Heureuse celle qui pétrit le pain de la solidarité

Célébration Heureuse celle qui pétrit le pain de la solidarité

Le rituel d’entrée:

À l’entrée de la salle, les femmes sont disposées en deux rangs pour former une haie d’honneur. Chaque duo se partage une étroite bande de tissu destinée à monter une voûte. À l’arrivée de la doyenne, le rythme musical de « Liberté », extrait de l’opéra Nabucco de Verdi, annonce le début de la fête. Les bandes de tissu sont levées. Yvette s’engage la première sous la voûte qu’elles forment, suivie de Monique Dumais qui conduit la doyenne au fauteuil d’honneur. Chaque duo de femmes passe à tour de rôle sous la voûte improvisée puis vient déposer sa bande de tissu aux pieds de la jubilaire avant de prendre place dans le cercle de l’assemblée. Denise Cossette ferme la procession en portant un bouquet de fleurs qu’elle dépose à son tour devant la doyenne.

La parole d’introduction de Louise Melançon: Chère Yvette,

Nous entrons au cœur de la célébration en apportant des offrandes. Ce sont les témoignages de ta vie et sur ta vie : la force du levain de ton engagement les liens créés au fil des ans les amitiés nourries par ta chaleur et ta simplicité Ces offrandes font mémoire de ta vie donnée, de la Christa que tu es devenue. C’est pour nous une nourriture que de la partager encore en ce soir de célébration La première offrande sera présentée par Marie Gratton qui rappellera ton implication dans L’autre Parole. Suivront des témoignages de personnes absentes Connaissant ton grand cœur, nous t’offrirons aussi ta propre parole Et finalement une place sera offerte aux témoignages spontanés. Ensemble, nous célébrerons notre doyenne et ses 80 ans de vie sous le signe de l’engagement, de la solidarité et de la sororité.

Parole d’ouverture de Monique Dumais:

Chère Yvette,

«Profusion, éclatement, exubérance, aubade, ensoleillement, brise légère, ruissellement, parfums de sous-bois verdoyant…C’est (l’automne), C’est la vie ! (Ce sont tes 80 ans, bientôt, le 29 septembre…)

Nous voulons rendre grâce avec toi pour la vie, pour tout ce que tu nous as donné à L’autre Parole.(…)

Le printemps peut se prolonger en automne. Dans divers îlots discrets, on peut encore entendre les gazouillis des bâtisseurs de nids ; plus loin le grondement d’un torrent tumultueux . Ailleurs c’est une simple touffe d’herbes qui, poussant sa verdure dans une mince déchirure d’asphalte, nous rappelle que, malgré les obstacles, la vie finit toujours par triompher. (…)

Audace, créativité, mystère, rêve Goût de vivre!

goût du livre!

Goût du rêve!

goût de l’art !

Vive le printemps !

Vive l’automne !

Vive la vie. » Extraits d’un liminaire rédigé par Yvette au printemps 1997.

Voir suite page 38

Chant de l’assemblée:

Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse,

Tendre, tendre… douce, douce Pauline Julien

Invitation au silence, de Myriam Orostigui:…

à la suite des témoignages que nous venons d’entendre, accordons-nous un moment de silence, pour répondre au souhait exprimé par Yvette ce matin, et mieux sentir la chaleur de l’amitié qui nous unit et en rendre grâce.

Voir pages 39 à 41

Prière L’assemblée se recueille et après un moment de silence, Marie-Josée continue :

Maintenant les membres de la Collective, rassemblées pour ton anniversaire, t’offrent, comme un bouquet de roses, deux prières composées par les groupes : l’une de demande, l’autre de louange : Christa, toi qui, comme nous, connais la condition souffrante de notre humanité, accompagne-nous, au fil des jours qui nous sont donnés, dans nos luttes et nos engagements pour la qualité de vie, pour le triomphe du respect des personnes, de la justice et de la paix. Christa, toi qui, comme nous, connais les simples joies de nos jours, louée sois-tu pour la nature qui nous enveloppe, pour nos corps qui en partagent les rythmes, pour le sourire et les jeux des enfants, pour l’émerveillement de l’amour Ces prières récitées en alternance, passent de l’une à l’autre comme une sorte d’incantation, comme la discrète respiration d’un autre monde.

Lecture du liminaire no 90 par Françoise GagnonLecture du liminaire no 90 par Françoise Gagnon

Ce jour nous invite à faire halte : Halte pour mieux savourer la douceur d’être au monde ; le goût de la vie ; en respirer le parfum au lieu de passer à côté.

(…)

Halte ! pour s’accorder des moments de fête, de gratuité ; s’oxygéner sans l’obligation de produire, écouter le silence ; goûter la plénitude de l’instant ; regarder rêver les étoiles ; sentir la caresse de l’air ; voir danser les brins d’herbe ; remplir ses sens d’images, de senteurs, de mélodies…

(…)

Halte ! pour voyager, chanter, lire, changer de « look », se faire de nouvelles connaissances, pour rendre grâce pour la femme extraordinaire dont la vie nous a fait cadeau, pour faire mémoire et se réjouir tout simplement, cultiver ses liens avec ses proches et ses amies.

Extrait du liminaire de l’été 2001 rédigé par Yvette.

Voir pages 42 à 44

Chant

A toi

REFRAIN:

À toi qu’on aime et qu’on admire

Et qui nous laisse ton sourire

Par toi j’ai appris à grandir

Et j’ai le goût de te dire

Que tu sois loin que tu sois près

Mon coeur cache ton portrait

C’est la mémoire de nos rencontres

Qui aujourd’hui remonte.

De toi j’ai appris la jeunesse

La gratuité, la Sagesse

Et que malgré nos faiblesses,

On porte en soi mille promesses

Ton nom est à jamais gravé

Toi qui m’as appris à mieux aimer

Oh laisse-moi te remercier

Non je ne peux t’oublier

DERNIER REFRAIN:

À toi qu’on aime et qu’on admire

Et qui nous laisse ton sourire

Par toi j’ai appris à grandir

Et j’ai le goût de te dire

A toi qu’on aime et qu’on admire

Et qui nous laisse en souvenir

Comme une rosée du matin

De la fraîcheur pour demain.

Denyse, Diane et Marie Marleau

 

Lecture par Yolande Major

 

Partir

Partir où va la route, sans but précis, sans itinéraire planifié. Déambuler librement , s’arrêter pour écouter la poésie cachée au cœur des choses, fouiner, flairer, sentir, humer, respirer à pleins poumons…sachant qu’il n’est de paysage découvert que là où nous ont conduits nos pas.

Partir où va le vent…le vent qui n’a ni poids ni odeur et qui pourtant existe puisqu’il courbe les arbres, fait onduler les épis mûrs et soulève par vagues successives les flots mouvants de la mer.

Partir où va le torrent qui dévale des crêtes montagneuses dans un bouillonnement sans fin…La joie qui l’anime n’est pas d’aboutir au lac tranquille mais bien de se mesurer aux rochers qui lui barrent la route.

Partir vers le désert où habite le silence qui seul révèle la vérité de l’être.

Prendre la route, suivre la mer, accompagner le torrent ou s’enfoncer dans le désert, peu importe. Il s’agit d’écouter son cœur avec ses appels, ses pentes, ses sollicitations ou ses refus.

En chacune et chacun d’entre nous réside un être en sommeil. Il n’en tient qu’à nous de libérer cet être en nous ouvrant comme les nénuphars qui, un beau matin, s’offrent gracieusement au regard pénétrant de l’Astre qui leur a donné de naître. Extrait du liminaire rédigé par Yvette à l’été 1999.

 

Chant: L’assemblée se lève pour chanter en chœur : Du pain et des roses

 

Rite de communion:

 

Pendant qu’on apporte le gâteau d’anniversaire, on entonne :

« Heureuse celle qui pétrit le pain de solidarité », sur l’air bien connu : « C’est à ton tour…. »

Ce soir, dans une salle, vingt-cinq femmes sont rassemblées pour fêter les 80 ans de Yvette. Événement intime, festif. Sur une table, un gâteau décoré de bougies, attend d’être partagé en toute convivialité.

Qu’on le veuille ou non, les rites tant religieux que profanes demeurent. Points de repaire, pôles de sécurité, habillés de symboles, ils traversent les temps, renvoient aux coutumes et aux événements qui donnent un visage unique au message à transmettre. Le gâteau d’anniversaire, comme on est souvent porté à le croire, n’a rien de banal Il est au contraire un symbole fort : la commémoration du premier cri de l’existence, du premier souffle de vie.

Il est aussi le pain de la fête. Notre tradition veut qu’on l’orne de bougies allumées. Plus les années s’additionnent plus le gâteau s’estompe -quelques instants- sous la brillance des bougies : court moment d’émerveillement, de nostalgie parfois, devant cette flamme fascinante qui réchauffe et convie à la renaissance.

Ce soir, autour de ce pain tout en lumière accompagné d’un mousseux dont les bulles en mouvement chantent la vie, toutes ensemble nous célébrons le premier souffle de femme d’Yvette née un certain 29 septembre. Le gâteau partagé : pain et vin de la solidarité, de l’engagement, de la sororité, perpétue à nos yeux le message de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Monique Hamelin, Vasthi Hélène Saint-Jacques, Bonne Nouv’ailes