MOUVANCES SUR LES LIEUX D’ESPÉRANCE

MOUVANCES SUR LES LIEUX D’ESPÉRANCE

Carmina Tremblay, Phoebé

L’autre jour, en visitant la pièce qui me tient lieu de bureau, une amie (Yvette, pour ne pas la nommer) m’a fait remarquer qu’il y avait « plein de lieux d’espérance » dans cette pièce…

Elle m’a même fait la réflexion que tant d’éléments réunis se prêteraient fort bien à la rédaction d’un article pour notre revue… Comment dire non à Yvette… qui est elle-même une source d’espérance indéfectible ! ! !

Alors voici ce que je trouve comme lieux d’espérance en visitant mon propre bureau.

Je constate d’abord que mes lieux d’espérance varient au fil des ans…que le but des actions menées : éducation, conscientisation, tendresse, écoute, solidarité, varie lui aussi  …que les actions peuvent être ponctuelles ou à long terme… mais que la source est toujours la même…Pour moi, la source c’est Jésus de Nazareth…

Effectivement, c’est à cause de Lui que, dans ma jeune vingtaine, je suis partie au Honduras, en Amérique centrale… pour un séjour de deux ans – qui a duré vingt ans. Là, j’ai essayé de « changer le monde » en m’engageant dans une Œuvre de réhabilitation et d’éducation d’enfants et de mères abandonnés… Avec la prise en charge de ces enfants mal-menés et de leur réhabilitation en des êtres responsables et bien portants il n’est pas difficile d’espérer un monde meilleur. Car là, « l’espérance  se touche presque du doigt » ;  elle est là tous les jours dans le sourire des enfants, dans leur jeux, dans leur apprentissage… Bien sûr, il y a l’envers de la médaille -les causes de l’abandon de ces enfants- sur lesquelles  il est beaucoup plus difficile de travailler afin d’obtenir des résultats concrets d’amélioration.  Parfois, cet envers de la médaille  voudrait bien nous empêcher de croire en un monde meilleur…mais «  l’espérance qu’on touche presque du doigt » nous incite à continuer…

Plus tard, l’espérance a pris un autre visage : celui du «  vivre avec » et «  se laisser imprégner par »… dans l’espoir que quelque chose en nous (et non dans les autres) va changer pour le meilleur… dans l’espoir tout simplement  d’être heureux  et de rendre l’autre heureux… C’est l’expérience que j’ai vécue en vivant « avec » des personnes handicapées durant un an à l’Arche de Jean Vanier à Montréal et durant 4 ans sur la ferme socio-thérapeutique  l’Amitient à St-Jovite, dans les Laurentides. Là, on espère tout simplement devenir plus tendre, plus perméable au besoin de l’autre, plus accueillant envers l’autre, plus humain peut-être… Là, l’espérance se situe vraiment « au niveau de l’être » et «  non de l’avoir »… Là, on ne veut rien changer :on veut tout simplement apprendre à être heureux et rendre les autres heureux dans l’espoir que la contagion du  bonheur rendra la planète plus viable… je qualifierais simplement l’espérance  «  se laisser toucher par »… d’« espérance paresseuse ».

Si je continue la visite de mon bureau, je constate qu’actuellement c’est surtout dans les gestes  et les actions de solidarité que se situe mon espérance. D’abord dans des manifestations  ponctuelles :  « manifestation pour la paix » samedi le 15 mars 2003, manifestation  « la justice sociale par la solidarité » 1er mai 1993, « Une loi pour un Québec sans pauvreté »  rassemblement à Montréal le 1er décembre 2002. Ensuite participations diverses : au Comité de coordination du Conseil régional Simonne Monet Chartrand (FFQ-région de Montréal), à ma Coopérative d’habitation comme membre du C.A. et responsable du comité d’entretien ; à la Collective  L’autre Parole,  au comité de coordination, responsable de la trésorerie. Enfin mon abonnement à plusieurs revues et journaux  alternatifs : mieux connaître, mieux comprendre, découvrir des lieux d’insertion et des gestes à poser…Ceci, c’est «  l’espérance solidaire  »…

Parfois aussi , ce sont les gestes et les actions des autres qui «  alimentent notre espérance » : comme « La semeuse de Rosemont »(la Presse, 28 août 2004), cette dame du quartier Rosemont à Montréal, qui depuis 11 ans achète des graines de fleurs et les sème dans tous les espaces vacants de son quartier…comme tous ces organismes qui travaillent à l’éducation citoyenne… en faveur de la paix… pour la protection de l’environnement…

Enfin, il y a «  les groupes qui nourrissent l’espérance » : Phoebé (L’autre Parole)… La Communauté de base des chemins… La Corporation communautaire Entre- Gens… la famille…et bien sûr, les ami-e-s…