DU NEUF AVEC DU VIEUX, A NOTRE FAÇON…

DU NEUF AVEC DU VIEUX, A NOTRE FAÇON…

 

Ginette Boyer – Bonnes Nouv’Ailes

Réflexions à la suite de l’échange de cadeaux qui s’est déroulé au cours de la célébration de Noël de L’autre Parole, à Montréal. Chacune avait apporté, en offrande, un objet qui symbolisait une joie qu’elle avait le goût de partager. Elle le présentait à une personne dont elle avait tiré le nom au hasard.

Le chlore me pique la figure. Comment me recueillir ? La tête encore pleine des cris de joie de ma fille de trois ans – nous sortions tout juste de notre séance de piscine hebdomadaire et sacrée – j’atterris enfin au milieu de vous, retrouvailles toujours aussi joyeuses que nécessaires. J’écoute, je regarde, je vous regarde, je croise même quelques regards complices : au-delà de la musique, des poèmes, des prières qui parfument l’atmosphère comme un bâtonnet d’encens qui brûle lentement, je nous sens arriver et nous redire « Bonjour ! »

Les cadeaux sont là, tout près, sous le sapin. Signes tangibles de la joie de vivre des unes et des autres, ils attendent sagement leur tour… du moins, c’est ce que je pense. Mais voilà la surprise ! Ces petits riens en ont manifestement décidé autrement : de leur échange naîtra l’ultime prière de notre Noël.

Même pour l’offrir, on ne cueille pas impunément sa joie à l’arbre de Vie sans dévoiler du même coup les souffrances au creux desquelles cette joie a jailli. A la santé retrouvée, au soutien invisible et quotidien, à la solidarité ouvertement vécue et manifestée, au temps apprivoisé, au corps intériorisé, s’accrochent une dernière fois la solitude, la peur, le mépris, la mort. Mais en vain.

Nous communions à l’espérance des humbles du Magnificat : nous travaillerons de toutes nos énergies, ce soir décuplées, a raccommoder amoureusement ce monde, faisant à notre façon du neuf avec du vieux, comme le faisaient nos mères.