LES FEMMES ET L’ÉGLISE EN Belgique

LES FEMMES ET L’ÉGLISE EN Belgique

Maris-Andrée Roy (Vasthi)

À la veille de la venue du Pape en Belgique au printemps 1985, une enquête a été réalisée en collaboration avec divers mouvements, féminins ou mixtes à majorité féminine, sur le thème de la place des femmes dans la société et dans l’Église. Cette enquête s’est faite dans un esprit d’écoute des chrétiens et des chrétiennes ; elle a été conçue comme un temps d’échange et de dialogue dans l’Église avant la visite papale.

Environ mille personnes, très majoritairement des femmes, ont répondu à l’enquête. Les caractéristiques sociologiques des répondantes étaient les suivantes : des personnes principalement de milieu urbain, âgées en moyenne de 55 ans, pour plusieurs « femmes au foyer » dont un grand nombre se déclarent « engagées ». Même si le sujet traité tenait à coeur aux participantes, il semble qu’il y ait eu un scepticisme assez général quant aux possibilités qu’une telle enquête soit entendue par le pape.

Nous reproduisons ici quelques-unes des grandes conclusions de cette enquête.

« Le voyage du pape est contesté – du moins suivant les modalités actuelles. On lui reproche son coût et son triomphalisme. De plus, ce voyage est considéré comme inutile, étant donnés la personnalité du pape et son mode de fonctionnement. Aucun dialogue ne pourra s’instaurer entre la base et le pape qui se bornera à prononcer des discours.

Les chrétiens ne sont cependant pas hostiles à l’idée d’une visite du pape si celui-ci vient en pasteur et non en pontife ou en chef politique et afin de découvrir leurs préoccupations. Une telle rencontre pourrait être l’occasion pour la communauté chrétienne de mettre le pape au courant des problèmes cruciaux qu’elle vit. Cependant l’expérience des voyages précédents confirme qu’il n’en sera pas ainsi et que tout se bornera à des mouvements de masse qui feront du pape une vedette à la grande satisfaction des mass-media.

2° C’est donc avec le plus grand scepticisme que ceux et celles qui répondent à l’enquête pensent pouvoir être entendus par le pape. Or, le problème de la place des femmes est un des plus actuels et urgents dans nos vieilles communautés désertées par les femmes qui ne se résignent plus aux rôles qu’on leur a assignés. Ceux-ci ne répondent ni à leurs possibilités ni à leurs désirs. Femmes et hommes veulent avoir une responsabilité égale dans la société et dans l’Église. Le refus de celle-ci renforce la discrimination vécue par les femmes à cause de l’impact que cette Église a encore sur maints esprits. Cette égalité suppose l’accession des femmes à la prêtrise et pour beaucoup le refus du célibat obligatoire des prêtres. Ces deux situations concrétisent encore le mépris qu’a la hiérarchie pour les femmes.

Un changement radical d’orientation est demandé dans le domaine de la morale sexuelle : liberté des couples, confiance aux femmes dans les choix qu’elles font.

Que le pape se borne à rappeler les .grandes orientations de la dynamique chrétienne en référence à l’Évangile et non à une doctrine traditionnelle instaurée au long des siècles par des hommes célibataires, autoritaires et misogynes.

Que les femmes et les hommes prennent les uns et les autres leur place dans une Eglise en rupture totale avec le passé.