L’AUTRE PAROLE ET LES MÉDIAS

L’AUTRE PAROLE ET LES MÉDIAS

Un exemple d’utilisation d’outils multiplicateurs pour des pratiques militantes et de solidarité

Monique Hamelin, Vasth

Dans un premier temps, permettez que je donne une définition de « médias » pour que nous partagions un même langage. Le terme « médias » sera compris dans le sens de : moyens de diffusion, de distribution et de transmission massive de l’information – tant par l’écrit (la presse au sens large) que les ondes (radio, télévision (à ses débuts), etc.) et les télécommunications numériques (Internet, télévision, etc.).

Dès sa création en 1976, L’autre Parole a misé sur les médias – à l’époque principalement la presse écrite. Ce choix permettait non seulement de faire connaître qu’il y avait eu un colloque, qu’un groupe de réflexion et d’action venait d’être créé, mais qu’également un nouveau bulletin venait de naître. Juste un filet, apparu dans un quotidien, avait suscité de l’intérêt chez des femmes ; quelques abonnements à la revue ont suivi. Je le sais, car mon premier contact avec la collective fut par ce biais et je ne suis pas un cas unique.

La revue permet à la collective de diffuser les réflexions, actions, prières, célébrations et réécritures des membres ou de femmes proches de la collective.  Les abonnées, quelques centaines, sont très majoritairement des femmes. La revue permet donc de rejoindre, non seulement les membres, mais d’autres femmes qui partagent les objectifs de L’autre Parole sans en devenir membres.

Si le bouche à oreille est utile pour le recrutement et l’expression de la solidarité des femmes de L’autre Parole avec les revendications des autres groupes féministes, l’effet multiplicateur obtenu en misant sur la presse écrite (quotidiens, revues, etc.), les ondes et les télécommunications, est incomparable.

Une des premières actions menées par le collectif – comme on disait à la fin des années 1970 – concernait la pièce de théâtre Les fées ont soif !  On se rappellera que cette pièce de théâtre de Denise Boucher a permis une prise de conscience – entre autres par le mouvement des femmes – du rôle de la religion dans l’évolution de la condition des femmes au Québec comme le rappelait Marie-Andrée Roy dans le Cahier no 1 – Paroles sur Les fées ont soif. Outre ce cahier spécial et les lettres aux journaux, des membres de la collective répondaient aux invitations des médias. Au fil des années, des réflexions et actions ont suivi, comme les pétitions d’appui à Teresa Kane, cette religieuse américaine qui est intervenue, lors de la visite du pape Jean-Paul II aux Etats-Unis, pour demander une place pour les femmes dans l’Église, des paroles collectives avant la visite du pape Jean-Paul II au Québec, des conférences de presse comme au moment de la prise de position des évêques sur l’avortement. Contrairement à ces derniers, nous revendiquions, en solidarité avec d’autres groupes de femmes, que « La vie des femmes n’est pas un principe ». L’organisation de plusieurs débats, journées de réflexion, célébrations sur des thèmes divers ont permis une prise de parole lors d’événements publics et des écrits suivaient et partaient aux quatre coins du Québec, du Canada et même ailleurs dans le monde. Parmi les sujets traités notons : les nouvelles technologies de la reproduction, l’ordination des femmes, Marie, le sacerdoce des femmes, les femmes et la spiritualité, les femmes et la mondialisation, etc.

Plusieurs membres de la communauté sont des auteures prolifiques et leurs écrits sont publiés. Si les sujets sont souvent à connotation théologique ou sociologique, d’autres rejoignent et alimentent les questionnements ayant cours au sein des groupes et dans la société en général tels : femmes et mondialisation, avortement, femmes et pouvoir dans l’église, les saintes, etc .

La revue et la collective auront bientôt 35 ans ! Pour les communications, l’avenir est maintenant sur Internet. L’ère du papier n’est pas révolue, mais un positionnement virtuel permet de rejoindre plus de femmes partout sur la planète et à moindre coût.

C’est à Beijing en 1995 que les groupes de femmes ont pris conscience de la force de cet outil. Les femmes de tous les continents – de l’Afrique, de l’Asie, d’Océanie, des Amériques et de l’Europe, pouvaient communiquer instantanément. Parallèlement, le gouvernement hôte a compris qu’il ne pouvait contrôler la diffusion de l’information comme au temps de l’écrit.

Par ailleurs, l’intégration au quotidien de la révolution numérique est plus récente. La collective L’autre Parole a depuis quelques années un site Internet. C’est un site de la première génération qui avait grand besoin d’une restructuration. En assemblée générale, la collective a voté pour un renouvellement du site électronique et de la revue. En évoluant vers une plateforme plus conviviale, la collective souhaite également passer à une étape nouvelle, assurer une plus grande diffusion de sa revue sur la Toile de sa revue. La diffusion virtuelle de la revue permettra d’éviter les frais d’impression et d’envois postaux. Comme la revue est une production militante non rémunérée, comme les frais proviennent presque exclusivement de l’impression et de l’envoi, nous pourrons multiplier nos points de chute avec des frais très bas pour nous (i.e. cotisation annuelle pour l’accueil de la base de données sur un site payant). Au fur et à mesure que nous avancerons, nous vous tiendrons au courant des développements.

Pour nous, la solidarité est importante. Pour qu’une Église nouvelle existe, pour qu’advienne une nouvelle ekklesia, la dimension collective est une assise. Cette parole que nous partageons par des moyens de communication de masse se veut un outil pour que d’autres femmes prennent la parole et continuent cette longue marche pour la justice et l’égalité dans toutes les sphères de la société.