L’AGRICULTURE SOUTENUE PAR LA COMMUNAUTÉ

L’AGRICULTURE SOUTENUE PAR LA COMMUNAUTÉ

Myriam Orostegui

Agente de recherche et de formation

Les tablettes de l’épicerie sont remplies d’une multitude d’aliments qui proviennent des quatre coins du monde. En effet, les multinationales alimentaires s’approvisionnent à peu de frais dans les pays du Sud en privilégiant l’aspect et le volume des aliments plutôt que leur goût, leur fraîcheur et leur valeur nutritive. Les bas prix des grandes chaînes entraînent l’élimination progressive des producteurs et des marchands locaux. C’est l’un des impacts de la globalisation des marchés.

Face à ce nouveau marché, les produc­teurs se vouent à la monoculture et les éleveurs aux méga-productions, où les animaux de boucherie sont souvent traités de façon discutable. Pour contrer cette situation et rendre les pro­duits locaux et écologiques accessi­bles, il faut se tourner, entre autre, vers l’agriculture soutenue par la commu­nauté (ASC).

 L’agriculture soutenue par la communauté est accessible au Québec depuis quelques années. L’ASC est un moyen d’encourager l’agriculture biologique locale. Elle permet de réhumaniser le processus de distribution des produits agricoles en assurant aux consommateurs et consommatrices des produits de qualité et aux producteurs et productrices une clientèle fidèle. Pour devenir partenaire d’une ferme, chacun achète, au début de la saison estivale, la part des récoltes qui lui sera livrée chaque semaine au point de chute d’un quartier. Les partenaires sont aussi invités à participer à l’organisation de ce réseau et aux activités de la ferme.

 Ce type d’agriculture comporte une multitude d’avantages tant écologi­ques, qu’économiques et sociaux. En rapprochant le monde de l’agriculture de celui de la consommation, on a ren­du les gens plus sensibles à la qualité, à la fraîcheur des produits ainsi qu’à tout le processus de production. Ce lien entre consommateurs/consommatrices et producteurs/productrices outrepasse les grandes chaînes et constitue une solution de re­change face à la monoculture, à la pro­duction de masse et à l’utilisation abu­sive de pesticides et d’organismes gé­nétiquement modifiés (OGM), recon­nus comme néfastes à long terme pour l’environnement.

 D’un point de vue économique, l’ASC crée des emplois et offre une meilleure sécurité financière aux cultiva­teurs/cultivatrices membres qui peu­vent ainsi mieux planifier leur saison. Elle permet aussi aux consomma­teurs/consommatrices d’effectuer de grandes économies. Le fait d’acheter des produits biologiques directement de la ferme génère des économies de 10 % à 50 %.

 Au Québec, Équiterre, un organisme voué à la promotion de choix écologiques et socialement équitables, coordonne ce réseau en soutenant à la fois les cultivateurs/cultivatrices dans la planification et l’information et en faisant connaître aux partenaires et aux aspirants partenaires la liste des fermes, mise à jour chaque année.

 Il existe une autre formule intéressante : les jardins collectifs ou communautaires. Depuis environ quatre ans, dans certaines régions du Québec, plusieurs hectares de terre en friche situés en zone périurbaine ont servi à des projets de jardinage communautaires. Ces initiatives visent à créer des emplois, à produire des légumes sains, à faciliter la réinsertion sociale de personnes en difficulté ou encore à offrir une formation pratique en horticulture biologique. Ces projets de jardinage jouent un rôle favorable au développement local. Ainsi, des expériences réussies de jardins collectifs ou communautaires, on est passé à des entreprises d’économie sociale pour aboutir à la formule de l’agriculture soutenue par la communauté.

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 Pour en savoir plus sur l’ASC, www.equiterre.qc.ca,  le jardinage écologique, www.rje.qc.ca

Ce texte a été produit dans le cadre du « Projet collectif mobilisateur contre la pauvreté des femmes ». ConcertAction Femmes Estrie, la Table des groupes de femmes de l’Estrie.