SYNODE SUR LES EVEQUES

SYNODE SUR LES ÉVÊQUES

Roma, le 31 octobre 2987. ( Agence de presse L’AUTRE PAROLE). Nous venons tout juste d’apprendre que les responsables de la communauté des femmes se réuniront prochainement à Rome pour délibérer pendant un mois sur la condition des évêques 1. Cette importante assemblée consultative permettra à la papesse de rédiger sa prochaine lettre mastorale sur la mission des évêques dans le Monde et dans l’Église.

Les représentantes de la communauté ont décidé d’entamer, chacune dans son pays, une tournée de consultations auprès des personnes concernées afin qu’elles puissent faire valoir leurs préoccupations. Un questionnaire d’enquête a été préparé à cet effet ; il sera bientôt distribué aux portes des assemblées féministes et il permettra aux représentantes de mieux évaluer le niveau d’orthodoxie des évêques.

De plus, les évêques désireux de faire davantage connaître leur point de vue sont invités à soumettre des mémoires aux représentantes de la communauté lors d’une journée d’audience ouverte, le samedi 8 mars au sous-sol de l’Ekklésia des femmes à l’angle des rues Sainte-Denise (Boucher) et Thérèse Kane. Les permanentes de la communauté se chargeront de faire la synthèse de ces mémoires et de rédiger l’intervention qui sera faite par nos représentantes à Rome. Il est possible que celles-ci choisissent au cours des prochains jours un ou deux évêques pour les accompagner, à titre d’observateur, pendant leur séjour à Rome. Il est évidemment entendu que les évêques n’auront ni le droit de vote, ni le droit de parole au cours des assemblées plénières de nos représentantes, néanmoins cette expérience peut être fort enrichissante pour eux.

Cette synode impliquant des représentantes du monde entier, il n’est pas certain que les demandes des évêques canadiens reçoivent un écho favorable. L’esprit de collégialité qui anime cette assemblée demande en effet à nos représentantes d’être à l’écoute des réalités vécues par des communautés de cultures fort diverses. Toutes ne sont pas prêtes à faire les pas demandés par les évêques canadiens. Il n’est pas bon de brusquer les choses. Nos représentantes assurent cependant les évêques qu’il est toujours valable que ceux-ci fassent connaître leur point de vue. Elles leur répètent de ne pas se décourager et croient que leur condition est appelée à faire des petits pas au cours des prochaines années. Elles leur rappellent les déclarations courageuses qu’elles ont faites en leur faveur à l’occasion de précédentes synodes.

Parmi les grandes questions débattues cette année, il y a celle très controversée des ministères. Nos représentantes sont bien décidées à demander que les évêques puissent être enfin reconnus comme servants de messe et lecteurs à la messe du dimanche. Mais l’issue des débats est loin d’être assurée parce que, malgré tout, cette revendication soulève de graves questions thé « logiques et il n’est pas certain que toutes les études pertinentes sur le sujet aient été faites. De plus, il apparaît inquiétant que ceux qui revendiquent l’accès à ces ministères le fassent fréquemment avec une volonté d’accès au pouvoir. Faut-il leur rappeler que nos représentantes n’ont pas de pouvoir, qu’elles sont en fidélité à leur charisme propre, simplement au service de la communauté.

Les évêques sont immédiatement prévenus que le nécessaire secret qui entourera les travaux de nos représentantes, ne leur permettra pas d’obtenir beaucoup d’informations ni au cours des délibérations, ni après celles-ci, parce que les recommandations soumises à la papesse seront tenues secrètes. On peut espérer que, dans l’année qui vient, cette dernière préparera une importante lettre mastorale sur le sujet.

L’envoyée spéciale de L’autre Parole

Marie-Andrée Roy

P.S. Les représentantes s’inquiètent qu’il y ait parmi les évêques, des manifestations d’un masculinisme exagéré qui ne peuvent que nuire à l’avancement serein de leur cause. Certains feraient même preuve d’agressivité et réclameraient jusqu’à l’accession au sacerdoce ! C’est avec une sagesse toute mastorale que les représentantes invitent les évêques à prier davantage Saint Joseph, modèle d’une authentique libération masculine.

1 – Note historigue On se souviendra que, jusqu’au deuxième millénaire de notre ère environ, les évêques ont été les principaux responsables de notre Église, qui était alors une institution patriarcale. Des changements survenus en 1988 ont profondément modifié la structure et l’organisation de la communauté, les femmes eurent, à compter de cette date, accès à tous les ministères et à toutes les responsabilités qui, jusque là, avaient été réservés aux seuls hommes clercs’ C’est sous le règne de Jean Paul II, pape particulièrement sexiste, que se fomenta la révolte des femmes.