LIRE LA BIBLE AVEC TOU NOTRE ETR DE FEMME

LIRE LA  BIBLE AVEC TOU NOTRE ETR  DE FEMME

par Monigue Dumais

Retrouver l’histoire d’une femme qui souffrait d’hémorragies dans les textes évangéliques est plutôt étonnant quand on sait que selon le. tradition juive, le sang menstruel rendait les femmes impures (Lév 15,19). En effet, le sang qui coule de façon involontaire pendant la période des menstruations ou au moment de l’accouchement était considéré comme cause d’impureté, parce qu’il était ressenti comme un  « mystère inquiétant » (voir la bible TOB, note o, p. 223 et note o, p. 230).

Alors cette femme était atteinte d’un flux de sang depuis douze ans et elle « avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit ». (Mc 5,26) : je crois entendre la critique féministe au sujet des interventions gynécologiques, particulièrement celle de Mary Daly dans Gyn/Ecology. L’hémorroïsse se présente de façon bien discrète, elle vient par derrière, dans la foule, toucher le manteau de Jésus (Mc 5,27). « Aussitôt la source d’où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu’elle était guérie de son infirmité » (Mc 5129). Jésus vient de permettre à une femme d’être rétablie dans son rythme féminin et de vivre ainsi de façon normale sa sexualité. Comme dans le récit du redressement de la femme courbée (Le 13,10-17), je saisis que Jésus aide les femmes à vivre totalement leur potentiel physique et ainsi les resitue dans un univers social ouvert.

Lire la Bible avec tout notre être de femme, la laisser résonner à travers nos expériences de femmes et exprimer ce qui émerge .de cette relecture constituent des étapes nécessaires pour que les femmes puissent se réapproprier la Bible et s’inscrire dans la tradition chrétienne. Une tradition chrétienne désormais plus prégnante de l’expression des femmes et des hommes.

Devant l’histoire de l’hémorroïsse les femmes ressentent différemment des hommes, dans leur corps et leur sensibilité cet écoulement ininterrompu du sang. règle générale : les hommes ne veulent pas trop s’attarder à considérer ce sang menstruel des femmes, qui leur apparaît assez souvent répugnant, incompréhensible parce qu’il est hors de leur expérience. Les femmes aussi ont souvent une attitude de dédain devant ce sang embarrassant, qui vient nous déranger à chaque mois une attitude culturelle transmise par une société mâle ? Pourtant, ce sang fait partie de notre cycle vital ; il signale la régularité ou l’irrégularité, le bon fonctionnement ou le désordre de nos organes génitaux, en somme il est un signe des dynamistes sexuels présents en nous. Ne sommes-nous pas invitées à accepter, à saisir le sens de ces manifestations physiologiques ?

Cette femme affligée d’hémorragies est notre soeur lointaine, mais elle est aussi proche de nous, car c’est peut-être moi qui suis inquiète et priée par ce malaise ••• Dans toutes les circonstances de ma vie, Jésus m’invite à lancer un regard vers lui, à aller le toucher, car il est prêt à me communiquer de sa force, à me remettre sur pied et à me rendre une pleine vitalité physique.