Béatitudes pour un temps de pandémie

Béatitudes pour un temps de pandémie

Carmina Tremblay, Bonne Nouv’ailes

Parmi les centaines de mots que j’ai déjà écrits sur la COVID-19, j’ai choisi quelques 400 mots pour vous exprimer mon trouble face à cette pandémie. 

Il y a d’abord eu le beau discours sur les vertus de la pandémie et du confinement :

Oh ! Quel beau cadeau que ce virus ! Quel temps béni pour passer du temps avec soi-même, pour s’occuper de sa vie intérieure, pour passer du temps avec ses enfants, se rendre compte de l’existence de sa conjointe, etc., etc. 

Et bien moi, je dis :

Heureuses les personnes qui n’ont pas attendu l’apparition d’un virus pour se rendre compte qu’elles avaient une vie intérieure dont il fallait prendre soin en tout temps.

Heureuses les personnes qui n’ont pas attendu que Horacio[1] leur dise qu’il était beau et bon de cuisiner et manger en famille, à la maison et qui ont pu continuer d’aller profiter des bons repas et petits plats préparés par leurs parents, leurs sœurs, leurs frères et leurs ami∙e∙s.

Malheureuses les familles qui ont dû se confiner dans des appartements déjà trop petits et dont la proximité physique est devenue obligatoire pour leurs membres alors qu’elle était pourtant déconseillée au reste de la population. Cela n’a fait qu’augmenter la détresse et les risques d’abus et de violences.

Malheureux les enfants qu’on a sortis des écoles pour les obliger à se confiner avec des parents souvent déficients alors que les enfants n’étaient pas vraiment à risque.

Malheureux ceux et celles qui voulaient absolument que le gouvernement nous impose par des lois des mesures de protection. Heureux le gouvernement qui faisait plutôt appel à notre intelligence et à notre bon jugement.

Malheureuses les personnes qui ont été obligées de s’enterrer vivantes dans leur appartement au moment du confinement et heureuses celles qui ont pu continuer de vivre dans la liberté avec les choix et les risques que comporte la liberté.

Malheureux ceux et celles qui ont perdu des êtres chers sans pouvoir faire leurs derniers adieux.

Malheureux les gouvernements qui veulent profiter de la situation cahoteuse pour faire-fi des bonnes règles déjà établies pour « relancer l’économie… ».

[1]Le Dr Horacio Arruda est le directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint à la Direction générale de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Il participe aux conférences de presse du gouvernement du Québec. S’il a des adeptes, plusieurs critiquent sa condescendance.