DYNAMISME DES FEMMES DANS L’EGLISE ANGLICANE

DYNAMISME DES FEMMES DANS L’ÉGLISE ANGLICANE

 

Constance Middleton-Hope, directrice de

développement et de l’action sociale,

Cathédrale Christ Church

J’ai participé récemment au colloque triennal de l’organisme national qui regroupe des représentantes des femmes de l’Église anglicane du Canada. Femmes engagées, elles proviennent de tous les niveaux de la société et de tous les aspects du féminisme. Quatre jours de perfectionnement au leadership, d’intenses sessions sur la condition féminine dans l’Église, d’échanges aussi, de solidarité, d’amitiés avec nos soeurs de tous les coins du pays incluant autochtones, immigrées, anglophones et francophones ; toute cette activité se termina par une messe célébrée par Barbara, femme très chic, prêtre et curé de paroisse en Colombie-Britannique, mère de trois fils et épouse d’un ingénieur ! Elle était une des cinq femmes prêtres au colloque, l’une des quelque 150 femmes prêtres au pays …

Mode de fonctionnement

II faut savoir que l’Église anglicane du Canada, comme toutes les autres de la Communion, est autonome. Le palais de Lambeth ou la Cathédrale de Canterbury ont une influence morale mais n’exercent pas d’autorité sur l’Église de chez nous. C’est le diocèse qui prévaut : là où est l’Évêque, là est l’Église. L’Évêque est élu par le synode diocésain qui est composé des trois paliers : l’évêque ou les évêques, le clergé et le laïcat. Quant aux laïcs, certains y sont élus par leur paroisse, d’autres sont délégués par certains regroupements diocésains ou encore représentent des organisations reconnues par le synode.

Les canons, règlements, budgets et projets sont approuvés ou sont rejetés par ce synode annuel et le vote est pris à main levée. Les décisions du synode sont mises en exécution par un conseil diocésain élu par ce synode. Cette année, cinq femmes sur dix-sept personnes en font partie. Dans les paroisses, bon nombre de femmes sont marguilliers, donc responsables du fonctionnement de la paroisse. Un marguillier est nommé par le curé et les deux autres sont élus par les paroissiens.

Les femmes se regroupent en divers organismes mais depuis cinq à six ans elles font partie d’un organisme national qui oeuvre cependant au niveau diocésain. La présidente de « l’unité féminine » (women’s unit) est nommée par l’évêque du diocèse qu’elle rencontre régulièrement.

Les femmes qui ont la vocation du sacerdoce doivent satisfaire aux mêmes exigences que les hommes. Jusqu’à tout récemment, un prêtre pouvait refuser, en raison de ses croyances, d’étendre ses mains sur la tête d’une femme pendant la consécration de cette dernière, le cantum voulant que chaque prêtre, homme ou femme, soit béni par ses collègues. Maintenant il n’a plus la possibilité de refuser.

Aux États-Unis, l’Église épiscopale compte déjà un poste de doyen de cathédrale rempli par une femme et les noms de plusieurs autres femmes ont été sur la liste des candidats lors d’une élection à l’épiscopat. Il en sera de même dans le diocèse de Toronto en 1988. La question de l’accession des femmes à l’épiscopat fut le sujet épineux de la Conférence des évêques à Lambeth en juillet 1988. C’est à suivre.

Écueils et progrès

Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire pour les femmes dans l’Église anglicane : souvent on consacre des femmes prêtres mais on ne trouve pas de paroisses qui les acceptent… quant aux femmes laïques, elles sont souvent marginalisées par le clergé dans des culs-de-sac traditionnels.

Récemment, dans le diocèse de Montréal, j’ai fait passer au Conseil diocésain la création d’un groupe de travail sur la condition féminine. Après deux ans de travail, on a présenté au Synode de 1988 cinq propositions ; toutes ont été acceptées mais non sans un combat acharné. On demandait un petit centre de ressources, d’animation et de sensibilisation des femmes, une personne responsable et rémunérée, plus de conscientisation du langage liturgique, surtout de notre tradition des chants souvent militaires et masculins, et un comité permanent de la condition féminine. Ce fut un moment de délire d’entendre aux assises du Synode le vote en faveur du groupe de travail. Mais on reconnaît qu’il y a encore beaucoup à faire.

Pour ma part, je me réjouis et je suis très reconnaissante de pouvoir collaborer avec les femmes de L’autre Parole et en guise de souhaits de bon courage, je vous livre une citation de la lettre de mon évêque qui remerciait le Comité de la condition féminine du diocèse anglican de Montréal : « merci d’avoir tenu le coup ».