

Nous allons commencer avec un chant célébrant la fête choisie, soit celle de Pâques. Nous le reprendrons à différents moments de notre présentation.

Chant : Allé, Allé, Alléluia venez chanter le Seigneur qui nous aime
Allé, Allé, Alléluia, d’un seul rythme tous en cœur.

Première partie : La fête de Pâques

Nous, membres de l’équipe Déborah, avons choisi de remettre à l’honneur la fête de Pâques — la plus ancienne fête chrétienne signifiant « passage ». Dans la religion juive, le mot « passage » rappelle la fête juive du passage à la liberté par le peuple d’Israël après son esclavage en Égypte.

De son côté, la fête chrétienne de Pâques souligne le passage de la mort à la vie et s’inscrit dans le cadre de la Pâque juive où Jésus, de culture juive, a vécu son dernier repas avec ses disciples lors de la Cène. À remarquer que la fête juive de Pâque s’écrit au singulier et que la fête chrétienne s’écrit au pluriel.

Pourquoi avons-nous choisi Pâques ?

La fête de Pâques est liée à l’idée d’une libération et d’un nouveau début. L’espérance de Pâques rend possible la libération des femmes. Une vie nouvelle devient possible pour elles.

Cette fête nous interpelle par son sens fondamental et mobilisateur. La toile reproduite à la page suivante représente une vision assez unique de la résurrection.

En tant que féministes chrétiennes, pourquoi remettre la fête de Pâques à l’honneur ?

La résurrection de Jésus est une source de la libération pour les femmes. L’espérance de la fête de la résurrection favorise dès l’époque de Jésus, une libération révolutionnaire des femmes. Après avoir été traitées comme des mineures et des menteuses sans statut juridique en étant soit « l’épouse de », « la fille de »… les femmes juives sont traitées par Jésus avec dignité. Un monde nouveau se dessine.

Depuis ce temps et à travers les siècles, des femmes se redressent, suivent Jésus et deviennent ses témoins. L’avènement de Jésus mort-ressuscité, central dans le christianisme, est devenu une pierre d’appui chez les femmes libérées qui se lèvent, dans le sens grec du mot « ressusciter ». À la suite de Jésus, elles trouvent la force de se mettre debout et en marche pour témoigner d’une vie nouvelle et épanouissante enfin possible pour toute personne. Trouver la force de se mettre en marche signifie aussi vivre les Béatitudes dans les mots du théologien Chouraqui, dont la langue maternelle est hébraïque. Vivre les Béatitudes, être debout et en marche, c’est aussi travailler au bonheur des femmes et de la société… à notre manière !

Pour nous femmes de Déborah, la fête de Pâques revêt plusieurs éléments interpellants. C’est un moment incontournable de prise de conscience et d’invitation à agir avec audace dans un esprit de résurrection. Retrouver Pâques, c’est retrouver notre force pour continuer à faire jaillir, de plus belle, cette vie nouvelle.

C’est une montée d’espérance que nous voulons partager par nos paroles et par nos gestes. Le message d’amour et de sagesse de Jésus vivant devient le moteur-clé de nos vies pour établir des nouveaux rapports avec les autres, nous-mêmes et avec Dieu.

Toujours vivant, Jésus nous invite encore à nous redresser et à vivre en femmes debout. Avec lui et ensemble, nous sommes des femmes capables de devenir, selon nos talents, agentes de transformation dans nos milieux et notre monde.

Reprenons en chœur le chant du début :

Allé, Allé, Alléluia, venez chanter le Seigneur qui nous aime.
Allé, Allé, Alléluia tous ensemble dans un seul choeur.

Chantons le jour, le jour de Pâques,
chantons le jour du Seigneur qui nous aime,
Allé, Allé, Alléluia tous ensemble dans un seul chœur.

Deuxième partie : Les symboles

On vous présente maintenant quelques symboles et rituels de la fête de Pâques qui sont encore présents aujourd’hui à travers le monde.

Dans un esprit de participation interactive, nous avons pensé vous lancer d’abord la question suivante : Quels sont pour vous des symboles de Pâques ?

Après diverses réponses des participantes, nous avons repris les éléments suivants avec l’explication du sens de chacun.

Le printemps : regain d’énergie. C’est la vie plus forte que la mort. Associé à la fête religieuse de Pâques, le printemps, c’est le temps d’un renouvellement de notre amour, de notre foi et de notre espérance.

La lumière : Pâques est une fête de lumière. On la retrouve à un moment de l’année où les jours rallongent, où l’on fait place à la lumière. La fête lumineuse de Pâques nous apporte en même temps, de nouvelles lumières, une façon de comprendre la vie autrement. Cette lumière vive nous permet de mieux voir, de voir au-delà de ce que nos yeux physiques peuvent percevoir.

Les anges dont on parle dans l’évangile au matin de Pâques sont représentés par leur blancheur. Le blanc rassemble toutes les couleurs. Pâques est une fête de vie et de couleurs.

Les fleurs : Au Québec, on peut parler du lys de Pâques à cause de sa blancheur. En France, on parle plutôt de pâquerettes, petites marguerites blanches qui poussent à ce moment de l’année. Chez nous, la pâquerette arrive un mois après Pâques.

L’œuf : L’œuf de Pâques est un symbole de vie, de germination. Chez la femme, l’œuf c’est une expression de sa fécondité. La femme peut créer la vie de façon biologique, et de tant d’autres façons – manuelle, artistique, intellectuelle… Elle peut donner la vie par sa créativité de tous les jours.

Oui, la femme peut donner naissance à un enfant biologiquement. Elle peut aussi donner naissance de façon élargie par toutes les façons de faire grandir la vie autour d’elle. On n’a qu’à penser à nos enseignantes, à des écrivaines qui nous inspirent, à des militantes pour la justice qui entraînent notre élan dans le même sens.

Ainsi, la femme peut créer, être féconde à travers toutes ses œuvres, par exemple, en peignant des toiles, par ses travaux manuels comme le tissage d’un couvre-lit, par ses travaux intellectuels, ses recherches, son écriture. Les exemples sont trop nombreux pour épuiser le sujet.

Le poussin : Après avoir parlé du symbole de l’œuf associé à la fécondité, on peut aussi parler du poussin qui, avec l’éclosion de l’œuf, symbolise la nouvelle vie.

Le lapin : Nous avons toutes entendu parler de la fécondité d’un lapin. On l’associe donc à Pâques pour dire que le lapin de Pâques apporte des œufs de Pâques en pays germanique et anglo-saxon et maintenant dans certaines régions de la France.

Le chocolat : La tradition d’offrir à Pâques des œufs en chocolat au lieu d’œufs de poule décorés remonte à l’année 1800 en Allemagne. Cette pratique a remporté un tel succès qu’elle s’est répandue dans plusieurs pays. On retrouve aujourd’hui le chocolat de Pâques sous différentes formes pour représenter les différents symboles de Pâques. C’est une excellente occasion de se gâter. Et c’est pourquoi nous avons terminé cette section sur les symboles en distribuant des œufs de Pâques en chocolat.

Troisième partie : Les rites et les rituels de Pâques

De nombreux rituels sont associés à la fête de Pâques.

Les participantes sont alors invitées à prendre la parole et à s’exprimer sur la question.

Les rituels que nous souhaitons privilégier en lien avec les femmes sont :

La célébration pascale : C’est une célébration festive qui se manifeste par des rencontres de groupes, des groupes de croyants, de communautés de base, des rencontres en famille et entre amis. On fait place à la gratitude pour célébrer la vie, la vie qui nous est donnée, la vie de toutes ces personnes que l’on aime. On dit merci à la Vie. On se dit merci les uns les autres. La fête de Pâques nous offre l’occasion de nous recentrer au cœur de notre foi en la vie.

En ce sens, la célébration pascale, c’est aussi tous les rassemblements de notre collective que ce soit en équipe ou en grand groupe, peu importe le temps de l’année. C’est l’occasion de remettre l’espérance au cœur de nos vies.

L’échange de vœux, appels téléphoniques, cartes ou courriels : Pour les personnes qui ne peuvent se retrouver au cœur du rassemblement ou qui souhaitent le prolonger, il y a le rituel d’échanges de vœux par des cartes ou des courriels ou encore par des appels téléphoniques.

Rite ancien

On termine la section des rites en actualisant un rite très ancien, encore pratiqué au centre de l’Italie sur le pas de la porte de l’église St-Philippe à Sulmona avec la participation de trois acteurs — les deux disciples Pierre et Jean et Marie, la mère de Jésus.

Pièce de théâtre

Pierre et Jean frappent à la porte de l’église trois fois et attendent qu’on leur ouvre.

C’est seulement la troisième fois que Marie vient ouvrir et s’avance.

Elle porte une longue cape noire.

Pierre et Jean veulent prendre la parole en même temps pour parler à Marie.

Marie : Que veux-tu dire Jean ?

Jean excité : Jésus n’est plus à son tombeau. Il est ressuscité comme il l’avait dit !

Marie : Quoi, qu’est-ce que tu dis Jean ? Jésus est vivant !

Elle laisse tomber sa cape de deuil, ce qui laisse apparaître une belle robe verte (symbole d’espérance). Elle regarde l’horizon à droite et à gauche et se met soudain à courir les bras levés en disant :

« Mon fils Jésus est vivant ! »

Fin de la pièce

Ce rituel vient symboliser l’espérance de la femme qui, à Pâques, laisse tomber ses peines, soucis, tâches lourdes. Elle peut se révéler telle qu’elle est. Elle est un sujet pour elle-même et pour les autres, capable d’action. Il y a de l’espérance. Nous sommes là pour en témoigner.

CONCLUSION

Notre élan, notre action, notre engagement peuvent s’inspirer de la méditation suivante que nous allons réciter ensemble.

Distribution de la prière

Méditation

Christ n’a pas de mains, il n’a que nos mains
pour faire son travail aujourd’hui.
Il n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds,
pour conduire les hommes et les femmes sur son chemin.
Christ n’a pas de lèvres, il n’a que nos lèvres
pour parler de lui aux humains.
Il n’a pas d’aide, il n’a que notre aide
pour mettre les hommes et les femmes à ses côtés.

Nous sommes la seule bible que le public lit encore.
Nous sommes le dernier message de Dieu
écrit en actes et en paroles.

Prière du XIVe siècle, auteur anonyme

Pour clore cette célébration du rite de Pâques qui se prolonge toutes les semaines depuis le début du christianisme, nous reprenons le Chant Alléluia !