Les Filles de Saint-Paul : avec, par et pour les femmes

Les Filles de Saint-Paul : avec, par et pour les femmes

Lise Labarre, Jeanne Lemire et Vanda Salvador, Filles de Saint-Paul

Favoriser l’égalité et la circulation des idées

Qu’ont réalisé les Filles de Saint-Paul avec, par et pour les femmes depuis bientôt soixante-dix ans au Québec ? Selon leur mission de promouvoir les valeurs évangéliques dans la culture des communications, elles ont, par leurs actions, favorisé la réflexion en vue de l’action des femmes en Église.

Publications

Dans l’histoire récente de la maison d’édition Paulines, soulignons la collection « f » où des femmes engagées en Église ont partagé leurs expériences et leurs réflexions pour qu’advienne, au cœur de la communauté ecclésiale, l’éclatement des frontières et des rôles entre les femmes et les hommes. Actes d’un symposium sur le partenariat hommes et femmes en Église, recherche-action sur les pratiques pastorales, démarches d’animation sur ces sujets, réflexion théologique sur Dieu « au-delà du masculin et du féminin », images féminines de Dieu dans la Bible, réflexions socio-pastorales : voilà les principaux sujets abordés. Dans sa publicité, la collection parlait d’un souffle prophétique pour un partenariat intégral dans l’Église. Des ouvrages d’autrices dans d’autres collections ont traité de catéchèse, d’équité sociale, de pastorale des communications, de théologie spirituelle.

Dans son histoire plus ancienne, la maison d’édition a aussi publié des ouvrages de spiritualité pour les religieuses et des livres de formation pour les adolescentes.

Le catalogue de la maison d’édition compte soixante-dix auteurs et autrices dont 47 % sont des femmes. Femmes d’ici ou d’ailleurs. Pour l’une d’elles, Diane Foley, l’appel à la publication a été perçu comme une « mini-annonciation » tellement la proposition de la directrice de la maison d’édition la lançait dans un monde inexploré. Découverte de talents chez des autrices, mais aussi chez les graphistes, les réviseures, les illustratrices. Les femmes constituaient, en effet, la quasi-totalité du personnel de production.

Librairies

Une librairie reflète toujours les courants culturels contemporains. Parmi les multiples ouvrages disponibles — environ 32 000 titres à Montréal —, les Librairies Paulines du Québec se font un point d’orgueil d’offrir un rayon sur la condition féminine. La seule existence de cet étalage attire l’attention sur les réflexions concernant la moitié de l’humanité.

Lors de leurs activités culturelles — lancements, causeries, etc., — les librairies offrent une large place aux femmes. En 2019-2020, sur soixante-cinq activités tenues par la librairie de Montréal, 43 % donnaient la parole à des autrices. Grâce à ces rencontres avec une partie de leur public, ces écrivaines voyaient le rayonnement de leurs œuvres s’élargir. Comme pour beaucoup d’activités culturelles, les participantes étaient mieux représentées que les participants. À l’occasion, les libraires ont aussi organisé des tournées d’autrices et d’auteurs étrangers à travers tout le Québec. À titre d’exemple, la tournée avec Anne Soupa et Christine Pedotti a permis un plus large rayonnement d’une parole chrétienne libre dans des milieux fort diversifiés.

Autres implications

La communication, par définition, est collective. Les Filles de Saint-Paul ont une vive conscience de la nécessité de partenariat pour faire advenir la Bonne Nouvelle. Ces collaborations ont pris divers visages au cours des ans par l’une ou l’autre d’entre nous. Mentionnons une action intense avec des femmes de milieux défavorisés et la formation d’une quasi-communauté de base avec elles, la participation à un vaste projet auprès des répondantes diocésaines à la condition féminine avec Femmes et ministère. Trois d’entre nous ont aussi œuvré au Centre Saint-Pierre en formation en communication ou en productions audiovisuelles. Formation à l’analyse critique des médias ou initiation à leur usage ont marqué le début de l’engagement de plusieurs regroupements de femmes pour utiliser les médias pour véhiculer leurs messages.

Les Filles de Saint-Paul vivent leur engagement en tant que femmes, mais aussi nourries par une idée-force de leur fondateur, Jacques Alberione. Pour lui, les femmes sont partie prenante de l’action pastorale, sur le même pied que le prêtre, ce qui n’était pas habituel au début du XXe siècle : « Le prêtre et la femme ont la même vocation et travaillent dans le même champ d’action. Les deux doivent rendre le même compte à Dieu des résultats du salut ».