Engagement social et féministe des religieuses

Engagement social et féministe des religieuses

Nicole Jetté et Gisèle Ampleman, sœurs Auxiliatrices

D’hier à aujourd’hui, les communautés religieuses féminines poursuivent leur mission dans le prendre soin de « la veuve et de l’orphelin ». Faisons mémoire de pionnières telles Marguerite Bourgeois, Esther Blondin, Eulalie Durocher, Rosalie Jetté, Marie Gérin-Lajoie, Marie de l’Incarnation… Ces femmes d’une foi inébranlable, d’une audace à toute épreuve, d’un dévouement sans limites créent des institutions solides et visionnaires afin de répondre aux différents besoins au niveau scolaire, hospitalier et dans l’ensemble des services sociaux.

Avec l’arrivée de la Révolution tranquille, l’État se modernise, reconnaît ses responsabilités pour garantir des ressources publiques en éducation, santé, services sociaux. Dans ce processus de sécularisation, les communautés religieuses se départissent de la majorité de leurs œuvres. Elles passent d’un engagement institutionnel à des engagements individuels. Nous devenons des « sœurs militantes » engagées avec les personnes appauvries : femmes sans emploi, violentées, cheffes de famille, assistées sociales, immigrantes sans logement, jeunes mères… Sur des terrains divers, des religieuses les accompagnent, les soutiennent pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

En plus d’une présence solidaire au quotidien, les communautés religieuses section Québec (CRC-Q) contribuent par un soutien financier indéfectible. Par le Comité de Priorités dans les dons, elles privilégient leurs contributions vers des groupes engagés dans la lutte contre la pauvreté dont le fonctionnement est assumé par les membres.

Voici trois domaines de défense des droits soutenus par les communautés dans lesquelles les Auxiliatrices sont impliquées :

  • le droit à des ressources pour vivre dans la dignité ;
  • le droit à des vacances ;
  • le droit à l’égalité pour lutter contre la pauvreté et la violence faites aux femmes.

Le droit à des ressources pour vivre dans la dignité

Déjà dans les années 1970, des groupes de personnes assistées sociales formés majoritairement de femmes, commencent à s’organiser pour s’informer de la loi sur l’aide sociale, se mobiliser pour une défense individuelle et collective de leurs droits et pour combattre les préjugés et les jugements arbitraires de la part de fonctionnaires du gouvernement.

Dès le début, des membres de communautés religieuses sont présentes devenant des sœurs militantes, travaillant bénévolement à temps plein ou partiel, et ce, sur plusieurs années. Gisèle Ampleman, Nicole Jetté et Simonne Bernier, Auxiliatrices, y travaillent à partir de 1972. En plus de la contribution en ressources humaines, tant au niveau local que national, les communautés religieuses apportent un soutien financier indéfectible palliant au peu de reconnaissance de la part de fonctionnaires de l’État et au refus de certaines organisations de Centraide de soutenir ces organisations.

 

Le droit à des vacances

Dès 1977, un groupe se structure pour permettre à des familles appauvries de vivre des vacances : une Maison de campagne collective appelée La Botte de Foin voit le jour avec la participation de cinq laïques et de deux Auxiliatrices : Christiane Sibillotte et Gisèle Ampleman. C’est avec la générosité d’une douzaine de communautés religieuses que cette maison débute et continue d’exister : 44 ans d’engagement bénévole et militant, sans subventions gouvernementales et sans personnes salariées. Tout un défi !

La Botte de Foin est un projet où le vivre ensemble et les pratiques égalitaires et démocratiques sont des valeurs essentielles.

Actuellement, son fonctionnement est assumé entièrement par des laïques avec l’importante participation de personnes d’origines diverses. Même durant la pandémie de la COVID-19, la maison demeure accessible en respectant les règles sanitaires.

 

Le droit à l’égalité pour lutter contre la pauvreté et la violence faites aux femmes

Pour les communautés religieuses, la Marche du Pain et des roses de mai 1995 a été un lieu d’engagement vécu avec empressement, solidarité et ce, tant par l’apport de ressources matérielles, humaines que financières, tout comme lors de la mise sur pied de la Maison Parent-Roback (1997) pour laquelle un montant substantiel a été alloué.

Des religieuses de différentes congrégations marchent soit quelques jours ou durant tout le parcours de 200 kilomètres dont Christiane Sibillotte, 79 ans, l’aînée des marcheuses.

Pour assurer la sécurité et répondre aux urgences et aux imprévus, des personnes, dont deux Auxiliatrices, accompagnent en voiture les contingents. De ce vécu solidaire avec les 800 marcheuses à travers le Québec, Aline Côté, contingent Rive-Nord, et Gisèle Ampleman, contingent Rive-Sud, gardent en mémoire des souvenirs émouvants et des anecdotes savoureuses…

La solidarité en marche

Le processus de sécularisation et les changements apportés dans les politiques publiques québécoises permettent aux communautés religieuses de se solidariser dans des projets inspirants, innovateurs d’hier à aujourd’hui. Les formes d’engagement se transforment, mais la détermination à poursuivre la marche solidaire « jusqu’au bout du possible » reste vivante.