Une grève ? Sommes-nous prêts ?

Une grève ? Sommes-nous prêts ?

 

La déclaration unilatérale de Jean-Paul II dans le refus du sacerdoce de la femme ne pouvait que provoquer d’une part, une vive contestation, et d’autre part une volonté d’engagement visant à faire corriger ce que nous considérons comme une grave erreur de la part de Jean-Paul II et de ses adeptes.

Personnellement, ma place dans l’Église, je l’ai prise non seulement sans difficultés mais soutenue de façon privilégiée par des autorités d’Église, ce dont je leur suis reconnaissante. Ce n’est donc pas pour moi personnellement que je me suis engagée dans cette lutte, mais par solidarité avec les femmes, par souci des droits de la personne et pour aider l’Église à se libérer du sexisme qui l’empêche d’être authentique dans ses enseignements et qui prive ses membres d’une part active d’évangélisation et du ministère sacramentel pouvant apporter en son sein une plus grande vitalité.

Le C.L.A.C. est un collectif libre d’actions concertées pour toute personne voulant promouvoir la justice et l’égalité entre femmes et hommes. Sa visée fondamentale est de remédier à toute forme de sexisme par la conscientisation. Dans notre volonté d’engagement, nous du C.L.A.C., que poserions-nous comme geste d’action ? – Une manifestation visant à exprimer notre désaccord. Celle-ci fut bien accueillie par un grand nombre de personnes engagées en Église dont les religieux(ses) et la manifestation eut lieu. – Une GRÈVE. Imaginez que les femmes ne se présentent plus par exemple, aux messes du dimanche… l’Église se viderait du trois quart. Nos évêques ne seraient-ils pas alors obligés d’agir en faveur du sacerdoce de la femme plutôt que d’endosser une décision injuste et dictatoriale prise par le Pape Jean-Paul II ? Mais, nous les femmes et hommes solidaires, avons-nous le courage de prendre ces grands moyens pour activer ce que nous voulons ou nous contentons-nous de souhaits pieux… Beaucoup de pratiquants approuvent une manifestation, cependant ces mêmes personnes refusent une grève et en sont môme scandalisés. Pourquoi ? La réponse entre des réponses est que par sa doctrine, l’Église leur a inculqué une notion fausse du péché. Le nouveau catéchisme ne dit-il pas que de ne pas aller à la messe du dimanche est péché « grave ». Si péché grave il y a, n’est-ce pas plutôt du côté du Pape et de la hiérarchie qui continuent par l’approbation du catéchisme, à propos duquel tous ne sont pourtant pas entièrement d’accord, d’injecter une telle fausseté dans les consciences en les maintenant volontairement sous leur pouvoir de décision, les tenant ainsi dans des malheureux complexes de culpabilisation et, plus grave encore, de leur imposer une conscience collective au détriment de leur conscience individuelle et personnelle. Les « dégagés » de ce joug, hommes et femmes, sauront-ils s’unir pour une conscientisation générale du bien fondé que pourrait être une grève par exemple. C’est à souhaiter.

Andrée Richard, auteure, co-fondatrice du C.LA.C.