Repose en paix, Marie-Thérèse

Repose en paix, Marie-Thérèse

Marie-Thérèse Roy Olivier est entrée dans la Paix, le 9 juillet 2000.

Nous ne reverrons plus que par la puissance du souvenir son sourire d’une infinie douceur et le soupçon d’ironie tendre qui éclairait ses beaux yeux attentifs et charmeurs. Nous n’entendrons plus cette voix assurée, mais discrète, qui savait défendre avec conviction ses options fondamentales, et faire partager ses espérances de féministe chrétienne, sans jamais hausser le ton.

Marie-Thérèse avait une façon de nous regarder, de nous parler et de nous écouter qui nous faisait nous sentir meilleures. C’est sans doute ce trait qui suscitait l’affection aussi reconnaissante que spontanée que nous étions si nombreuses à lui vouer. Elle était serviable et affable sans servilité. Il y avait chez elle une élégance naturelle dans l’allure, dans les attitudes et les gestes qui témoignait d’une dignité intérieure dépourvue de toute ostentation.

C’est dans le mouvement des Femmes chrétiennes qu’elle a déployé le plus longtemps son talent et ses énergies. Elle en a assumé la présidence, et en est ainsi devenue l’ambassadrice, non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger. Partout où elle était connue, elle était appréciée pour son zèle et sa générosité dans la défense des causes qui lui étaient chères.

À L’autre Parole, elle a d’abord été membre du groupe Myriam, avant de se joindre à nos amies de Phoebé. Être reçue chez elle était une fête, l’accueillir chez soi, un bonheur. Marie-Thérèse croyait à la force de la parole, surtout quand elle se traduit dans l’action. Elle se voulait solidaire de toutes les femmes, et des hommes de bonne volonté,^ pour bâtir un monde plus juste. Elle avait l’espérance rivée au coeur. Être fidèle à sa mémoire, c’est continuer de marcher sans elle, mais soutenues et affermies, par l’exemple de sa persévérance et de sa foi.

Rien n’est plus inéluctable que la mort, et pourtant nous ne parvenons jamais à nous y accoutumer. Ne jugeons pas comme une lâcheté ce refus viscéral de l’inévitable. Voyons-le plutôt comme une grâce offerte à notre fragilité. Laissons-le devenir le tremplin qui nous permet de surmonter le chagrin dans lequel nous plongent tous nos deuils, et nous confère la force d’affronter la suite de notre histoire personnelle et collective avec détermination et sérénité.

Repose en paix, Marie-Thérèse, nous ne laisserons pas s’éteindre ton flambeau. Chacune de nous, dans l’esprit de solidarité qui te tenait si fort à coeur, le portera à sa manière et l’alimentera de son propre feu.

MARIE GRATTON