N’A-T-ON PAS CRÉÉ L’ENVIE CHEZ LES FEMMES ?

N’A-T-ON PAS CRÉÉ L’ENVIE CHEZ LES FEMMES ?

Monique Dumais, Houlda

Thomas d’Aquin décrit dans la Somme théologique, première partie, question 92, article 1, la femme comme « un mâle avorté », à la suite d’Aristote du : Femina est mas occasionatus dans le De generatione animalium . Ainsi, la femme est considérée comme un accident ou un amoindrissement de l’homme. De plus, elle est reconnue comme « un réceptacle passif, couvant la vie à naître mais ne participant pas au processus générateur »1.

Ainsi, il ne pouvait y avoir qu’un seul sexe responsable de la vie, le masculin, prototype de l’humain. S’instaurait par la suite une dichotomie de principes dualistes : le principe masculin actif, parfait, complet, chaud, par opposition au principe féminin froid et immature. Est-ce pour susciter notre envie du corps du mâle ?

Continuons avec Thomas d’Aquin qui a été longtemps le maître des clercs dans l’Église catholique : à la question « Cette production des choses devait-elle comporter la production de la femme ? » il répond : « Comme le dit l’Écriture, il était nécessaire que la femme fût faite, pour aider l’homme, non pas, à vrai dire pour l’aider en quelque travail, comme l’ont dit certains, puisque pour n’importe quel autre travail l’homme pouvait être assisté plus convenablement par un autre homme que par la femme, mais pour l’aider dans l’oeuvre de la génération. »

Les femmes ne sont donc dans la nature que parce qu’elles sont appelées à la génération des humains. Par quel état d’esprit arrive-t-on à affirmer que l’humain qui accomplit la génération n’a pas la vertu active qui se trouve dans la semence du mâle et ne participe pas au même degré de perfection ?

La même question se pose quand le magistère romain décrète que seuls les hommes (viri) sont aptes à recevoir l’ordination aux ministères. « Quand il faut traduire sacramentellement le rôle du Christ dans l’Eucharistie, il n’y aurait pas cette «  ressemblance naturelle » qui doit exister entre le Christ et son ministre si le rôle du Christ n’était pas tenu par un homme : autrement, on verrait difficilement dans le ministre l’image du Christ. Car le Christ lui-même fut et demeure un homme.2 »

Ces deux points qu’il ne s’agit pas ici de traiter en profondeur montrent aisément que les femmes seraient en droit d’envier la situation des hommes, si notre conscience actuelle de femmes n’était pas éveillée et soutenue par notre reconnaissance de l’égalité des femmes et des hommes dans notre société.  Tout n’est pas acquis, mais au moins nous savons théoriquement dans notre monde actuel que nous naissons égales aux hommes et que nous pouvons travailler dans toutes les sphères de la société et de l’Église.

1. Élisabeth Parmentier. Les filles prodigues, Genève, Labor et Fides, 1998, p. 16 en se référant à Aristote De la génération des animaux, 1, 21, 729b, Paris, Les Belles Lettres, 1961.