Liminaire 152

Liminaire

 

Marie Gratton est décédée en mai 2018. Depuis ce temps, nous regrettons qui, la femme complice de sa vie[1], la mère aimante et toujours prête à raconter des faits et gestes de ses enfants et petits-enfants, la grand-mère attentive, aimante, l’amie sur qui l’on sait pouvoir compter, l’épicurienne qui aime les bulles et les plats raffinés et qui animait une table de convives sans pareil, la conférencière prisée pour son verbe et son humour, l’écrivaine prolifique dont les articles ont été publiés dans un grand nombre de revues, de magazines et d’essais, la féministe pionnière pour défendre la cause des femmes en Église et dans la société, la théologienne passionnée par entre autres Marie, la Galiléenne, cette dernière qui a donné naissance à un fils qui a créé la religion chrétienne et pour laquelle elle voulait redonner à cette femme, son humanité avec ses joies et ses peines. Nous reviendrons sur l’écriture de la théologienne dans le Tome 2 intitulé : Marie Gratton sur Marie de Galilée.

Le Tome 1 présente sept hommages à Marie Gratton. Ils évoquent des facettes de cette femme sereine, chaleureuse, au verbe haut en couleur, aux yeux pétillants, au sourire accueillant, comme il vous sera possible de le constater par vous-mêmes, fidèles lectrices et lecteurs, en scrutant sa photo et ses écrits en nos pages et sur notre site.

Pour qui ne l’a pas connue ou ne l’a côtoyée que par ses écrits, les portraits présentés vous feront découvrir d’autres aspects de sa personnalité et de son écriture. Les unes et les autres louent la « Femme de joie, de colère et de pardon », la « femme de bonté, d’une grande sensibilité », la « pionnière dans la conscience et dans l’engagement féministe », la « figure de compassion », la « fidèle bagarreuse », « l’humoriste », la « rebelle », la « femme de passion, de foi », « la mentore, la femme pivot qui marque une vie », la « femme attentive à l’autre » et j’en passe.

Les dessins présentés en nos pages sont de Marie Gratton. Ils ornaient une carte de souhaits ou une lettre de château et nous arrivaient aux unes et aux autres par courrier. Des œuvres originales qui pouvaient être encadrées et la calligraphie était soignée, sans parler des mots, choisis avec soin.

Marie Gratton a publié deux livres. L’un présente un voyage intérieur en 365 jours et l’autre des regards sur l’art sacré. Sont inclus dans ce Tome 1, deux recensions de ces ouvrages qui permettent aux uns et aux unes de connaître le Côté cour, côté jardin de Marie Gratton et de méditer sur le sens et sur la portée spirituelle des thèmes suggérés ou des œuvres sacrées.

Autre sujet qui a passionné la théologienne et l’écrivaine, le « vivre, vieillir et mourir dans la dignité ». En ce temps de pandémie, en ce temps où les questions sont nombreuses et les réponses rares, nous tentons de tracer un chemin signifiant. À cet égard, nous reprenons, un texte de Marie Gratton publié en 2016 : Vieillir dans la dignité. À la fin de l’article, quelque deux ans avant son décès, Marie Gratton terminait sur un souhait qui, je peux vous assurer, a été exaucé :

De toutes mes forces, je désire et j’espère conserver jusqu’à mon dernier jour la conscience de ma dignité personnelle, et inspirer aux personnes qui m’accompagneront jusqu’au bout de mon âge une « sollicitude intelligente » […] Cette sollicitude intelligente que nous nous devons les uns et les unes aux autres, je l’estime la plus sûre garante d’un vivre, vieillir et mourir dans la dignité.

Pour clore ce numéro 152, deux recensions pour approfondir la théologie féministe de Monique Dumais, cofondatrice de L’autre Parole, décédée en septembre 2017. La Société canadienne de théologie organisait, en juin 2018, un panel qui visait à faire un retour sur la pensée de Monique Dumais, une pionnière de la théologie féministe au Québec. L’activité conduit à la publication de deux articles dans la revue Théologiques, recensés ici, qui nous font découvrir entre autres l’éthique théologique et la fonction de l’art dans la théologie féministe de Monique Dumais.

Bonne lecture !

Monique Hamelin pour le comité de rédaction

[1] Claude, son conjoint, a rejoint sa Marie en février 2020.