Livre des Juges, chapitre 19, 24-30

Livre des Juges, chapitre 19, 24-30

Un jour, un ecclésiastique pervers eut l’idée de fonder une communauté de petites servantes dont la mission serait de prier et de faire pénitence pour sauver les femmes dites « de mauvaise vie ». Il leur confia le mandat d’être solidaires et d’intercéder pour ces femmes déchues.

Le fondateur n’avait pas de considération pour les petites servantes ; il les traitait comme des femmes sans identité propre dont on pouvait user et même abuser. La Loi du silence régnait en maître dans la communauté.

Cela autorisa des prêtres, des mandatés d’évêques et même des évêques à se servir de leur corps, de leur personne et à faire comme si de rien n’était parce que ces femmes n’étaient pas des sujets de droit. En fait, ces servantes de Dieue étaient traitées comme des esclaves par des membres du clergé qui se croyaient tout permis. On aurait dit qu’ils projetaient sur les servantes de Dieue le mépris qu’ils avaient pour les femmes dites de « mauvaise vie », un peu comme si l’opprobre qu’ils leur faisaient subir devait les rendre plus pénitentes, priantes et soumises. Ces servantes de Dieue étaient coincées dans un terrible système d’exploitation qui s’apparentait à celui vécu dans la société civile par les femmes dites de « mauvaise vie ».

Ces femmes terrassées et blessées dans leur corps et leur âme ont vécu une véritable descente aux enfers. Qui les croirait, qui reconnaitrait la violence subie, le viol de leur corps et de leur conscience ?

Des féministes lèvent aujourd’hui le voile sur cette situation et prennent la parole pour la dénoncer. Elles accueillent et croient les propos de ces femmes blessées. Elles fustigent l’égocentrisme et le narcissisme de membres du clergé qui se réfugient dans le déni ; elles dénoncent l’instrumentalisation de la Bible pour légitimer le cléricalisme et le patriarcat ; elles affichent leur sororité avec toutes celles qui ont été abusées pour qu’elles puissent guérir de la culpabilité et de la honte qui les ont si longtemps paralysées dans le silence et qui appartiennent, en vérité, aux agresseurs. Oui, les entrailles de ces femmes sont bénies ; parlons-en pour que jamais on n’oublie la violence qu’elles ont vécue et que toujours on reste alertes à discerner d’autres manifestations de violence qui peuvent agresser les femmes dans l’Église comme dans la société.