DETERMINEE ET PERSEVERANTE…

DÉTERMINÉE ET PERSÉVÉRANTE…

CAROLE BRODEUR

Je m’appelle Carole. J’ai deux enfants âgés de neuf ans et demi et de huit ans. À trente ans, je termine mes études universitaires au Baccalauréat en information et orientation professionnelle à l’Université de Sherbrooke. Bientôt, j’entreprendrai une Maîtrise en Sciences de l’éducation. Pour ce qui est du Doctorat… j’y pense.

Le silence de mon père

Comme plusieurs autres femmes, j’ai souffert dans le passé du silence de mon père. J’ai cherché longtemps dans mes relations amoureuses à combler ce manque d’affection masculine. C’est plus tard que j’ai compris que cette absence a été à l’origine de ma dépendance affective. En fait, c’est ce qui m’a amenée à quitter le foyer familial à dix-sept ans pour aller vivre avec un homme que je connaissais à peine.

La violence conjugale

Après deux ans de fréquentation, c’est le mariage suivi de deux naissances. Cependant, la situation se détériore. Le comportement de mon mari changea. Il est devenu agressif et violent envers moi. Par ailleurs, l’insécurité financière, le manque de confiance en moi et ma peur d’affronter ce mari excessif m’ont certainement empêchée de partir. Or, un jour, c’en fut assez. Le divorce étant inévitable, je suis partie avec mes deux enfants âgés à ce moment-là de deux ans et demi et un an.

La monoparentalité

La monoparentalité est tout un défi à relever. Étant une femme au foyer, j’ai dû chercher un emploi. J’ai réorganisé notre mode de vie. J’étais désormais seule à m’occuper des enfants et à effectuer toutes les tâches quotidiennes en plus d’une journée de travail bien remplie. La femme d’aujourd’hui n’a pas fini d’avoir à se surpasser.

Pendant les premières années après la séparation, les enfants ont visité leur père lors des week-ends. Longtemps, j’ai envié la possibilité d’organiser des sorties comme leur père pouvait se le permettre considérant le temps libre du week-end et un bon revenu d’emploi. Mais ce que j’ai trouvé difficile, ce sont les retours du dimanche parce que mes enfants étaient turbulents et querelleurs. La discipline était à recommencer à chaque fois.

Un jour, c’est le drame. Le père est accusé d’un crime grave. Il se retrouve en prison. Alors la pension alimentaire est annulée. C’est le désastre financier, la pauvreté. Je n’ai plus de revenu pour acheter l’épicerie. Pendant des mois, j’ai dû demander de l’aide auprès de mes proches… ce qui n’a pas toujours été évident pour moi.

Lorsque j’ai appris que mes enfants avaient été violentés par leur père, je me suis blâmée longtemps de ne pas avoir vu ce qui se passait. Enfin, ce qu’il me restait à faire, c’était d’interdire les visites et de consulter afin de leur fournir une aide psychologique. Mais je crois que le plus aidant pour eux a été de leur permettre d’extérioriser leur peine, leur solitude et leurs souvenirs et surtout de respecter le rythme de chacun dans ce qu’il vivait.

Un retour aux études

Après avoir occupé un emploi à faible revenu à la suite de mon divorce, le besoin d’assurer à mes enfants une meilleure qualité de vie s’est fait sentir. De plus, le désir de m’actualiser dans un travail que j’aime témoigne bien de mon évolution intérieure à la suite de la séparation.

Afin d’améliorer la situation de ma petite famille et de respecter mon besoin de me réaliser sur le plan professionnel, j’ai opté pour une réorientation de carrière. Cette décision m’a donc amenée à retourner étudier. Ce choix a impliqué un déménagement loin de mes proches et de mes amis. Il me fallait être déterminée et persévérante puisque les études exigeaient plus souvent qu’autrement des heures supplémentaires le soir et les week-ends. Bien sûr, je ne pourrais y parvenir sans l’aide et le support de mes proches qui sont pour moi d’une grande valeur. Ils croient en moi.

Un foyer reconstitué

Depuis trois ans, je suis engagée avec un homme que je considère avant tout comme mon grand ami. En effet, notre relation est fondée sur le respect, la confiance et la communication. À vrai dire, c’est la première fois que je suis bien avec quelqu’un. Les conflits sont rares. Chacun est présent et à l’écoute de l’autre. Nous avons sensiblement les mêmes intérêts. Nos projets d’avenir vont dans le même sens. Enfin, pour toutes ces raisons, nous allons franchir prochainement une autre étape importante dans notre cheminement personnel : vivre ensemble.

Manifestement, il y a eu une période d’intégration. Au début, nous avons pris le temps de nous connaître, ce qui nous aura permis d’éclaircir nos attentes réciproques et d’établir nos priorités. Vivre ensemble sera plutôt une période d’adaptation durant laquelle chacun trouvera sa place au sein d’un foyer reconstitué.