Les espoirs des années 1970 suite à Vatican II

Les espoirs des années 1970 suite à Vatican II

Monique Dumais, Houlda

Des femmes ont espéré. Un aggiornamento, c’est-à-dire une « mise à jour »,  avait annoncé le pape Jean XXIII aux cardinaux le 25 janvier 1959. Il voulait ouvrir l’Église aux nouvelles valeurs et aux défis du monde contemporain, faire une lecture des signes des temps dans un dialogue critique.Un concile, cette grande rencontre de 2365 évêques du monde entier, s’est donc ouvert le 11 octobre 1962. Il s’est appelé le concile Vatican II et s’est terminé le 8 décembre 1965. Il a donné seize documents conciliaires qui sont des lieux de changement et de grande inspiration. Je retiens trois espoirs de ce concile.

Le premier espoir, c’est l’affirmation que l’Église est d’abord le peuple de Dieu avant d’être une institution hiérarchique qui s’échelonne du pape aux laïcs. Il est affirmé que « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s’ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre puisque l’un comme l’autre participe à sa façon de l’unique sacerdoce du Christ » (Constitution dogmatique sur l’Église, 10.2).  Toutes les personnes baptisées ont part également à la fonction prophétique du Christ (12.1). Ainsi, chaque catholique a reçu un appel à participer selon sa vocation et son charisme à œuvrer pour la plénitude du monde dans le Christ.

Le deuxième espoir est celui exprimé dans la constitution pastorale L’Église dans le monde de ce temps promulguée le 7 décembre 1965. Elle est souvent désignée par les mots Gaudium et Spes, selon les premiers mots du texte en latin, « les joies et les espoirs ». Elle invite à reconnaître la dignité de toute personne humaine, à travailler à l’essor de la culture, au développement économique, à la collaboration de tous à la vie publique, à la sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des nations. C’est une grande solidarité qui s’affirme. C’est l’être humain dans son entièreté qu’il faut sauver et non seulement son âme.

Un troisième espoir, c’est celui de la liberté de conscience qui inclut la liberté religieuse telle qu’exprimée dans le premier paragraphe de la Déclaration sur la Liberté religieuse. « La dignité de la personne humaine est en notre temps, l’objet d’une conscience toujours plus vive ; toujours plus nombreux sont ceux qui revendiquent pour l’homme [l’humain] la possibilité d’agir en vertu de ses options et en toute libre responsabilité ; non pas en vertu sous la pression d’une contrainte, mais guidé par la conscience de son devoir ». C’est une reconnaissance à ce que personne ne soit contraint d’agir contre sa conscience. En même temps, le texte conciliaire affirmait clairement que personne « ne devait être empêché non plus d’agir selon sa conscience surtout en matière religieuse ». Les actes intérieurs ordonnés à Dieu sont d’ordre personnel et ne doivent pas « ni imposés, ni interdits par aucun pouvoir purement humain ». Terminées les guerres de religion et l’Inquisition. Chaque être humain est invité à trouver dans son expérience personnelle les sources profondes de la vérité et de la bonté.

Cependant les espoirs ont été fortement déçus. Près de cinquante ans plus tard, l’Église s’est renforcée dans sa hiérarchie, la belle collégialité promise des évêques est disparue, ils sont accrochés de plus en plus aux décisions du pape. Conséquemment, les prêtres se sentent assujettis à leurs évêques, les laïcs se débattent dans leur manque de liberté. Si les femmes pouvaient rêver d’être intégralement reconnues dans leur rôle dans l’Église, notamment avec l’ordination ministérielle, elles ont reçu l’interdiction très ferme d’une admission licite au sacerdoce ministériel.