Marie la Magdaléenne de la lignée des femmes fondatrices du christianisme ?

Marie la Magdaléenne de la lignée des femmes fondatrices du christianisme ?

Depuis quelques années, l’exégèse féministe a fait apparaître dans nos relectures bibliques la large place que les femmes tenaient dans les communautés naissantes du premier siècle, et dont l’autorité de plusieurs d’entre elles était égale à celle que l’on réservait aux apôtres1 C’est l’acculturation du christianisme primitif s’inscrivant dans le monde gréco-romain autant que le souvenir de l’agir concret de Jésus envers les femmes élevées au rang de disciples, qui a permis à ce mouvement féminin de prendre son essor dans la première évangélisation.

L’importance accordée à Marie la Magdaléenne dans les évangiles et, plus tard, dans la littérature gnostique, m’amènera à examiner attentivement cette figure historique, telle qu’elle apparaît à des moments-clés du ministère de Jésus, et dans des rôles non conventionnels, que ce soit comme disciple ou comme apôtre. Dans cette enquête, je privilégierai un parcours de la signification à partir du texte dans son état final, et prenant appui sur les travaux d’exégètes féministes, j’avancerai des propositions en réponse aux questions suivantes : qui était Marie-Madeleine ? Quelle place particulière prenait-elle dans l’entourage de Jésus ? A-t-elle joué un rôle analogue à ceux des Douze et des apôtres ?

Le lecteur attentif de la Bible, homme ou femme, remarquera sans cesse avec étonnement que la figure de Marie de Magdala occupe une place matériellement aussi importante que celle de Marie de Nazareth : elle y est mentionnée une quinzaine de fois, quoique fort brièvement2. Les quatre évangiles parlent d’elle comme d’une femme très liée au groupe apostolique. Elle tient une place originale surtout dans les récits de la passion et de la résurrection. Son identité avec Marie de Béthanie et avec la pécheresse anonyme est depuis toujours discutée.

La compagne de la vie prédicante de Jésus

Dès le début du ministère public de Jésus, Luc introduit rédactionnellement Marie-Madeleine dans un groupe de femmes qui, faisant route avec le Galiléen, l’accompagne de très près dans sa mission prophétique. Cette petite troupe de missionnaires itinérantes est placée au niveau des Douze et avec eux. Jésus faisait route à travers villes et villages ; il proclamait et annonçait la bonne nouvelle du Règne de Dieu. Les Douze étaient avec lui et aussi des femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies : Marie dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza intendant d’Hérode, Suzanne et beaucoup d’autres qui les aidaient de leurs biens. (8, 1-3)

Que des femmes juives deviennent disciples d’un rabbin est, à la vérité, un fait exceptionnel qui paraît unique dans l’histoire palestinienne de l’époque. Une comparaison frappante fait ressortir la position privilégiée de Marie-Madeleine dans les deux groupes de « suiveurs » : les trois femmes qui composent la figure des guéries (Marie de Magdala, Jeanne et Suzanne) rappellent les trois disciples privilégiés à l’intérieur des Douze (Pierre, Jacques et Jean) — ce qui pourrait marquer un degré de préséance dans la suite de Jésus. Comme Pierre, à la tête des Douze, Marie est la première nommée des femmes guéries. Luc prend soin de signaler que ce ne sont là que trois figures individuelles nommées parmi d’autres femmes anonymes qui, elles, ne sont pas qualifiées de guéries.

La femme guérie dans son corps

L’identité de Marie-Madeleine nous est donnée sous différents traits : elle vient de Magdala (d’où son deuxième nom), ville prospère et commerçante sur les bords du lac de Génésareth, au nord de Tibériade3. Elle souffre d’une affection grave que la médecine de l’époque attribuait à la présence d’un démon et, pour cette raison, elle aurait été exorcisée de sept démons par Jésus4 ; le chiffre sept indiquant une situation limite, pratiquement irrésistible (cf. 11, 26). Ici, c’est la première fois qu’on rapporte qu’une guérison a précédé l’appel formel d’un/e disciple à suivre Jésus. (Me 1,16-20 et par.)

Faut-il assimiler Marie de Magdala à la « pécheresse repentie » dont le geste mémorable n’est pas celui d’une femme prophète (Le 7, 37 ; comparer avec Me 14, 3-9 ; Mt 26, 6-13) ou à la soeur de Marthe et de Lazare qui a versé un parfum de grand prix sur les pieds de Jésus (Jn 12, 3) ? La tradition ecclésiastique l’a rapprochée de ces deux figures féminines. Pourtant Marie-Madeleine est originaire du bourg de Magdala, en Galilée, tandis que Marie, la soeur de Marthe, est établie à Béthanie, en Judée. Quant à la pécheresse citée au chapitre 7 de Luc, elle ne porte pas de nom et n’est rattachée à aucun village. « Tout cela, remarque C. Barry, relève du mythe basé sur une identification erronée. »5

Quant au concept « démoniaque », accolé au nom de Marie-Madeleine, il est à comprendre dans la ligne théologique propre à chaque rédaction évangélique. En Luc 8, 1-3 et dans tous les passages où il est question de démoniaques, la possession n’est jamais synonyme de péché. Comme le montre l’enquête de J. Pirot, les démoniaques présentent « des anomalies de comportement assimilables à des névroses, à des variétés de psychoses pathologiques, mais nullement à des actes volontaires contre la morale qui feraient passer leurs victimes dans la catégorie des pécheurs »6. Marc, tout comme Luc, distingue nettement les possédés des pécheurs. Quant à Matthieu et à Jean, ils ne font même pas allusion aux démons de Marie. La femme, exorcisée par Jésus, ne serait donc pas une pécheresse repentie (Le 7, 37) mais une malade guérie dans son corps.

Le modèle du disciple dans sa condition pascale

Le personnage historique de Marie-Madeleine n’a d’existence, et par conséquent de signification, que par la relation qu’il entretient avec Jésus, spécialement la relation maître/disciple. Comme les groupes de disciples de Jésus étaient nombreux et variés (Luc 9, 1-6 ; 10, 1-20), il n’est pas impensable que des hommes et des femmes aient reçu le même mandat et les mêmes recommandations que les Douze. Si des femmes ont suivi Jésus dans sa prédication itinérante, c’est qu’il les a voulues auprès de lui, liées étroitement à son activité prophétique ; sinon, il les aurait renvoyées dans leur famille, comme ce fut le cas de l’ex-possédé de Gergésa qui l’avait pourtant supplié d’ « être avec lui », c’est-à-dire de l’accompagner dans ses déplacements. ( Me 5,18-19)

Les quelques termes employés pour caractériser le rôle de Marie et de ses compagnes dans les récits de la Passion , et même avant, définissent clairement leur condition de disciple. Dans son sommaire sur la tournée missionnaire de Jésus en Galilée, Luc énumère deux fonctions se rapportant à l’identité de disciple : « les Douze étaient avec lui, et aussi des femmes (…) qui les aidaient (diakonein) de leurs biens » (8, 1-3). La première, « être avec », est une expression caractéristique de l’attachement spécifique des disciples (8, 38 ; 9,18 ; 22,26) et des Douze (Me 3, 14), qui les inscrit sur le parcours de la « suivance » pour écouter l’enseignement du maître et se mettre à son service. La diaconie-service que constitue la deuxième fonction est le devoir premier de tout disciple qui se forme à l’école de Jésus.

Il n’est pas sans importance de préciser que la diaconie ou le service appliqué aux disciples s’articule à l’intérieur du « être avec lui ». Cette position de conjonction, explique L. Mottier, est ce qui détermine le rôle de collaboratrices du groupe des femmes, à l’instar des Douze7. Les ressources que les femmes mettent à la disposition de Jésus ne désignent pas tant le secours en argent apporté à l’organisation pratique de la communauté que l’engagement de tout ce qu’elles sont en qualité de disciples. Ainsi se trouvent-elles inscrites par le texte même comme de vraies disciples qui réapparaîtront lors de l’exécution de Jésus à Jérusalem.

Dans le contexte de la mort de Jésus, le groupe des femmes et tout particulièrement Marie-Madeleine, sont présentées par rapport à ce qu’elles faisaient auparavant : « elles ont suivi Jésus pendant toute sa carrière, en le servant depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem où elles étaient montées avec lui » (Me 15, 40- 41 ; Mt 27, 55-56 ; Le 23, 49). Leur itinéraire de la croix est comme tissé dans la trame de l’itinéraire de Jésus : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24 et par.). Cet attachement à Jésus dans la « suivance » inclut, dans sa perspective, un trajet continu qui les mène de « Galilée à Jérusalem » (si on se réfère à Ac 13, 31, les femmes sont égales aux Douze). L’insistance mise sur les verbes « suivre-servir » n’est pas fortuite, comme on l’a noté et tenté de l’expliquer plus haut. Avec le verbe « monter avec », ils recouvrent ce qui est dit de la condition de disciple.8

La première place accordée à Marie de Magdala dans le groupe des femmes est une constante frappante dans la liste de noms chez les synoptiques (sauf en Jn 19, 25, qui suit l’ordre de parenté). On retrouve Marie près de la croix en compagnie de « plusieurs » femmes dont quelques-unes sont désignées par leur nom : Marie dite de Jacques et de Joset, Salomé (Me), la mère des fils de Zébédée (Mt), la mère de Jésus, la soeur de sa mère, la femme de Clopas (Jn) — ce qui souligne leur qualité exceptionnelle de disciples fidèles.9

Le comportement de ces femmes dans l’espace-temps de la mort et de la résurrection de Jésus est essentiel pour mettre au monde le « devenir-disciple ». D’abord, elles « regardaient à distance » le Crucifié — une fonction caractéristique du témoin apostolique —, alors que les disciples masculins se sont enfuis lâchement lors de son arrestation. Puis, lorsqu’on retrouve Marie de Magdala et les autres femmes lors de la sépulture de Jésus, elles « regardent » encore le lieu où son corps est déposé (Me 15, 47 ; Le 23, 55), et, au matin de Pâques, elles « regardent » toujours le tombeau vide, constatant que la lourde pierre de l’entrée a été roulée (Me 16, 4 ; Mt 28, 1 ; Le 24, 2 ; Jn 20, 1). On peut présumer, après cela, qu’elles deviendront des témoins actifs du kérygme tout à fait central de la foi chrétienne, même si le droit juif du temps ne leur reconnaissait pas la capacité de témoigner.

Le récit pascal de Luc, qui présente les premières messagères « chrétiennes » dans la condition de disciples et ce, à l’aide du jeu de la mémoire (24, 1-12), est très significatif à cet égard. Elles sont invitées à se souvenir des prédications de la passion-résurrection (9, 22. 44), faites autrefois en Galilée : « rappelez-vous », leur disent les deux anges du matin de Pâques (24, 6-8). Ce renvoi textuel témoigne de la présence féminine aux annonces que Jésus faisait au groupe des disciples, selon les paroles mêmes des messagers : « comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée » et par le fait qu’ « elles se rappelèrent ses paroles »10. Non seulement les femmes conservent-elles en mémoire ces souvenirs, mais elles en comprennent le sens qu’elles transmettent aussitôt aux apôtres incrédules, sans en avoir reçu l’ordre explicite.

L’apôtre des apôtres11

Marie de Magdala se trouvait parmi ces premières chrétiennes à accueillir la Bonne Nouvelle, mais elle prend une importance toute spéciale dans son expérience du tombeau comme chemin de foi vers l’apostolat. Elle est la première, avec l’autre Marie, à recevoir la vision du Seigneur ressuscité avec le mandat d’annoncer la nouvelle aux « frères » de la communauté (Mt 28, 9-10). Paradoxalement, dans la finale de son évangile, Marc détache très nettement Marie du groupe des femmes : alors que les femmes, disciples de la première et de la dernière heure, s’enfuient tremblantes et troublées, sans obéir à la consigne angélique de porter le message, Marie, témoin de l’apparition du Ressuscité, part proclamer la nouvelle à ses compagnons qui « ne la crurent pas » (16, 10-11). Incrédulité et dureté de coeur que le Christ ne tardera pas à leur reprocher, (v. 14)

De même encore, l’apparition dont Marie-Madeleine bénéficie la première, avant les disciples masculins, en Jn 20, 1-18, et la mission qui lui est confiée par Jésus d’annoncer sa résurrection la consacrent dans un « rôle quasiment apostolique »12. À deux reprises, Marie quitte le tombeau pour se rendre auprès des disciples : la première fois, elle le fait d’elle-même pour les associer à sa quête du corps mort de Jésus ; la seconde fois, elle est déléguée personnellement auprès du cercle des disciples pour ouvrir l’étape de la diffusion de l’Évangile.

Au niveau de la progression du texte, on assiste, chez Marie-Madeleine, au passage du rôle de disciple fidèle à celui d’apôtre porteuse de la Bonne Nouvelle. C’est d’abord comme disciple que Marie est reconnue par Jésus quand il lui pose la question qu’il posait autrefois en Galilée aux premiers disciples qu’il voulait recruter : « Que cherchez-vous ? » demandait-il alors aux deux disciples du Baptiste qui s’étaient mis à le suivre (Jn 1, 38). Et comme jadis ces deux disciples avaient attribué à Jésus le titre de « Rabbi », Marie, qui reconnaît la voix du pasteur à l’appel de son nom, s’écrie, à son tour ; « Rabbouni, Maître » (20,16) une expression spécifiquement araméenne, variante de « Rabbi ». Le texte la représente ici comme le type même du « Disciple » de Jésus qui se met à l’écoute de Celui qui « appelle ses brebis chacune par son nom » pour qu’elle le suive en reconnaissant sa voix. (10, 3-5)

Cette identité de disciple chez Marie est la condition sine qua non à l’exercice de l’apostolat, et non l’inverse. Parce que la disciple intime de Jésus l’a accompagné véritablement dans son itinéraire, pendant sa mort et jusqu’à sa résurrection, elle se voit chargée de la mission d’annoncer la nouvelle aux frères ce qui l’élève au rang d’apôtre. C’est elle qui viendra leur annoncer la levée de Jésus d’entre les morts et sa montée vers le Père. De plus, sa déclaration : « J’ai vu le Seigneur » (20,20) sonne comme un écho aux mots de Paul pour légitimer son titre d’apôtre dans les communautés chrétiennes (1 Co 9, 1). Dans l’esprit de Paul, le titre d’apôtre ne se restreint pas au groupe des Douze13, mais comprend tous les témoins oculaires de la Résurrection (1 Co 9,1 ; 15, 7-8) qui sont « envoyés » — au sens premier du grec apostolos — pour l’annonce de l’Évangile (Gai 1, 15-17). D’après Ac 1, 21-22, les mêmes critères sont exigés par l’assemblée des premiers chrétiens lors de l’élection du remplaçant de Judas, l’un des Douze. Bien que Marie-Madeleine (et ses compagnes) remplisse toutes les conditions de l’apôtre, la tradition post-pascale la relègue dans les marges de l’Église naissante et de son leadership. L’oubli de son nom dans la liste impressionnante des témoins de la résurrection cités par Paul dans 1 Co 15, 5-6 en témoigne. D’après cette référence, la première apparition aurait été faite « d’abord à Céphas, puis aux Douze. Ensuite à plus de cinq cents frères à la fois », passant sous silence, le témoignage de cette femme gênante dans un environnement juif où les hommes seuls pouvaient transmettre le message évangélique comme témoins officiels et crédibles, puisque seuls ils pouvaient prendre la parole en public devant les Juifs. Dans sa profession de foi, Luc, à son tour, fait de Pierre le premier dans l’apostolat (24, 34). Pour faire partie de ce groupe privilégié, ajoute-t-il en Ac 1, 21, il faut être un homme (anèret non anthropos). Cette trace d’un débat théologique sur la répartition des fonctions d’autorité entre les hommes et les femmes se reflétera explicitement dans certains textes chrétiens apocryphes.

Quelques réflexions finales

À partir des outils mis à ma disposition par les lectures féministes de la Bible, j’ai tenté de retracer l’histoire de Marie la Magdaléenne dans sa participation avec les autres femmes à l’activité missionnaire des Douze. La qualité de disciple à laquelle Jésus l’a élevée et la responsabilité apostolique qu’elle a reçue avant et à égalité avec les apôtres, tels que Pierre et Paul ou les Douze, me font conclure qu’elle est une des figures fondatrices les plus importantes du christianisme. Peu importe le contexte dans lequel elle est placée, la constante qui ressort des évangiles est la connivence qui existe entre Jésus et Marie-Madeleine, contrairement au climat d’incompréhension qui préside souvent au rapport des disciples masculins avec leur Maître. Vraisemblablement, cette femme a joué un rôle très actif dans la poursuite du mouvement Jésus autant avant qu’après sa mort et sa résurrection14. Cette image de Marie serait donc entièrement contraire à celle de la pécheresse éplorée que l’Église officielle a souvent suggérée. Le fait que Marie de Magdala soit dessinée comme disciple et apôtre, dans la trame narrative du texte, rappelle que c’est toute l’Église qui est apostolique et qui a charge de la diffusion de l’Évangile. Tous les disciples de Jésus, hommes et femmes, égaux en dignité par le baptême, sont responsables de la mission. Mais comment vivre concrètement cette commune prise en charge quand l’Église institutionnelle décide, d’autorité, de clore le débat sur l’ordination des femmes ? Le défi n’est pas simple, nous le savons toutes ! D’où l’urgence de retrouver la pleine mémoire collective du passé : le modèle évangélique de Marie- Madeleine est là, et il nous appartient de l’actualiser pour l’avenir de l’Église et du christianisme, ce qui implique une réappropriation des Écritures dans toute leur richesse et leur fécondité.

Micheline Gagnon Myriam

1 Pour toute cette question de la place des femmes à l’époque apostolique, on pourra consulter R. B. Edwards, The case for Women’s Ministry, (Coll. Biblical Foundations in Theology, London, SPCK, 1989 ; O. Genest, Femmes et ministères dans le Nouveau Testament : Sciences religieuses (1987— no 16/1) 7-20 ; E. Schùssler Fiorenza, En mémoire d’elle. Essai de reconstruction des origines chrétiennes selon la théologie féministe (Coll. Cogitatio fidei, 136), Paris, Cerf, 1986 et Le rôle des femmes dans le mouvement chrétien primitif, Concilium, 1976, no 111, 13-25 ; S. Tune, Brève histoire des femmes chrétiennes (Coll. Parole présente), Paris, Cerf, 1989.
2 Pour avoir une idée de la rivalité existante entre ces deux figures féminines dans la tradition ecclésiale, voir E. Moltmann-Wendel, Maternité ou amitié, Concilium, 1983, no 188,47-55.
3 Le fait que Marie ne soit pas nommée en fonction de ses liens de parenté, comme dans le cas des autres Marie citées dans l’Évangile, pourrait indiquer qu’elle était célibataire ou divorcée. Cf. F. Bovon, Révélation et écritures. Nouveau Testament et littérature apocryphe chrétienne, Coll. Le monde de la Bible, 26, Genève, 1993, p. 216, n.3.
4 Marc 16, 9 confirme cette histoire de Marie-Madeleine possédée de sept démons qui furent « chassés » par Jésus, ce qui laisse croire à l’importance de l’épisode pour l’Église primitive.
5 Catherine Barry, Des femmes parmi les apôtres, 2000 ans d’histoire occultée, Coll. Les grandes conférences, Montréal, Fides, 1997, p. 25.
6 Jean Pirot, Trois amies de Jésus, Coll. Lire la Bible, 74, Paris, Cerf, 1986, p. 61.
7 Voir l’étude de Laurence Mottier, Le groupe des femmes-disciples dans le récit lucanien. Essai d’analyse sémiotique, mémoire de licence élaboré à l’Université de Montréal, 1991, pp. 4-72.
8 Lire la section « Mary Magdalene as a disciple of Jésus », dans Esther de Boer, Mary Magdalene… Beyond thé Myth, Marris Burg, Trinity Press International, 1997, pp. 31-44.
9 Luc parle d’un groupe de femmes sans les nommer, mais si on remonte à 8, 2-3, qui en donne la liste complète, on constate la préséance de Marie-Magdeleine, première nommée.
10 La mémoire des femmes au sujet du passé galiléen est un des traits majeurs de la vie de tout disciple croyant.
11 Une tradition patristique désigne Marie de Magdala comme « la femme apôtre des hommes apôtres » ou selon la célèbre expression : « Apostola apostolorum ».
12 L’expression est de l’exégète R.E. Brown, La communauté du disciple bien-aimé, Coll. Lectio Divina, 115, Paris, Cerf, 1975, p. 207. D’après S. Tune, on pourrait même dire un « rôle apostolique », Brève histoire des femmes chrétiennes, op. Cit. , p. 54.
13 Aussi Paul désigne-t-il une femme, Junias, comme « apôtre éminent », Rm 16, 7. Pour un développement du terme « apostolat » voir E. Schûssler Fiorenza, « The Apostleship of Women in Early Christianity », dans L. et A. Swidler (éd.), Women Priests, N.Y., Paulist Press, 1977, 135-140 ; Les Douze dans la communauté des disciples égaux : contradiction ou malentendu ?  ; Foi et vie, (1989, no 88/5) 13-14.
14  Pour E. Schùssler Fiorenza, cette conclusion est évidente et ne souffre aucune réserve ni exception (cf. En mémoire d’elle…, op.cit. pp. 436-63).