Célébration inter-spirituelle

Célébration inter-spirituelle

Le rapport libre des femmes au sacré

 

Animatrices : Mélany Bisson et Andréna Pierre

Responsables du déroulement : Marie-Josée Riendeau et Denise Couture

Responsable des partitions musicales : Denyse Marleau

 

* 18h30 Le groupe Bonne Nouv’ailes aménage la salle de façon à faciliter la participation de toute l’assemblée à la célébration. Le centre de la pièce est occupé par un cercle sur lequel, au cours de la célébration, les femmes de diverses traditions viendront déposer tour à tour un objet symbolique significatif. tout autour, les chaises posées côte à côte attendent les participantes. Entre le centre et le cercle de chaises, un espace est réservé aux expressions rituelles.

 

*19hOO Accueil des participantes par Micheline Gagnon et Colette Pasquis qui remettent à chacune une bougie, en signe de bienvenue, en les invitant à prendre place. Denyse Marleau entonne alors le chant de ralliement : « Si on tissait ensemble » repris par l’assemblée.

 

Si on tissait ensemble

 

Paroles et musique : D.D.M.. Marleau

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble un tissu nouveau.

Tissu d’une société vivante et accueillante,

Plus juste et pacifiante, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble des liens nouveaux.

Liens vrais et authentiques, empreints de tolérance,

D’amour et de respect, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble un motif nouveau.

Motif qui émerveille, séduit et qui rassemble

La beauté de chacun, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble un chemin nouveau.

Chemin qui nous conduit plus loin et de l’avant,

Chemin plein de lumière, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble une chaîne nouvelle.

Chaîne si magnifique, riche par ses couleurs,

Par ses fils fins ou forts, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble une trame d’amour.

Trame de nos désirs vers un rêve à bâtir

Au bout de nos efforts, comme il ferait bon !

 

Si on tissait ensemble, coude à coude,

Si on tissait ensemble un monde nouveau.

Monde de liberté qui porte plein de vie,

D’espoir et de tendresse, comme il ferait bon !

 

En coulisse, quatre couples de femmes, tenant chacun une pièce de la sphère planétaire attendent le moment d’entrer en scène.

 

Ouverture : Appel des femmes demeurées en coulisse.

Andréna : Femmes de tous les horizons.

Le premier couple entre dans la salle et dépose la première pièce du cercle planétaire à un certaine distance du cercle central, puis va prendre place parmi les autres participantes

Mélany : Femmes de toutes traditions.

Le deuxième couple entre à son tour, dépose la deuxième pièce à l’endroit désigné et prend place.

Andréna : Femmes de tous âges.

Le troisième couple s’exécute à son tour comme les précédents.

Mélany : Femmes de toutes cultures.

La dernière pièce est apportée.

 

Les huit porteuses prennent alors place parmi les membres de l’assemblée. La figure 2 illustre l’emplacement occupé par les quatre pièces en attendant leur réunion.

 

Andréna : Maintenant nous sommes prêtes à célébrer ensemble le rapport libre des femmes au sacré dans la diversité de nos spiritualités.

Mélany : Partageons et protégeons le rêve que chaque femme, quel que soit son origine, puisse vivre en solidarité sa relation au sacré.

Andréna : Je suis Andréna Pierre, de tradition méthodiste, et avec ma compagne Mélany Bisson, de tradition catholique, je suis heureuse de vous accueillir à cette célébration féministe et inter-spirituelle. Elle reflétera la communauté que nous avons formée et entretenue depuis un an. Durant la célébration, nous partagerons tour à tour les rites et les prières de nos sœurs de différentes traditions : tradition sorcière, tradition vaudoue, tradition autochtone, tradition juive, tradition chrétienne, tradition musulmane et tradition baha’ie. Nous aurons une pensée particulière pour nos amies de tradition hindoue et de tradition bouddhiste qui n’ont pu se joindre à nous, ce soir.

Mélany : Nous voici entre nous, femmes de diverses traditions spirituelles. Nous savons que le rapport libre au sacré nous a été injustement retiré parce que nous sommes des femmes. Ce soir, comme femmes, nous pouvons respirer librement à travers la spiritualité qui nous est propre et en toute solidarité, dans le respect de nos lieux de provenance.

Andréna : Que l’espace sacré, auquel nous nous permettons d’accéder, soit partagé entre nous toutes. Qu’une même quête féministe nous rassemble au sein de la prière des unes et des autres.

 

Coeur de la célébration

Durant cette partie, l’accueil de chaque tradition alternera avec les créations produites en ateliers. De temps à autre, le sacré sera évoqué, grâce au talent d’Annie- Claudine.

 

. La tradition sorcière

Andréna : Grande Déesse des temps immémoriaux, en solidarité avec notre amie Sappho, nous t’accueillons parmi nous et te gardons avec nous. Sappho, de tradition sorcière, distribue aux participantes des cartes représentant des déesses aux dons différents et dépose sur la Table du centre les cartes non distribuées. Puis elle s’adresse ainsi à l’assemblée : « J’ai remis à chacune un portrait de déesse portant un attribut particulier tel: la fécondité, la lumière, l’amour, le temps… Ces déesses protectrices ont pour rôle de partager leur don propre avec qui leur fait confiance. À chacune de s’ouvrir, à son gré, à l’inspiration de la déesse qui lui a été attribuée afin de profiter de ses largesses ».

Mélany : J’invite maintenant le premier atelier à présenter le produit de sa créativité.

 

Les femmes de cet atelier se présentent. Chacune porte une pancarte marquée d’un slogan.

 

Yvette : « Notre groupe a choisi le symbole de la marche pour anticiper celle des femmes dont nous serons partie prenante et où se côtoieront des femmes de toutes traditions. La marche de ce soir se fera autour du cercle central. Après chaque slogan, l’assemblée est invitée à répondre en choeur et avec énergie : Marchons. Quelques notes musicales souligneront les intervalles entre chaque lancement de slogan. Le moment d’entrer dans la marche est laissé à l’initiative de chacune ». Voici les slogans créés par notre atelier :

• Avec Marie-Thérèse Olivier-Roy, membre .de L’autre Parole, décédée le mois dernier, et toutes nos soeurs engagées à la cause des femmes, marchons.

• Nous, femmes, premières éducatrices de chaque nouvelle génération, marchons.

• Nous qui sommes la Beauté de la terre verdoyante, marchons.

• Nous, artisanes de Paix, qui refusons d’envoyer nos jeunes à laguerre, marchons.

• Nous, femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, marchons.

•  Nous, femmes en quête du Grand Mystère, marchons.

•  Nous, confiantes en la vie, marchons.

•-Nous, enceintes de la Divinité, marchons.

• Nous, femmes promotrices d’une civilisation nouvelle, marchons.

• Nous, imprégnées de sororité, de patience, d’intuition et d’amour, marchons.

•  Nous, femmes de toutes générations, cultures, classes sociales, croyances, marchons.

 

À la fin, toutes les femmes sont en marche… Après de vibrants applaudissements, chacune regagne sa place.

 

. La tradition juive

Mélany : Libertés du judaïsme, embrassant la source de la vie, en solidarité avec nos amies Véronika et Sonia, nous vous gardons avec nous. Véronika vient déposer un « houmash » sur le cercle central et présente ainsi sa tradition :

 

« Ce que je souhaite vous transmettre est quelque chose de simple et de représentatif du judaïsme ainsi que du rôle des femmes dans cette tradition. J’en soulignerai trois aspects :

 

D’abord, le chant d’Hannah Téferel Siegel, une femme très active dans le mouvement du judaïsme renouvelé. Elle chante l’eau et l’amour de Dieu. L’eau est associée à Myriam, prophétesse et soeur de Moïse et donc associée aux femmes en général.

 

Ensuite, la récitation du Shema : « Shema Israël, Yah Eloheynu Ya Echod… » prière centrale du judaïsme qui annonce que notre Dieue est une, unie et unique. Dans la version originale, ce n’est pas Yah, mais Adonaï qui signifie Seigneur. Le « Yah » est un nom sans genre qui peut remplacer Adonaï pour désigner la divinité.

 

Tous les juifs, partout dans le monde, même les moins croyants, connaissent cette prière qui est répétée presque à chaque fois qu’on prie ensemble. C’est aussi cette prière qui a été sur les lèvres des juifs quand ils ont dû entrer dans les chambres à gaz à Auschwitz et ailleurs, affirmant ainsi leur foi, une foi que les Nazis n’ont pas réussi à détruire. Une sorte de victoire tragique…

 

Finalement, le livre — « Houmash » — qui a été placé sur la table, contient les cinq livres de Moïse. Ces cinq livres, transcrits à la main sur du parchemin qui est ensuite roulé, constituent la Torah qui est ouverte et lue dans les synagogues à chaque samedi matin (notre sabbat).

 

Dans la tradition ancienne, il est interdit aux femmes de toucher à la Torah (le parchemin) parce qu’elles peuvent être « impures » (à cause de leurs menstruations) et « contaminer » ou profaner alors la Torah. Dans le judaïsme renouvelé, je peux danser avec la Torah dans mes bras. C’est très important pour moi ! Même si le « Houmash » n’est pas la Torah, pour moi, sa présence signifie quand même l’accès libre des femmes au sacré ».

 

Mélany : J’invite le deuxième atelier « Les spiritualités partagées » à se produire.

 

Les femmes de ce groupe se présentent et se placent dos à dos. « Ça prend du courage et de la foi, dit l’une d’elle, pour parler de sa spiritualité et se mettre à l’écoute de celle des autres. Ça prend aussi de la compassion ».

 

À la suite de cette introduction, chacune témoigne de sa spiritualité :

 

•*• Pour moi, la spiritualité s’exprime à travers le support que se donnent les femmes entre elles et l’audace dont elles font preuve pour se créer un lieu propice à se rebâtir et à reprendre du pouvoir sur soi (empowerment).

•*• Pour moi, c’est tendre à rester sereine, éveillée, paisible et demeurer en contact avec les autres.

•*• Moi, j’aime tout ce qui est harmonieux ; j’aime aussi toute spiritualité qui célèbre la beauté de la Nature.

•*• Pour moi, la spiritualité c’est accueillir et être à l’écoute de l’autre dans ce qu’elle a d’unique. C’est croire en sa capacité de se réaliser et de se laisser habiter par l’amour de Dieue.

•*• Pour moi, c’est reconnaître l’égalité des personnes avec tout ce qu’elles sont, y compris leurs faiblesses. C’est chercher à se mettre en harmonie avec la nature quand on se reconnaît faible. Les intempéries de la vie, les souffrances nous rendent plus fortes.

•*• Ma spiritualité à moi se nourrit au cycle des saisons, au cycle de la nuit. Elle s’abreuve à la transition des saisons. Elle s’apaise dans l’harmonie du cosmos.

 

Après s’être exprimée, chacune se tourne vers le cercle central. Les femmes se donnent d’abord la main puis s’écartent les unes des autres pour signifier que le cercle peut s’agrandir et que l’ouverture aux autres est toujours possible.

 

. La tradition autochtone

Andréna : Élans, odeurs et rêves des traditions spirituelles des Premières Nations, en solidarité avec notre amie, Marie-Laure, nous vous gardons avec nous.

 

Marie-Laure se présente tenant quatre coquillages contenant chacun un élément symbolique.

 

Elle dit : « Ces coquillages que je viens de déposer sur le cercle servent à adresser des louanges au Créateur selon les quatre directions.

 

Le coquillage orienté vers l’Est renferme du foin d’odeur, symbole de paix.

 

Celui qui regarde le Sud renferme du cèdre, symbole de guérison .

 

Le coquillage tourné vers l’Ouest renferme de la sauge, symbolisant le pouvoir de chasser les mauvais esprits.

 

Enfin le dernier coquillage placé face au Nord renferme du tabac, symbole d’offrande et de reconnaissance.

 

Le Créateur nous invite à partager tout ce que nous avons et à respecter ce qu’il y a d’individuel et d’unique en chacune de nous ».

 

Andréna : J’appelle le troisième groupe de créativité à se présenter. Les femmes de ce groupe se placent d’abord en cercle, dos à l’assemblée. Elles rêvent…

 

Puis, l’une après l’autre, après avoir dévoilé le rêve qu’elle porte, se tourne vers l’assemblée.

 

Introduction : « Le capteur de rêves1  (1 Ce texte est reproduit à la page 37) est un récit qui nous vient de la culture amérindienne et qui évoque les mystérieuses images de la nuit. Ce soir, ensemble, nous rêvons car le rêve, expression des besoins de l’âme, permet de nous libérer.

 

•*• Nous rêvons de liberté spirituelle pour toutes les femmes.

•*• Nous rêvons de nous approprier nos pouvoirs sacrés en lien avec l’archétype de la Grande Déesse.

•*• Nous rêvons de poser des gestes révélateurs du visage féminin de Dieue.

•*•Nous rêvons de transmettre aux enfants une spiritualité de la joie.

•*• Nous rêvons de célébrer ensemble nos souffrances, nos peurs, nos mauvais rêves afin de leur donner un sens et de les transformer en joie, en fête.

•*•Nous rêvons de communier aux diverses spiritualités dont se nourrissent les femmes.

•*• Nous rêvons d’un accueil pluriel à toutes les spiritualités féministes pour les célébrer en toute liberté et fluidité.

 

Conclusion : Ce sont là nos rêves. Nous vous invitons à les poursuivre et à les enrichir de votre propre réflexion ».

 

Mélany : Maintenant, je nous invite à faire silence afin de laisser émerger, en chacune de nous, le souffle qui nous est propre… (musique en sourdine)

Andréna : Espérances issues du mouvement de Jésus, en solidarité avec notre amie Colette, nous vous gardons avec nous.

Colette entre, tenant une Bible qu’elle va déposer sur le cercle, puis elle fait la lecture suivante :

 

Commentaire de l’Évangile de Matthieu 28, 1-10 selon Yvone Gebara1, théologienne brésilienne : il s’agit de l’épisode de la visite des femmes au tombeau, le matin de Pâques.

 

1 Extrait de L’autre Parole, no 85, « Deux femmes en marche vers quelque part », p. 33-36  «L’évangile nous dit que ce sont deux femmes qui vont au tombeau.., Personne ne les a envoyées… sauf le mouvement de leur coeur, la passion silencieuse qui les habitait, la complicité entre elles […]. Les deux femmes au tombeau ne sont pas appelées disciples, ni soeurs de Jésus. Heureusement, on sait au moins leurs noms… les deux Marie, chacune avec son histoire propre. Mais ce qui les caractérise le plus est le fait d’être deux femmes qui marchent vers quelque part, ensemble avec un but précis […]. Elles vont au lieu des tombeaux, au lieu où l’on n’attend plus la vie. En silence, elles cherchent quelque chose ensemble, peut-être à mouvoir la pierre

pour être sûres que le bien-aimé est là. Peut-être, veulent-elles un signe d’espérance, quelque chose pour s’assurer que l’amour vit encore.

 

Elles s’aperçoivent que ce qu’elles cherchent n’est pas là, à l’intérieur des tombeaux, mais en Galilée, au milieu des gens. C’est là le lieu du sens nouveau ou simplement le lieu du renouvellement du sens. Mais, pour arriver à cette intuition, il faut d’abord veiller, attendre patiemment l’arrivée de l’aurore, courir, traverser l’immobilité des tombeaux pour que finalement des petites poussées de lumière arrivent… Les deux femmes sont enceintes d’une nouveauté, de quelque chose qui ne peut être retenu dans un tombeau, de quelque chose qu’il faut crier sur les toits, de quelque chose qui fait peur à cause de la force et de la liberté provoquées. Le vieux sens doit nous renvoyer toujours vers le nouveau sens, celui qui est en gestion au milieu des gens simples et des gens assoiffés de liberté ».

 

Andréna : C’est maintenant au quatrième atelier à entrer en scène. Sur un rythme de Rap, la chanteuse se présente, entourée d’un cerceau auquel sont accrochés des foulards de couleur dont les extrémités sont retenus par les autres femmes du groupe qui l’accompagnent. Arrivée sur place, la chanteuse commence à scander le texte suivant pendant que les autres femmes font tourner le cercle en dansant.

 

•*• « Des ténèbres surgit/ une belle déesse/ elle avait pour nom Gaï’a/ et au lieu de s’ennuyer/ elle créa l’humanité.

•*•Après un certain temps/ l’hindouisme s’implanta Gmnama shivaya/ puis la cascade commença.

•*• Le judaïsme nous amena/ Abraham et Sara.

•*• Le bouddhisme nous apporta/ Bouddha et le nirvana.

•*• Le christianisme arriva/ Marie, Jésus, Alléluia.

•*• Et l’islam nous donna/ le Coran, vive Allah.

•*• Le Grand Esprit enfin souffla/ les autochtones étaient là.

•*•La foi baha’ie déclara/ Allah « n » abha ». Les femmes de l’assemblée, stimulées par le rythme, ne tardent pas à frapper des mains et à entrer dans la danse.

 

. La tradition vaudoue

Mélany : Rythmes et prières d’une très ancienne tradition d’origine africaine, en solidarité avec Anne-Marie, nous vous gardons avec nous, Anne-Marie se présente au son du tam-tam et vient déposer son tambour sur le cercle avec les autres symboles. Puis elle parle ainsi de la tradition vaudoun :

 

« Le vaudoun, gestion pratique des énergies du psychisme humain, du magnétisme de l’environnement et des substances végétales, promeut le bien-être de ses adeptes.

 

Il leur prodigue spécifiquement des soins de santé mentale, la thérapie du massage et de la danse et leur fait profiter des défoulements nécessaires à leur rééquilibrage psychologique par le chant, les acclamations et les danses sur des rythmes adaptés, scandés par le tambour.

 

Dans l’imaginaire du vaudouisant, ces énergies sont personnifiées…

Ce sont les Iwa qui reçoivent les noms de Azaka, Danbala, Legba, Ogoun, Simbi, Agwe, Ezili… Le tambour est leur voix, une voix qui marque leur présence et communique leurs messages.

 

Le vaudoun utilise trois grands rites : le Rada, le Kongo et le Petro en plus d’une multitude d’autres tels que Ibo, le Yanvalou, le Maji… L’un de ces rythmes, le Yanvalou, seule cadence agréée par le Iwa Danbala et concrétisé par la couleuvre, symbolise la souplesse, la dextérité, l’habileté, le respect et l’adoration. La danse yanvalou s’exécute par une ondulation voluptueuse de l’épine dorsale ».

 

Anne-Marie, qui exécute alors la danse de la couleuvre, est vite suivie

par de nombreuses imitatrices.

 

Mélany : J’invite le cinquième groupe de créativité à prendre place.

Louise Melançon, déléguée par les membres de son atelier, se lève et commence la lecture de la ré-écriture de la Visitation :

 

« En ce temps-là, les femmes de L’autre Parole partirent en hâte, en plein vendredi soir, pour se rendre dans le bas pays, à Châteauguay. Elles entrèrent dans la maison de Mère d’Youville et saluèrent les femmes de la Table féministe et interspirituelle.

 

Au moment de la salutation, chacune sentit tressaillir en elle la promesse d’une fécondité nouvelle. Elles furent remplies de la Ruah, c’est-à-dire d’un souffle nouveau. Elles poussèrent alors des cris joyeux et se dirent :

Oui, elles sont bénies ces femmes : Anna Corona, Angela Davis, Kateri Tekakwitha, Françoise David, Joséphine Dandurand, Rosa Parlss, Nauval Sadaoui, Thérèse de Lisieux, Élizabeth Cady Stanton. Ils sont bénis les fruits de leurs seins.

 

Comment nous est-il venu de nous rencontrer nous qui venons d’horizons différents ? Car lorsque nous avons écouté le récit de nos soeurs, nos propres spiritualités nous ont fait bondir de joie et notre esprit s’est rempli d’allégresse quand nous nous sommes découvertes porteuses de figures distinctes. Que notre âme exalte la Mater divine. Oui, bienheureuses celles qui croient en la fécondité du dialogue féministe et inter-spirituel. Désormais toutes les générations nous proclameront bienheureuses parce que la Parole divine a fait pour nous de grandes choses ! Sa bonté s’étend, de génération en génération, sur celles qui espèrent. Ensemble, nous disperserons les représentants du patriarcat. Et, à la suite de Marie et d’Elisabeth, nous marcherons avec les pauvres, les affamées de justice et de paix, pour contrer toutes formes de violence. Ensemble, nous ne serons pas renvoyées les mains vides. Et nous partagerons le pain et les rosés ».

 

Les femmes de L’autre Parole et les femmes de la Table féministe et interspirituelle demeurèrent ensemble trois jours, puis elles retournèrent chez elles le coeur rempli d’émerveillement.

 

. La tradition musulmane

 

Andréna : Paix et joie, fleurons de la tradition des pays arabes, en solidarité avec Fatiha, nous vous gardons avec nous.

 

Fatiha s’avance au milieu de l’assemblée et dépose le Coran sur le cercle central, puis elle dit :

 

« Étymologiquement, le mot ISLAM signifie la paix, la soumission ; vivre en amitié, en harmonie. Selon l’islam, paix et bonheur éternels sont les fruits d’une soumission complète de sa volonté à celle de Dieu.

L’établissement de la vraie démocratie et de la vraie fraternité universelle sans aucune distinction de castes, de croyances, de couleurs ou de pays est aussi un trait de l’islam qui est unique et sans égal ».

 

Andréna : J’invite le sixième groupe de créativité à se manifester.

 

Une femme de ce groupe qui s’est inspiré du texte : Le chant de la bouddhéité aux mille visages pénètre dans la salle, déguisée en arbre, suivie des autres femmes qui vont entrer tour à tour en dialogue avec l’arbre.

 

Les femmes ensemble : Allons vers l’arbre.

 

Une femme musulmane se présente et le dialogue s’engage :

L’arbre : Que m’apportes-tu, ma soeur ?

Par dessous mes voiles, je t’apporte l’amour et l’amitié de la terre d’islam.

 

Une femme juive lui succède :

L’arbre : Que m’apportes-tu, ma soeur ?

Je t’apporte les cris de douleur qui montent de ma mémoire.

 

Une femme hindoue s’approche à son tour :

L’arbre : Que m’apportes-tu, ma soeur ?

Je t’apporte la non-violence de Ghandi.

 

Une autre femme marche vers l’arbre :

L’arbre : Que m’apportes-tu, ma soeur ?

Je t’apporte des horizons pour respirer.

 

L’arbre : Merci, mes amies, de me faire confiance. Je sais faire le lien entre les nuances et les différences.

Soutenues par une musique bien rythmée, les femmes font la ronde autour de l’arbre en signe d’acquiescement.

 

. La tradition baha’ie

 

Mélany : Tradition sans frontières, éprise d’unité et d’égalité, avec nos sœurs Denise et Leyla, nous te gardons avec nous.

 

Denise B. présente ainsi sa tradition :

 

« La foi baha’ie, fondée par Baha’u’Ilah (Gloire de Dieu) croit en l’unité de l’humanité qui doit se manifester par étapes successives durant l’âge de maturité de l’humanité. Née au siècle dernier en Iran, elle s’est répandue partout à travers le monde et enseigne les principes qui permettent à ce monde de lever l’étendard de la paix, de la justice et de l’unité. Un de ses principes importants est celui de l’Egalité de l’homme et de la femme ».

 

Leyla présente alors la reproduction d’un oiseau dont l’une des ailes est marquée du symbole mâle et l’autre du symbole femelle et dont le corps porte le symbole baha’i.

 

« Comme l’oiseau, l’humanité possède deux ailes, l’une mâle, l’autre femelle. Si les deux ailes ne sont pas d’égale puissance et mues par une force commune, l’oiseau ne peut s’envoler vers le ciel. Aussi longtemps que les femmes seront empêchées de développer au maximum leurs facultés, les hommes ne pourront atteindre la grandeur qui pourrait être la leur ».

 

Denise et Leyla interprètent ensuite avec brio le chant de ralliement de la tradition baha’ie.

 

L’assemblée les soutient en frappant des mains et en chantant avec elles le refrain :

 

Ya Baha’U’ L-Ala

Ya Ali ‘U’ L-Ala « À la gloire du très glorieux »

 

Clôture :

 

Les femmes qui ont apporté les quatre parties de la carte planétaire se lèvent et vont les placer autour du cercle central où sont réunis les symboles des diverses traditions marquant notre appropriation féministe et interspirituelle du sacré.

 

Les lumières sont alors tamisées et une musique pacifiante envahit l’intimité de chacune des participantes.

 

Sur l’invitation de Mélany, les bougies s’allument les unes aux autres en partant de celles des deux animatrices… et forment à la fin une couronne de lumière.

 

Dans cet espace de sacralité, celles qui se sentent inspirées expriment le voeu ou la réflexion qui monte en ce moment du plus profond de leur être…

 

Puis Nathalie évoque avec émotion le souvenir de nos soeurs absentes :« Je nous invite d’abord à avoir une pensée pour les femmes de la Table inter-spirituelle et les femmes de L’autre Parole qui n’ont pu se joindre à nous…

 

Pensons aussi à ces femmes et à ces filles de tous les continents et de tous les horizons :

•*• femmes de dialogue et de solidarité, artisanes de paix au quotidien ;

•*• femmes de mémoire d’aujourd’hui et de demain ;

•*•  femmes de courage, de famine, de détresse et d’espérance ;

•*• femmes victimes de la guerre, de la violence et de l’absurdité des choses ;

•*• femmes exclues et marginalisées ;

•*• femmes de parole et de silence ;

•*• femmes de tempête et de patience.

Toutes ces femmes nous invitent à dépasser les frontières de nos différences et à aller à la rencontre de l’autre.

Gardons aussi au coeur une pensée pour toutes les femmes d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Amérique latine et des Antilles. Femmes du Nord et femmes du Sud, femmes d’Orient et femmes d’Occident : femmes trop souvent absentes de nos consciences quotidiennes.

 

Malgré la distance qui nous sépare et malgré leur absence physique, entendons l’écho de leurs voix et de leurs cris qui résonnent à nos oreilles tel un appel au dialogue, à la paix, à la solidarité et à l’ouverture des coeurs ».

 

Un moment de silence… les bougies s’éteignent…

 

Pour clore la célébration en beauté, Mélany nous invite à reprendre ensemble le chant d’ouverture : Si l’on tissait ensemble, en se tenant par les épaules.

 

C’est maintenant l’heure du partage de gâteries dans une ambiance festive.