Célébration féministe : des guérisons en crescendo

Célébration féministe :
des guérisons en crescendo

Groupe Bonne Nouv’ailes

J’attends la guérison
Comme l’arbre
Attend ses bourgeons
Au printemps.

Joséphine Bacon[1]

Cette célébration souligne l’importance de la connexion à notre force vitale dans un objectif de guérison. Une guérison individuelle et collective. Elle se déroule en trois temps qui nous amèneront jusqu’à une connexion sororale avec toutes les femmes. Le tout embelli d’odeur de roses !

PREMIER TEMPS
Entrée en célébration

Les femmes conviées à la célébration attendent l’ouverture des portes de la salle où se tiendra la célébration. Les animatrices les y rejoignent.

Une animatrice annonce : « Notre intention, lors de cette célébration, est de vivre ensemble un moment de reconnaissance et de connexion à notre force vitale. Pour ce faire, nous vous invitons à entrer dans le “sein des Saintes” ». Un premier rite de purification prend forme, amenant chaque participante à consentir à ce passage en se faisant asperger les mains d’eau de rose. L’eau de rose vivifie la peau, la nettoie et l’hydrate. Elle aurait aussi des vertus cicatrisantes et relaxantes[2] !

Dans la salle, les chaises sont installées en demi-cercle, autour d’une table couverte d’une nappe. Une bougie, un plateau d’argent couvert de pétales de roses y sont installés. Une pièce de Alexandra Stréliski[3] joue en sourdine, le temps que les participantes prennent place.

DEUXIÈME TEMPS
Les étapes de la montée vers la grande force vitale des femmes

Guérison individuelle

Proclamation inspirée de Monique Dumais : « Lorsqu’énoncé dans la grammaire de la foi chrétienne, le féminisme est une Pâque des femmes qui consiste à contrer la réduction de soi pour retrouver ses forces vitales à partir d’un retour à soi, d’un retour à son propre souffle, sous l’impulsion du Souffle de l’Esprit. »

Une animatrice poursuit : « En entrant dans le “sein des Saintes”, nous avons aspergé vos mains d’eau de rose. Nous continuons cette connexion avec le corps au moyen du scanning du visage, avec nos mains que l’on aura frottées l’une contre l’autre. Nous allons ensuite prendre trois inspirations pour nous connecter à cette force, grâce à la Ruah. »

Les femmes s’adonnent lentement, posément, à cet exercice. Leurs mains s’arrêtent sur les parties de leurs visages qui émettent plus de chaleur : le lieu de leur énergie vitale.

Premier cercle de parole : les participantes sont invitées à discuter avec leurs voisines sur leurs façons particulières de se connecter et de nourrir leur force vitale.

Guérison en solidarité

Proclamation inspirée de Monique Dumais : « La solidarité féministe donne du souffle. Elle est comme une brise d’air frais, elle est la reprise de son propre souffle. Qu’on ne vienne pas “pomper l’air” aux femmes -ce que fait le corps clos du patriarcat. »

Dans un deuxième mouvement, une animatrice invite chaque femme à passer sa propre force à une autre. Deux à deux, elles se font face, sans se toucher ; la main droite donne, tandis que la main gauche repose sur un point d’énergie vitale propre à chacune.

Guérison collective : L’autre Parole, aujourd’hui

Les participantes s’assoient. Deux animatrices se dirigent vers le plateau d’argent où ont été déposées les réécritures bibliques de l’après-midi. Elles lisent tour à tour une phrase forte tirée de chaque texte. Elles les replacent ensuite doucement sous les pétales de roses.

Une animatrice proclame ensuite : « Il est temps de raffermir notre énergie vitale, à la source de la création de notre collective. » Elle prend ensuite le plateau et circule lentement de l’une à l’autre des participantes qui tendent la main gauche, celle qui reçoit, au-dessus, dans un symbole de connexion à l’énergie de L’autre Parole.

Guérison par la collective, son histoire, sa durée

Parole de Joséphine Bacon : « J’ai besoin de ma mémoire, pour ne pas me perdre, pour suivre le portage, ne pas mourir, sans récit[4]. »

Proclamation de Ivone Gebara

Depuis le début du monde, « L’autre Parole » nous habitait. Elle était en nous depuis le commencement, mais elle n’avait pas pu se manifester. Elle était en nous, elle était aussi nous, mais les forces de la lumière blanche aveuglante, de la lumière toute puissante ne lui ont pas permis de se manifester. Elle a été rejetée, est devenue un objet de moquerie, un bouc émissaire pour les maux du monde !

« L’autre Parole » est née cette fois-ci dans un coin particulier du monde, dans une crèche québécoise, en 1976. Les mères l’ont enveloppée de tendresse, de soin, de chaleur et lui ont permis de grandir au milieu des adversités du temps présent. L’annonce de sa naissance fut joie pour beaucoup et inquiétude pour certains. Les armées du Pharaon et aussi les soldats d’Hérode ont voulu la tuer. Plusieurs sont venus se demandant si cette « parole » était vraiment « autre » ou si elle était la « même » de toujours, à peine déguisée en nouveauté. Les mères ne prenaient pas la peine de répondre, mais elles continuaient de « la » faire grandir et de l’appeler simplement « autre Parole ». Elle devait être autre Parole, autre Pouvoir, autre Écriture, autre Lecture, autre forme d’aimer.

Depuis 48 ans, elle est devenue, au Québec, une parole de femmes, « souffle de femmes », grâce de femmes, rire de femmes dans la Sagesse aux mille visages qui nous a été donnée. Elle s’est voulue de Dieue, aimée depuis toute création, nourrie par l’Esprit de tendresse, ressuscitée après chaque mort et chaque souffrance.

« Autre Parole », Parole de femmes, Écriture de femmes, souffle provisoire et éternel, souffle qui meurt et qui ressuscite pour toujours. Ce souffle sera parmi nous jusqu’à la fin du monde[5]. »

Pour le quatrième mouvement, une animatrice invite alors les femmes à se lever. Toutes se courbent vers l’avant, les bras ballants devant soi, puis elles se redressent lentement.

Un deuxième cercle de parole a lieu où les femmes mettent en commun un moment fort de leur appartenance à la collective qui a nourri leur force vitale.

TROISIÈME TEMPS
Clôture

Guérison de toutes les femmes

Proclamation de Nicole Brossard : « Inutile de prendre la parole pour renforcer les paysages du statu quo. […] il faudra de formidables colères, un désir plus fou que tous les désirs surréalistes, une curiosité qui oblige à commettre de terribles indiscrétions, à poursuivre de difficiles enquêtes. Il faudra apprendre à dépasser les bornes[6]. »

Les femmes étendent les bras largement, puis ramènent l’énergie de l’univers et du féminisme vers elles.

Deux animatrices distribuent des petites fioles d’huile de rose, tandis qu’une autre invite les femmes à s’avancer vers le « sein des Saintes », afin de déguster des loukoums et une liqueur de rose. La chanson « Du pain et des roses » jaillit, festive.

Enfin, les participantes auront ensuite le grand plaisir de danser au son d’une liste de lecture de chansons sur le thème des roses !

 

[1] Joséphine BACON, Kau Minuat. Une fois de plus, Montréal, Mémoire d’encrier, 2023, p. 112.

[2] Marine RONDOT, « Les 10 bienfaits de l’eau de rose au quotidien », Passeport Santé, le 6 novembre 2024.

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=bienfaits-eau-rose-sante (29/04/2025).

[3] Alexandra STRÉLISKI, Burnout fugue, de l’album Inscape. La musique de Stréliski nous accompagnera tout au long de la célébration.

[4] Joséphine BACON, Op. cit., p. 82.

[5] Extrait (ajusté et modifié au goût du jour) du texte d’Ivone GEBARA, « L’autre Parole en fête », L’autre Parole, no 91, automne 2001, p. 5-7.

[6] Nicole BROSSARD, Baroque d’aube : roman, Montréal, L’Hexagone, 1996, p. 125-126.