REAPPROPRIATION DE SON CORPS

REAPPROPRIATION DE SON CORPS

 

– « Réappropriation de son corps, virginité, maternité, avortement, remise en question du pouvoir et du discours masculin dans l’Eglise, nécessité de faire éclater les modèles traditionnels imposés aux femmes et de se dépouiller de ses propres masques culturels, oppression morale et oppression médicale, voilà quelques sujets abordés lors. d’un colloque tenu à Rimouski les 17, 18 et 19 août, par le collectif L’autre Parole, premier groupe féministe au sein de l’Eglise du Québec(•••}

 

L’objectif commun est de « récrire le discours théologique en tenant compte des femmes et d’entreprendre des démarches pour une participation entière des femmes dans l’Eglise » Cette théologie féministe veut « donner de l’espoir aux femmes dans l’Eglise et créer une solidarité. Nous nous sentons marginales, de dire Monique Dumais, mais notre engagement envers les femmes est irréversible ».

 

Quant à savoir pourquoi L’autre Parole a  choisi comme sujet de son premier colloque « Le corps de la femme et 1’Eglise », la théologienne précise que ce n’est pas l’esprit des femmes qui fait problème dans l’Eglise mais leur être biologique. En outre, la théologie féministe, à l’inverse de la théologie traditionnelle, veut prendre racine dans l’expérience, et, le corps et la sexualité font partie de toute expérience humaine et religieuse. Enfin, L’autre Parole s’inscrit résolument dans le courant féministe qui, depuis quelques années, axe sa recherche et son discours sur le corps et le droit des femmes à vivre pleinement et intensément.

 

Dans les ateliers, les participantes ont noté que l’Eglise institutionnelle a toujours présenté la femme selon deux états : la virginité et la maternité. Il importe maintenant que les femmes elles-mêmes fassent « éclater ces modèles exclusifs », qu’elles arrachent leurs propres masques culturels et se montrent vigilantes devant ceux qu’on tente de leur imposer.

 

La théologie féministe ne saurait se faire par les seules théologiennes : elle a besoin de la contribution de toutes les femmes. L’Eglise a pratiqué une oppression morale « inconsciente ont dit certaines, notamment à l’endroit des femmes sur lesquelles elle fait peser nombre d’interdits sexuels (contraception, avortement, relations extra-maritales, soumission de la femme dans

le mariage) ••

 

Micheline Carrier, Le Devoir, mardi 29 aoOt 1978, p. 15.