LE RIRE DE DIEUE AU CENTRE DE SOI

Le soleil couchant d’août nous caressait de sa lumière et de sa joie. En cette première soirée à tenter d’apprivoiser le rire de Dieue, nous avons commencé par le sentir dans notre corps.

L’exercice avait pour origine une expérience vécue par l’une d’entre nous sur la présence du rire tout court et son effet sur le corps. Une autre y a ajouté quelques exercices inspirés du yoga. Les étapes prévues demandaient un haut niveau de confiance mutuelle ; c’était là notre défi. Nous avons constaté avec joie que les femmes de la collective ont atteint un degré d’intimité qui a rendu réalisable ce qui, ailleurs, nous aurait semblé impossible à accomplir — bien que pour certaines l’exercice a été plus difficile que pour d’autres.

Rire, ça se passe d’abord dans le corps. C’est une activité du corps : épaules qui sautent, cage thoracique secouée, joues rouges, larmes aux yeux. Dans un premier temps, nous avons détaché ce phénomène purement corporel de l’émotion ou de la situation qui, la plupart du temps, le déclenche. Nous nous sommes promenées dans la salle en riant. Nous avons amorcé notre rire de façon purement mécanique. Le processus a été inversé : faire semblant de rire a eu les mêmes effets sur nos corps et a fini par déclencher les émotions qui nous ont fait rire pour vrai.

Dans un deuxième temps, nous avons pris conscience de l’endroit où se situait le rire en nous. Grâce à un mudra (respiration consciente en yoga), nous sommes rentrées dans nos corps et nous avons situé le lieu de notre rire et ses effets : organes internes profondément massés, mal aux côtes pour certaines, état de relaxation pour d’autres.

Puis nous avons poursuivi l’exercice en recommençant à rire mais, cette fois, en posant la main sur le ventre de notre voisine, le rire est devenu non seulement un acte personnel, mais un lien, un partage, une relation à l’autre.

Enfin, cessant toutes de rire en même temps, dans le silence rétabli, certaines ont pu entendre « le rire de Dieue ».