Monique Dumais Une mère fondatrice de L’autre Parole

Monique Dumais
Une mère fondatrice de L’autre Parole

 

Marie-Andrée Roy, Vasthi[1]

 

Pourquoi prendre la parole aujourd’hui ?

Pour témoigner de la fécondité de la vie et de l’œuvre de Monique Dumais. Par son audace et sa détermination, par sa vie intellectuelle et spirituelle, l’ursuline Monique Dumais s’est inscrite dans la lignée de Marie de l’Incarnation.

Merci à la communauté d’avoir permis à Monique, au tournant des années 1970, de poursuivre sa formation en théologie aux États-Unis, ce qui était rare à l’époque. Au retour de ses études, elle a apporté une contribution décisive en faisant connaître la théologie féministe américaine et en proposant elle-même une théologie du corps qui n’a pas fini de nous inspirer tant sa force interpellatrice est grande.

Figure rassembleuse, c’est dans ce sillage qu’elle va organiser, en 1976, une rencontre qui va permettre la création d’une collective féministe et chrétienne. La révérende mère Monique s’est faite Mère fondatrice de L’autre Parole et, 41 ans plus tard, la collective rend grâce pour son inspiration prophétique et pour avoir été partie prenante, pendant toutes ces années, de l’affirmation d’une parole femme forte dans l’Église et la société. Parole peut-être dérangeante, mais avant tout, parole d’espérance, parole de vie, parole créative qu’elle a énoncée contre vents et marées. Parole de vérité qui pour paraphraser l’Évangile de Jean (ch. 8, 32) nous rendra libres.

L’éthicienne, l’universitaire engagée, la féministe, qui a écrit sur les droits des femmes, le scandale de la pauvreté, les enjeux de la mondialisation pour les femmes, l’écoféminisme, est demeurée attentive aux grands courants d’idées contemporains qui interpellent notre humanité et a su trouver les mots pour en faire des paroles de foi, d’espérance et d’amour.

Vous comprendrez que, pour les femmes de L’autre Parole, l’héritage de Monique, de Mère St-Matthieu, a valeur de sel, ce sel de la terre qui nous invite à communier à la saveur de l’Évangile de Jésus-Christ. D’ailleurs, l’Évangile de Matthieu dit bien qu’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; il faut au contraire la rendre accessible pour qu’elle brille pour la plus grande gloire de Dieue. C’est pourquoi la collective L’autre Parole s’efforcera, au cours de la prochaine année, de trouver les moyens pour rendre accessible sur le Web, dans le respect des droits d’auteur, l’œuvre de la théologienne Monique Dumais.

Dans l’Épître aux Romains, Paul exhorte ses frères et ses sœurs à offrir leur corps à Dieu comme un sacrifice vivant. Au cours de sa longue maladie, le corps supplicié de Monique est devenu un véritable sacrifice vivant. Sans plainte et dans la dignité, cette femme qui fut belle a subi les ravages de la maladie sur tout son corps. Oui, elle a offert un véritable sacrifice à Dieue. Repose en paix Monique !

En terminant, permettez que je cite une phrase de Monique tirée de son texte « Femmes faites chair ». Pour elle, la théologie féministe, « [c]’est une aventure où je fais confiance à toutes les fécondités, les miennes et celles des autres femmes, où j’ai foi et espérance en un support déjà là et à venir des sœurs et des frères. C’est, en somme, un chant de délivrance où tout semble permis parce que sauvé. »

[1] Pour la collective L’autre Parole