Marie Labrecque – une femme présente à la prostitution

Marie Labrecque – une femme présente à la prostitution

En 1941, Marie Labrecque a 21 ans. Elle rejoint les rangs d’une communauté religieuse où elle passera 34 années de sa vie. À la suite d’études en service social, elle interviendra d’abord auprès des mères célibataires. Le changement de terminologie de fille-mère à mère célibataire, ce serait à elle que nous le devons. En 1955, elle est partie prenante de la mise sur pied du Centre Rosalie Jetté,  centre pour adolescentes enceintes.

Son implication auprès des exclues l’amène à se rendre à Clichy, en France, pour faire un stage au Nid, un organisme qui vient en aide aux femmes prostituées. Là,  elle fait le dur apprentissage du travail de rue, des rencontres de trottoir, spécialement à Pigalle.

Revenue au Québec, elle prend contact avec des femmes prostituées. La société québécoise, du début des années 1970, ne semble pas tellement différente de celle d’aujourd’hui. Les femmes qui pratiquent la prostitution sont stigmatisées, exclues, rejetées, et même méprisées. Chez ces femmes, qui vivent une solitude qui appelle une présence,  l’estime de soi est faible,. Pour y remédier, Marie Labrecque croit que le lien serait sauveur.

Cette femme de cœur se veut présente à celles qui vivent durement cette situation. « Chez Marie » devient ainsi un lieu privilégié d’accueil, de rencontre. Même si la foi et la pastorale chrétiennes sont au coeur de l’action de ce groupe, l’équipe autour de Marie Labrecque n’est pas là pour évangéliser ni pour réhabiliter les femmes qui font le commerce du sexe. L’équipe est là « avec » les personnes prostituées ; elle est présente à la prostitution parce qu’elle existe, parce qu’elle est là et que des femmes la pratiquent et que ces femmes sont filles de Dieue et qu’elles méritent le respect dû à toute personne.

En offrant rencontres, chaleur, accueil inconditionnel de l’autre ; en tissant des liens de solidarité et  d’amitié, les femmes qui ont voulu autre chose ont pu être aidées.

Pour moi, ce travail « avec » les femmes exclues serait une source d’inspiration pour l’articulation d’une éthique féministe en regard de la prostitution et des femmes qui font le commerce du sexe.

Monique Hamelin, Vasthi