DIFFICILE COHÉRENCE

   DIFFICILE COHÉRENCE

La lettre ci-dessous, reçue récemment, relate le cheminement courageux d’un groupe de femmes. Puisse-t-elle éveiller lucidité et espérance…

À VOUS, NOS CONSOEURS, NOS AMIES

À VOUS, FEMMES AVEC QUI NOUS AVONS DES SOLIDARITÉS

ET DES CONNIVENCES,

Depuis déjà plusieurs mois,

nous sommes restées silencieuses.

Il y a un temps pour parler,

un autre pour se taire.

Un temps pour agir,

un autre pour réfléchir.

Mais en tout temps,

il y a les mots,

il y a les gestes partagés,

il y a les liens de solidarité.

Aujourd’hui, il est temps pour nous de vous partager une décision grave que nous avons prise ensemble, il y a déjà quelques mois. À l’automne 1990, la Table diocésaine de la Condition des Femmes du Diocèse de Gatineau-Hull a fait le bilan de ses six années de fonctionnement. Suite à cet exercice, nous avons, unanimement, pris l’option d’abandonner le lien diocésain. Cependant, nous avons décidé de poursuivre notre cheminement comme groupe autonome. Ce que nous avons construit ensemble au fil des années est trop important pour le laisser tomber.

Nous aimerions VOUS partager brièvement les principales étapes du cheminement de notre groupe.

Rappelons-nous qu’autour des années 1978-1980, l’Église comme la société québécoise amorce une démarche de réflexion sur la condition des femmes. Dès l’automne 1979, Mgr Adophe Proulx confie à une femme du diocèse le mandat de porter le dossier de la Condition des Femmes. En 1984, la répondante s’adjoint une douzaine de femmes. C’est le début de la Table diocésaine de la Condition des Femmes. Notre groupe se voulait un lieu privilégié pour une prise de parole de femmes en Église.

Avec le temps, les objectifs et le fonctionnement de la Table se sont précisés. La Table a toujours voulu rester proche de l’expérience des femmes et pour ce faire, nous avons gardé un contact étroit avec les groupes de femmes de la région, Fidèies à la philosophie des groupes de femmes, nous avons adopté le modèle de fonctionnement par concensus. Plusieurs parmi vous avez participé à l’une ou l’autre des journées thématiques organisées par notre Table. Nous aurons permis, bien que modestement, à des hommes et à des femmes de notre région de se sensibiliser à l’égalité des rapports hommes/femmes en société et en Église.

L’atelier que nous avons présenté à Montréal, dans le cadre des « Fêtes du 50ième anniversaire du droit de vote des femmes », nous a permis de faire le bilan de nos réalisations, des actions menées et des solidarités créées.

D’autre part, à l’occasion de ce bilan, nous avons constaté à regret que nos efforts pour faire avancer le dossier des femmes dans notre diocèse ont donné peu de résultats concrets.

Une décision s’imposait à nous :

• Allions-nous encore longtemps cautionner une structure qui nous fait si peu de place ?

• Était-il encore opportun de maintenir le lien diocésain ?

• Avions-nous encore de l’énergie, du dynamisme pour poursuivre, alors que nous sentions si peu de volonté de changement ?

Après ce long processus de discernement personnel et de groupe, nous avons constitué un groupe de femmes autonome. Ce choix, croyons-nous, nous permettra de relever de nouveaux défis en libérant nos énergies créatrices.

Et si c’était aussi cela s’engager dans l’esprit du prophétisme évangélique ?

En toute solidarité et sororité,

Un groupe de femmes autonome dans le diocèse de Gatineau-Hull

Marie-Paule McNamara, Marie-Anne Risdon Pauline Leduc, Denyse Tremblay, Clémence Thibeault s.m., Marie Fauselle, Luce Séguin, Nicole G. Duguay, Nano McConnell, Denise Desjardins-Labelle, Lucie Touchette, Lucille Plourde-Tardif

P.S. Pour nous rejoindre : 138, du Ravin Bleu Hull, Québec J8Z 1X8