LE PARTENARIAT FEMMES / HOMMES un événement dans le diocèse de Sherbrooke

LE PARTENARIAT FEMMES / HOMMES

un événement dans le diocèse de Sherbrooke

Rita Hazel – Myriam

Mme Linda Simoneau a donné de l’ampleur à sa fonction de répondante auprès de l’évêque1 : elle s’est entourée d’une équipe dynamique et a ainsi créé un « Service à la condition féminine » dans son diocèse.

Le 4 mars dernier, ce Service tenant une deuxième « Journée diocésaine des femmes dans l’Église », sur le thème du partenariat, et réunissait ainsi 175 personnes : 160 femmes et 15 hommes dont l’évêque de Sherbrooke, Mgr Jean-Marie Portier, qui participa à toute la démarche.

Actualiser ma vocation de baptisé-ée

Cette idée revient avec force parmi les résolutions personnelles discutées en atelier et témoigne de l’effet déclencheur d’une conférence de l’avant-midi, où la théologienne Yvonne Bergeron avait affirmé que :

– Les baptisés sont des fils ou des filles de Dieu radicalement égaux. Chrétiens et chrétiennes sont membres à part entière de l’Église.

Nous ne pouvons comprendre l’Église sans référence à Jésus-Christ. Mais la structure pyramidale ne vient pas de Jésus. Il n’a pas prêché l’Église mais plutôt le Règne de Dieu et sa force de libération. Il n’a donné aucun conseil aux femmes en tant que femmes.

– Il faut éviter de considérer Jésus-Christ à partir seulement de son incarnation, car alors l’homme Jésus, en sa vie terrestre devient le « modèle » comparatif (ex. il a choisi seulement des hommes comme apôtres) et l’Église se voit dotée de caractéristiques définies de manière rigide.

L’Église est née de la Pentecôte, de l’Esprit du Christ ressuscité qui l’envoie en mission. Il faut retrouver l’énergie et le souffle de l’Esprit créateur des premiers temps chrétiens.

– Croyantes et croyants sont responsables ensemble d’une même mission. La responsabilité implique un pouvoir réel et les ministères sont un don de l’Esprit … qui souffle où II veut.

– Les structures doivent demeurer au service de la mission. L’Église ne peut se permettre d’enfermer la mission, qui vient de Jésus, ^dans les limites de sa doctrine, de sa liturgie, de ses lois, de son droit canon. L’Évangile n’est pas lié nécessairement à un type d’organisation ecclésiale.

– Le partenariat devrait être la façon naturelle d’exercer les services dans l’Église.

Conditions requises :

* accepter d’ouvrir les questions et de les garder ouvertes

* laisser l’Esprit, souverainement libre, souffler où II veut, le laisser libérer nos sécurités

* reconsidérer le sens de la Tradition qui ne doit pas signifier « habitudes séculaires » ; éviter la lecture fondamentaliste de la Tradition

* résister à la tentation de figer ce qui peut et doit évoluer

* être capables de dénoncer un système encore considéré par plusieurs comme sacré et inattaquable

* avoir le courage de rester debout, d’être « fatigantes »ne pas accepter n’importe quel rôle.

Autres éléments de la journée

Un exposé de Mme Marie Granger qui a brossé un portrait du personnel pastoral féminin au Québec, à partir des données rassemblées dans Les Soutanes Roses2.

La conférencière termina ainsi son intervention : « Sans pouvoir, on est sans voix et alors on ne peut pas parler de partenariat. Il faudra mettre celui-ci de côté si on ne parle pas de pouvoir ».

Un panel : « Le partenariat : utopie ou réalité ? » où quatre personnes tentaient de répondre à cette question selon leurs expériences et leurs réflexions personnelles.

Deux séances de travail en atelier.

Remontée des ateliers

Les rapports révèlent une intensité dans la réflexion, une appropriation du sujet et une détermination remarquables. Il s’agissait d’identifier « les actions personnelles que je veux entreprendre pour faire advenir le partenariat » et, en un deuxième temps, de suggérer des actions collectives.

La liste seule des propositions couvre quatre pages ! On y lit une volonté ferme de prendre la parole, de développer de nouvelles attitudes (par ex. combattre la peur de contrarier), d’éduquer, de sensibiliser et de changer les mentalités, de promouvoir l’égalité et le dialogue femmes/hommes, bref de travailler à construire un nouveau modèle d’Église.

Les feuilles d’évaluation remplies par les participantes-pants manifestent beaucoup d’enthousiasme pour la solidarité des personnes, la vérité, l’audace et la vigueur des propos, le ressourcement obtenu … On en redemande !

Et Mgr Portier se proposerait d’organiser une activité semblable sur le thème du partenariat, à l’intention des prêtres, l’automne prochain …

« C’est clair qu’une journée comme ça change quelque chose d’important … Ce fut l’un des événements les plus marquants de l’année, dans le diocèse », nous dit Linda Simoneau.

1 Voir son article « Le réseau des répondantes à la condition des femmes », L’autre Parole, no 39, sept. 1988, pp. 8-11

2 Les Soutanes Roses, Sarah Bélanger, Ed. Bellarmin, Montréal, 1988