Le billet de…. Monique Hamelin Qui a voté pour ça ?
En mars dernier, le Québec a vécu des élections. Un gouvernement libéral minoritaire a été élu. Un parti de centre droit par les temps qui courent. Dans le rôle de l’opposition officielle, un parti de droite, populiste, l’ADQ. Essayons d’examiner quels sont les effets de ce résultat pour les femmes.
Indépendamment de notre option politique, rappelons-nous la course à la chefferie au PQ. Les deux principaux protagonistes étaient un homme, un homosexuel sorti du placard, un jeune, une image en quelque sorte contre une femme, une quinquagénaire, une ex-ministre qui a tenu de nombreux portefeuilles importants. L’homme, l’image léchée de la jeunesse a gagné ! Les causes sont multiples, le résultat est là. Encore aujourd’hui, en tout cas pour les membres du PQ, on n’a pas eu l’audace d’élire une femme qui pourrait devenir première ministre. Dans le secret des urnes, le candidat pressenti a été défait ! Il a même terminé troisième.
À la surprise générale, l’élection a permis que la droite s’installe confortablement tant au pouvoir que dans l’opposition. Durant la campagne l’ADQ a connu quelques soubresauts sur des propos controversés à l’égard des femmes, de l’équité salariale, de l’accès à l’égalité et de la tuerie de Polytechnique. Mario Dumont a alors demandé à l’aspirant candidat en cause de se retirer. Sitôt élu dans l’opposition, le chef de l’ADQ s’empresse d’accueillir cet ex-candidat à la direction de l’ADQ. Ce n’est plus si grave selon Dumont, chacun peut avoir ses opinions. Des femmes ministres ont demandé au chef de l’ADQ de démettre ce dernier de ses fonctions. Il refuse. On peut se demander ce que nous réserve l’avenir si ce parti prend le pouvoir à la prochaine élection.
Cependant la constitution d’un conseil des ministres paritaire, quelle que soit la motivation qui l’ait inspirée, demeurera un fait historique important qu’il faut souligner. Quant à l’accueil fait aux personnes démunies, le ministre responsable de l’aide sociale a déjà dû se rétracter et l’Assemblée nationale n’a pas encore siégé au moment d’écrire ces lignes.
Enfin, je suis inquiète pour les futures politiques en matière de famille. Il peut sembler alléchant de rester à la maison pour élever ses enfants – à tout le moins jusqu’à leur entrée à l’école. Si on peut comprendre les femmes déjà essoufflées par la course garderie-boulot-garderie-dodo pour un travail pas toujours valorisant et un salaire insuffisant, au moins il y a une insertion dans le marché du travail. Un retrait du marché de l’emploi sans garantie de retour, c’est souvent le chemin le plus certain vers la précarité surtout quand survient un divorce.
Qui a voté pour ça ? Qui voudrait voter pour ça ? Pas moi ! Il reste que les questions de justice sociale, de juste rémunération, de partage des tâches ménagères sont au cœur des luttes. Il va falloir agir et voter pour que cela change !