La lettre apostolique La dignité et la vocation de la femme (1988)

La lettre apostolique La dignité et la vocation de la femme (1988) ou Le retour à la virginité et à la maternité

Monique Dumais, Houlda

« La dignité de la femme et sa vocation – objets constants de la réflexion humaine et chrétienne – ont pris ces dernières années un relief tout à fait particulier », c’est ainsi que débute la lettre apostolique de Jean-Paul II donnée à Rome le 15 août 1988. Dès le point de départ est rappelée la reconnaissance de l’influence, du rayonnement et du pouvoir de la femme dans la cité par le concile Vatican II. Est décrite aussi sa tâche morale : « les femmes imprégnées de l’esprit de l’Évangile peuvent tant pour aider l’humanité à ne pas déchoir. »

L’ensemble de la lettre est rédigé en vue de valoriser les femmes. Marie, mère de Dieu, est présentée comme « la représentante et l’archétype de tout le genre humain » (no 4). Jean-Paul II souligne que le livre de la Genèse présente l’égalité de l’homme et de la femme dans la différence des rôles et des fonctions, tous les deux étant créés pour une « commune humanité » et une « communion d’amour », pour « une aide réciproque » (7). Il met en valeur la présence et la participation des femmes au temps de Jésus, les présentant comme « les gardiennes du message évangélique »  (15) et « premiers témoins de la Résurrection » (16).

Cependant, tout le terrain de la lettre est préparé pour nous acheminer vers deux dimensions de la vocation de la femme, la virginité et la maternité, « deux dimensions particulières selon lesquelles se réalise la personnalité féminine » (17). Il est affirmé d’une part que la maternité permet à la femme de trouver « le don désintéressé d’elle-même », qu’elle correspond à sa « structure psycho-physique ». Il est proposé d’autre part que dans la virginité, la femme « exprime la valeur personnelle de sa féminité, devenant “don désintéressé” à Dieu qui s’est révélé dans le Christ, un don au Christ Rédempteur de l’homme et Époux des âmes : un don “sponsal” » (20). La valeur du don de soi-même revient constamment comme un refrain.

Dans le dernier chapitre consacré à la charité, une déclaration finale l’emporte : « on compte sur la manifestation du “génie” de la femme pour affermir l’attention à l’homme en toute circonstance, du fait qu’il est homme ! » (30) Cette exaltation de la femme, si fréquente dans les discours ecclésiaux, n’a pas de quoi réjouir les femmes, car il est facile de discerner qu’elle vise à contenir leur créativité, à les maintenir dans deux fonctions spécifiques qu’elles doivent respecter. L’influence, le rayonnement et le pouvoir des femmes dans la cité dont parlait le concile Vatican II  semblent oubliés ; est-ce le temps pour les femmes de battre en retraite ?