Pour se faire plaisir tout au long de l’année

Pour se faire plaisir tout au long de l’année

Pour susciter la réflexion au regard de notre côté soleil, côté ombre rien ne vaut le détour par le Côté cour, côté jardin : voyage intérieur en 365 jours de Marie Gratton.

Le parcours de ce livre offre plusieurs avenues : suivre au jour le jour les divisions saisonnières, l’explorer à sa guise, choisir des thématiques précises… Mais, quelle que soit la manière de nous l’approprier, il reste fascinant de voir surgir, à la lecture de chacun des 365 titres, une foule d’images et de questions pour le cheminement quotidien.

Quant aux thèmes abordés, leur variété permet à la fois de saisir nos humeurs du moment et de suivre l’auteure dans ses réflexions et questionnements. Qui ne voudrait explorer des thèmes tels que : Amour et amitié, Bible, Dieu, Église, Femmes, Jésus, Marie, Mort, Philosophie, Prière et vie chrétienne, Psychologie, Société, Spiritualité ou Valeurs et vertus ?

Il suffit de lire une fois certains passages pour que des images fortes s’impriment en notre mémoire. La simple mention d’un titre vous remettra sur la piste des émotions ressenties comme la petite Madeleine dans À la recherche du temps perdu de Proust. D’ailleurs, dans La dernière à l’échafaud (p.203) où Marie Gratton nous présente Blanche de la Force, un personnage de l’oeuvre de Bernanos, duquel ont été tirés l’opéra et le film, en est justement un bel exemple. Et là, l’auteure nous livre son côté jardin qui nous renvoie au nôtre.

Le chemin des 28 réflexions de la section “Femmes” est interpellant. Il nous amène entre autres à la grève de la dîme par les femmes (p.329). Si l’argent est le nerf de la guerre, pourquoi ne pas nous en servir, nous lance-t-elle ? Et à propos de Blandine, image du Christ crucifié (p. 621), elle se demande pourquoi le “sexisme impénitent” de l’institution ecclésiale persiste-t-il à nous refuser une telle source d’inspiration ?

De même dans “Féministes radicales”, elle nous rappelle la nécessité de revenir au sens premier des mots (p. 573). La définition du féminisme du Petit Robert, précise-t-elle, n’ajoute rien de bien radical à ce terme. Et je pourrais continuer ainsi longtemps avec Freud, Marx, les philosophes, la culpabilité, la honte, l’amour, le jeu, les Beatles, une foule de mots, des expressions, des omissions qui suscitent questionnements et commentaires toujours justes et ouverts.

De plus, pour augmenter notre plaisir, la forme et le fond de l’œuvre se marient harmonieusement. Il faut en effet souligner la beauté de ce livre. La riche couleur du papier, de l’encre et de la typographie forme un tout plaisant et reposant, qui nous invite à la réflexion tout comme les illustrations de Jeanne Vanasse qui ponctuent les saisons. Merci à l’auteure de nous avoir partagé son côté cour, côté jardin car il nous renvoie au pouvoir des mots, des gestes pour cheminer dans la vie

1. Gratton, Marie, Côté cour, côté jardin. Voyage intérieur en 365 jours, éd. Médiaspaul, 2001, 644 pages.

Monique Hamelin, Vasthi