NOUVELLE VAGUE… EN AGRICULTURE

NOUVELLE VAGUE… EN AGRICULTURE

Julie, une agricultrice

Léona Deschamps – HouIda

Dans l’Est du Québec, des jeunes inaugurent la nouvelle vague en agriculture ou s’inscrivent dans la tradition agriculture de la région.

Aujourd’hui, j’ai l’agréable plaisir de vous présenter une jeune agricultrice du quartier rural de Rimouski. Il s’agit de Julie Saint-Pierre, la petite fille de Thérèse de regrettée mémoire. Apparemment timide, cette jeune femme, préoccupée de la survie de sa région, porte en elle une vision d’avenir.

Comme plusieurs autres diplômées de l’université Laval en agriculture, elle aurait pu préférer des emplois connexes à sa formation ou se diriger vers des régions où la terre est plus facile. Elle connaissait bien les terres du Bas-Saint-Laurent: des terres rocheuses, vallonneuses, parfois fort accidentées et soumises aux variations de l’air salin. Ces rudes terres, jadis pillées par des entrepreneurs forestiers étrangers, jardinées par nos pionnières et nos pionniers, Julie les aime. Elle reconnaît que la contribution non officielle mais constante des femmes d’hier a fait de notre terreau des entreprises florissantes.

En femme d’aujourd’hui, elle voit l’importance de s’instruire pour bien gérer une entreprise agricole. Alors notre jeune agricultrice s’est donnée une formation en gestion agricole, en administration et en biologie. Elle est préoccupée d’écologie, de la variété des productions, de l’histoire de l’agriculture en région et de la croissance de la mise en marché. La compétitivité dans ce domaine ne la prendra pas au dépourvu. Elle demeure toujours en contact avec des consoeurs et des confrères connus à l’université.

Il faut rappeler ici l’événement qui a provoqué l’engagement de Julie. À proximité de sa famille, une ferme est devenue vacante. Elle en devient la propriétaire. Aujourd’hui, elle dit fièrement: «J’ai ma ferme! À vingt-trois ans, je gère une entreprise agricole d’abord laitière avec cinquante belles vaches Holstein et dernièrement, j’ai diversifié mon cheptel par l’acquisition d’une cinquantaine de brebis.

Dans la région, les petites fermes de jadis comportaient, cet élément… ajoute-t-elle. Habitant à proximité des Bergeries La Neigette, elle saura bien se munir des renseignements nécessaires à la santé de son nouveau troupeau.

Oui, Julie s’implique avec une grande compétence dans le respect de l’environnement. Sa terre, c’est du vivant. Sans aller vers une culture purement biologique, elle s’efforce de bien la nourrir, de l’exploiter d’une manière rentable en évitant de «l’hypothéquer pour l’avenir». Elle est à son écoute et veille constamment à son état de santé. Elle avoue candidement que son «chum» sourit quand elle dit qu’elle aime sa terre, ses vaches…

Depuis plusieurs années, quelques associations ont été créées pour faire reconnaître le travail des femmes et leur permettre de s’impliquer à part entière dans l’entreprise agricole. Ces dernières ont compris l’indispensable rôle qu’elles avaient et devaient jouer dans la conservation et l’expansion des terres de chez nous. Déjà, Julie a participé à quelques réunions de l’UPA (l’Union des producteurs agricoles). Ce milieu s’ouvre lentement à la présence des femmes car le syndicat des agricultrices du Bas-Saint-Laurent milite en ce sens. Elle espère bien qu’un jour, hommes et femmes seront partenaires à part égale. À cet effet, elle apporte sûrement sa contribution. Ce qu’elle regrette, c’est que les jeunes soient peu nombreux à choisir cette orientation. Julie projette de se tenir en contact avec les étudiantes de l’institut de technologie agricole de la Pocatière afin de les inciter à revenir sur les nombreuses terres vacantes de l’Est du Québec.

En conclusion, Julie voit la nécessaire implication des femmes en agriculture car elles abordent les problèmes et traitent des réalités agricoles d’une manière plus humaine, plus passionnée, plus affectueuse que les hommes.