LESBIANISME, CROYANCES ET VALEURS SPIRITUELLES

Atelier A-7 – LESBIANISME, CROYANCES ET VALEURS SPIRITUELLES Nicole Hamel, Québec

Nicole Hamel est membre de l’Église Unie Protestante Saint-Pierre depuis 2001. Elle a été engagée pendant plus de 30 ans dans l’Église catholique comme bénévole, enseignante et animatrice de pastorale, au niveau scolaire régional et dans le milieu de la santé. Elle est coauteure du livre L’amour entre femmes dans l’Église catholique. Et CIEL parlait , ce serait l’ENFER ? Le livre est disponible sur le site : www3.sympatico.ca/rejnic.

Ce cercle de discussion est un moyen de partager nos différences spirituelles et religieuses en lien avec l’orientation sexuelle lesbienne. Le fait de s’accueillir mutuellement, de se dire,  peut favoriser des pas en faveur de la justice des personnes présentes.

Le déroulement de l’atelier

Cinq personnes se sont présentées à cette rencontre. Trois se sont dites directement concernées par la réalité et deux étaient intéressées par le sujet. La rencontre s’est déroulée en anglais et une personne a chuchoté en espagnol, au besoin, pour aider une  participante.

Il a été question de l’Église catholique, de l’Église Unie du Canada et de l’Église anglicane. Après ma  présentation qui a servi de déclencheur, les personnes se sont exprimées sur leur appartenance chrétienne et sur la réalité lesbienne. Une participante catholique est contrainte de quitter le Canada et espère y revenir de façon permanente car elle ne pourra vivre sa réalité dans le pays où elle doit retourner. Une participante anglicane dit que pour elle c’est difficile car l’Église anglicane est divisée sur la question de l’homosexualité.

Grâce à la proposition d’une personne qui ne pouvait venir à ce cercle de discussion, nous avons organisé, le lendemain, une rencontre improvisée qui a réuni onze personnes pour un Caucus lesbien. Pendant un repas, chacune s’est exprimée sur sa réalité dans un climat de confiance bienfaisant.

Présentation de l’animatrice

J’ai été impliquée pendant plus de trente ans dans l’Église catholique. J’ai été mariée une première fois à un homme que j’ai profondément aimé. Après plus de 20 ans, notre union a pris fin pour toutes sortes de raisons. Nous avons eu trois enfants dont deux par adoption. En 1992, j’ai quitté ma famille pour vivre avec celle avec qui je partage ma vie depuis. Employée par le diocèse de Québec, j’ai vécu ma vie de couple dans la clandestinité et dans la  peur de perdre mon emploi à cause de mon orientation sexuelle. De 1994 à 1998, des études féministes m’ont permis d’approfondir le discours de l’Église en lien avec la condition des femmes et les orientations sexuelles. Pendant cette période, mes recherches ont été ralenties par le traitement d’un cancer. Le fruit des travaux de ma conjointe et moi a été rassemblé dans un livre, sous des pseudonymes, parce que je risquais de perdre mon emploi si cela provoquait un scandale : Ceci se passait en 1999.

D’après les témoignages des femmes de notre recherche, l’institution catholique ne reconnaît pas la réalité de l’amour véritable entre des personnes de même sexe.

L’Église unie du Canada existe depuis 1925. Elle est un regroupement de trois confessions chrétiennes : presbytérienne, méthodiste et congrégationaliste. Sa politique de non discrimination est devenue centrale à sa mission. Cependant la question de l’orientation homosexuelle a été longtemps taboue. On tolérait la condition homosexuelle à la condition qu’elle soit vécue dans l’anonymat. À partir de 1960, on a effectué des travaux de recherche sur la réalité des personnes gaies. Voici les principales étapes qui ont conduit à l’inclusion des personnes homosexuelles dans cette Église :

En 1977, on assiste aux premières résolutions inclusives dont l’interdiction de discriminer les personnes homosexuelles.

En 1984, on n’accepte que les personnes homosexuelles soient aussi créées à l’image de Dieu. L’Église Unie reconnaît avoir encouragé la discrimination dans le passé et demande pardon. Elle demande de travailler à l’élimination de la discrimination.

En 1988,  toute personne homosexuelle peut poser sa candidature pour devenir pasteure.

En 2002, on peut lire : “ Dans une telle paroisse, non seulement les personnes de toutes les orientations sexuelles sont-elles les bienvenues, mais leur présence et leur contribution à tous les aspects de la vie en Église sont considérées comme un enrichissement pour la communauté”.

À partir du mois d’août 2003, le Conseil général a appuyé le projet fédéral de mariage civil.

En comparaison, l’Église catholique et la Congrégation pour la doctrine de la foi continuent de soutenir que “l’inclination homosexuelle est objectivement désordonnée et les pratiques homosexuelles sont des péchés gravement contraires à la chasteté. […] Le mariage est saint, alors que les relations homosexuelles contrastent avec la loi morale et naturelle”.

Dans l’Église Unie St-Pierre de Québec, les conditions exigées pour un mariage sont :

– Une intention de permanence.

– Une intention de vivre un amour dans l’esprit de l’évangile.

– Une participation régulière au culte pendant la période de préparation.

– Une acceptation de participer à une préparation avec le pasteur et des membres de la paroisse.

– Une célébration pour le couple et ses proches et non l’occasion d’une manifestation médiatique intentionnelle.

Onze ans après un engagement privé religieux, en présence de trois personnes, ma conjointe et moi avons célébré notre mariage civil et chrétien le 30 décembre 2004 à l’Église Unie St-Pierre. C’était le premier mariage entre personnes homosexuelles à cette paroisse. Ma conjointe qui demeure catholique s’est sentie accueillie et respectée dans cette démarche de préparation et de célébration.

Depuis que j’ai changé d’appartenance chrétienne passant de catholique à protestante, en 2001, j’ai trouvé ce que je cherchais i.e. un confort dans l’expression de ma foi et une place comme femme à part entière. Cependant ce changement d’appartenance chrétienne a eu des conséquences négatives au niveau professionnel car j’ai perdu mon emploi.

Depuis, je suis sortie définitivement de l’anonymat. J’ai un site Internet et je diffuse tranquillement notre livre pour apporter un message d’espoir à des personnes croyantes.