La COVID-19 : Des prises de conscience collectives

La COVID-19 : Des prises de conscience collectives

Denise Couture, Bonne Nouv’ailes

Nouvellement retraitée, j’avais prévu vivre une période de vide au printemps 2020 dans le but de me déstructurer de la vie antérieure marquée par la course contre la montre et par la surcharge constante. Lorsque le confinement nous est tombé dessus brusquement à la mi-mars, toutes les activités auxquelles je m’étais engagée à participer, plus nombreuses que je ne l’aurais pensé, se sont trouvées annulées. Ce fut favorable à mon projet de transition. Je fais partie des personnes privilégiées avec un revenu assuré et une maison confortable où vivre le confinement dans les Pays-d’en-Haut. Le gouvernement a fermé cette région pendant quelques semaines. Je m’y suis retrouvée fin seule pendant dix semaines. Je me souviens surtout de mes longues marches en forêt, une de mes passions. J’ai vécu un vide bienfaisant et nécessaire à une transition importante de ma vie. Mon frère a répliqué : « tu as vécu ton co-vide ».

Des amies m’ont fait remarquer un écart choquant, pendant cette période, entre le discours des conférences de presse quotidiennes du premier ministre du Québec et ce que vivaient les travailleuses essentielles sur le terrain. De plus, on a réalisé rapidement comment la pandémie révélait et accentuait les inégalités. Quelles vies comptent ?

Dans quels domaines pourrons-nous dire qu’il y aura eu un avant et un après la pandémie de la COVID-19 ? Je retiens deux prises de conscience collectives majeures. La première : le niveau médiocre et inacceptable des soins aux personnes âgées en institution, une situation qui devrait changer au Québec. La deuxième : plus tangible aux États-Unis, mais elle nous rejoint aussi, elle concerne le racisme. À Minneapolis, dans le quartier où George Floyd a été tué sans raison par un policier, la probabilité pour une personne noire d’attraper le coronavirus était six fois plus élevée que pour une personne blanche.

Comme féministe, je regrette que la COVID n’ait pas provoqué également une prise de conscience collective à propos du travail invisible des femmes sur lequel reposent le système de santé et l’économie. La pandémie aurait pu être une occasion pour cette prise de conscience collective qui provoquerait un changement. Celle-ci est encore à venir.