PETITE CHRONIQUE DES FEMMES DANS LA REGION DU BAS DU FLEUVE 1er février 1981 : OUVERTURE DE LA MAISON DES FEMMES.

PETITE CHRONIQUE DES FEMMES DANS LA REGION DU BAS DU FLEUVE 1er février 1981 : OUVERTURE DE LA MAISON DES FEMMES.

L’ouverture officielle de la Maison des Femmes du Bas Saint-Laurent a eu lieu le dimanche, 1er février. Le projet d’implantation de cette maison a vu le jour en 1980 gr ce à une subvention de $19,000.00 du Gouvernement provincial et une autre de $24,000.00 du Gouvernement fédéral. Lors de l’inauguration officielle, cinq Comités ont été formés : trois comités de fonctionnement, deux comités thématiques. Le Comité des contacts avec les Groupes de Femmes prépare déjà la grande fête des femmes qui se tiendra au Mont Saint-Pierre, en Gaspésie, en septembre prochain ; cette fête veut créer une solidarité parmi les femmes de l’Est du Québec. Le Comité « viol, Violence, Sexisme, Pornographie » a constaté que rien n’existe dans la région pour aider les femmes qui vivent une situation de viol ; faire en sorte qu’un service d’accompagnement soit offert aux victimes de viol, c’est l’un des principaux objectifs de ce comité. Le Comité Socio-économique des Femmes travaille déjà sur le salaire de la femme au foyer.

La Maison des Femmes à Rimouski n’est pas encore une maison d’accueil, mais c’est un milieu d’écoute, d’échanges, de services.

2 fevrier 1981 : L’AILE FEMININE DU RALLIEMENT POPULAIRE DANS LA MATAPEDIA

Qui n’a pas entendu parler du Ralliement Populaire de la Vallée de la Matapédia pour l’obtention d’une papeterie dans leur milieu ? Qui n’a pas ressenti une grande fierté à la naissance de l’Aile Féminine de ce Ralliement ? Vous ne connaissez peut-être pas la présidente de ce mouvement, Jeanne-d’Arc Morin-Ruel, mère de deux enfants, directrice-adjointe à la polyvalente d’Amqui, secrétaire de l’Association des Directeurs d’Ecole du Bas du Fleuve ?

Vous auriez aimé la féliciter, l’interroger, l’assurer de votre solidarité ? Je l’ai fait pour vous, je vous livre ce qu’elle a bien voulu me confier lors d’une conversation téléphonique.

Jeanne. D’Arc, qu’est-ce qui t’a amenée à prendre la présidence de l’Aile Féminine du Ralliement Populaire ?

Laisse-moi te dire que ce n’est pas d’abord un mouvement féministe qui a voulu se mettre sur pied parallèlement au Ralliement Populaire, c’est un vouloir d’aider, de prendre réellement notre part dans les manifestations qui étaient commencées. En tant que femmes et citoyennes à part entière, nous avons voulu manifester notre solidarité. Le 2 février, après déjà quelques journées de manifestations, les divers Comités des trois secteurs : Causapscal, Sayabec, Amqui se sont réunis pour faire le point sur les actions à poser et c’est la qu’une femme a proposé la mise sur pied d’un mouvement féminin. Quand les objectifs de ce nouveau regroupement furent fixés, les personnes présentes se sont dit : il faut un porte-parole à cette Aile Féminine ..• Les yeux se sont tournés vers moi et je me suis sentie obligée de dire oui !        Je sais que je suis la femme la mieux rémunérée de la Vallée … je n’avais pas le droit de rester sur ma sécurité et me contenter de dire aux autres : battez-vous .•..

–                   Comment vois-tu les conséquences de votre action ?

–                   On sait maintenant que ça ne changera pas la situation économique de la Vallée •.. On sait, par contre, que notre mouvement de contestation a éveillé la capacité des femmes à se regrouper et à  faire quelque chose ensemble. Des femmes de toutes les classes sociales et de tous les âges de 22 paroisses qui s’engagent comme l’ont fait les femmes de la Vallée, c’est une promesse ..•

–                   Avez.-vous l’intention de garder vivant et dynamique ce mouvement de solidarité ?

–                   Si on voyait la nécessité de poser des actions un peu semblables, à  résonnance sociale, pour le mieux-être de notre population, nous aurions facilement le support des femmes pour occuper à  nouveau le poste de police ou la station de radio …

Extrait du MANIFESTE DE L’AILE FEMININE DU RALLIEMENT POPULAIRE,

lu le 4 février dernier par Jeanne-D’Arc Morin-Ruel :

Nous en avons assez de crier « Au Secours »  ( ••• )

Nous en avons assez d’entendre dire que l’on veut conserver

l’environnement et la survie de nos saumons. Que fait-on

de la survie des gens de la Vallée alors que notre région compte le triste record du nombre le plus élevé de chômeurs ct d’assistés sociaux de tout le Canada, soit 51 % (…)

La  Vallée de la Matapédia, c’est le Tiers-Monde en plein

– Québec ! ( …)

Nous, les femmes de la Vallée, sommes des femmes inquiètes.

Nous, les femmes de la Vallée, nous en avons assez de vivre dans l’insécurité, de vivre d’assurance chômage et d’assistance sociale, de voir nos familles se disperser, s’expatrier.

Les femmes de la Vallée sont des femmes décidées à aller jusqu’au bout (.••)leur détermination se manifeste aujourd’hui et se concrétise dans un appui inconditionnel pour la défense des accusés (*)   et une solidarité marquée pour les mères et les épouses de ces derniers.

Une vingtaine de citoyens furent arrêtés lors d’une manifestation populaire.

4 février 1981 :       UN EDITORIAL SUR LE DOS DES FE ES

Un éditorial à la radio, accusant les femmes de vol à l’étalage, a fait réagir le monde féminin de la région rimouskoise. Je livre à votre réflexion des extraits de l’une des lettres, parues dans le journal régional de la semaine, lettre qui annonçait en gros titre :     D’UNE CERTAINE VIOLENCE FAITE AUX FEMMES.

 » ( ••• ) si ledit éditorial a suscité tant de vives réactions de femmes de la région, cela est da à la fois à son contenu, à son ton, à son esprit qui reflètent à merveille les clichés fréquemment véhiculés pour dévaloriser la femme. Combien de femmes souffrent de « troubles psychiques qui requièrent les soins de spécialistes  »  ou qui manquent plus d’éducation que leurs enfants' » ? Voilà de bien faibles exemples pour illustrer à quel point les femmes, la moitié de la population, se sont senties ridiculisées et révoltées.

(.•.)L’image profondément dévalorisante de la femme que vous avez dépeinte dans votre éditorial a d’autant plus provoqué révolte et consternation chez vos auditeurs et auditrices que le

4 février était jour de solidarité et de manifestation des femmes de la Vallée de la Matapédia. (…) »

Cette lettre était signée par : La Maison des Femmes du

Bas Saint-Laurent Comité « Conditions des Femmes – SPUQAR

– Association du planning des naissances du Bas du Fleuve

– Comité « Condition Féminine Serm•• – Groupe 11L 1 autre Parole » – Un groupe d 1employés du CSS du Bas du Fleuve – Johanne Boulanger, Réna Chouinard   et Marie Bégin, employées de CJBR – Les quatre femmes en grève de Radio-Canada – Groupe d1histoire de la condition féminine UQAR.

Parce que « L’autre Parole » était au pluriel, l’éditorialiste »mâle » s’est excusé des propos violents qu’il avait employé à l’adresse des femmes, sur les ondes d’une station de radio régionale.

La solidité des femmes est bien vivante dans la région Bas-Laurentienne.

Rimouski.   Jacqueline Cyr-Champoux.