PAPE EST VENU CHEZ NOUS

PAPE EST VENU CHEZ NOUS

par Marithé Roy-Olivier

 Le passage de Jean-Paul II en terre canadienne fait déjà partie du passé. Durant des mois l’organisation de la visite du pape avait préparé son séjour, planifié les rencontres, suscité la réflexion.

Chez les femmes, des groupes attendaient beaucoup des homélies qui seraient prononcées en cette occasion, d’autres appréhendaient leur contenu mais une large proportion de la population féminine semblait indifférente. Réactions très diversifiées : par exemple, quelques-unes ont préféré garder silence, certaines ont crié leur colère rappelant des positions de l’Eglise concernant les femmes, enfin un petit nombre s’est exprimé prudemment. A cela se sont ajoutées quelques voix masculines, pro ou anti-féministes, ces dernières alourdissant le climat. Les femmes se sont senties comprises, ou non, selon les énoncés du discours et les insatisfactions ont fait monter la pression.

Septembre est arrivé, le pape est venu et tout le monde s’est tu, ou presque…question de digérer le menu.

Comment Jean-Paul II m’a-t-il interpellée ?

Je parle ici en mon nom personnel, car je suis très consciente que chaque personne est unique et réagit différemment à l’événement. Jean-Paul II m’a rapprochée de Jésus- Christ, des handicapés physiques, des jeunes, de la dimension spirituelle de la prière.

J’ai rencontré un homme de foi, qui n’a pas peur de dire ses convictions. Je crois qu’il veut respecter la personne humaine, même dans ses positions les plus contestées.

Comment a-t-il parle aux « Filles de Dieu » ?

Chez les Soeurs de la Congrégation Notre-Dame, ces phrases m’ont frappée : « Les femmes qui veulent justement leur promotion ont intérêt à contempler cette femme forte (Marguerite Bourgeoys) qui a voulu rendre les femmes de son temps dignes de leur vocation ». Or, ma première vocation de Chrétienne c’est d’être pleinement femme, une vraie femme en tout et partout. En ce sens, le message me rejoint.

Au parc Jarry quelques exhortations s’adressaient aux femmes : « Avec les hommes, apportez au sein de vos familles, apportez au coeur de la société, les capacités humaines et chrétiennes dont Dieu a doté votre personnalité féminine et que vous saurez développer selon vos droits et selon vos devoirs « j’aurais préféré ici le mot responsabilité, ce serait faire plus de place à la liberté et à l’autonomie), à la mesure même de voir ; : union au Christ, source de sainteté Le Seigneur compte sur vous pour que les relations humaines soient imprégnées de l’amour tel que Dieu le veut. Les façons d’accomplir ce service peuvent différer de ce qu’avait choisi Soeur Marie-Léonie, mais au sens le plus évangélique qui transcende les opinions de ce monde, c’est toujours le service dont l’humanité et l’Église ne sauraient, se passer ». Je crois que Jean-Paul II reconnaît, ici, l’importance de l’apport des femmes dans la société et dans l’Église, c’est quand même un signe d’espérance. Finalement, je fais miennes les paroles que Jean-Paul I ! a dites aux jeunes, au stade olympique :  » L’Église c’est vous », « Prenez part à la vie de ce corps, tout imparfait qu’il reste. Apportez votre exigence et votre enthousiasme ». « Restez des chercheurs(euses) de la vérité. Déployez avec courage les richesses qui sont en vous. Donnez-vous sans mesure au service de la justice, de la paix de la liberté et de l’amour, dans la lumière du Christ. « 

Ces paroles se passent de commentaires, elles englobent tout un programme de vie. C’est un stimulait pour aller de l’avant et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas mon option comme chrétienne.

En parcourant le Canada, Jean-Paul II s’est adressé à de nombreuses foules.,. Il a donné l’image d’un homme très humain, sensible au vécu des personnes, surtout des handicapés, des malades, des jeunes, II a apporté son appui aux familles, aux travailleurs, à ceux qui luttent pour la justice, la défense des droits, etc…

Cependant, je me demande, comment, par exemple, une femme divorcée remariée s’est-elle sentie comprise, accueillie par son chef spirituel, de même que celle qui a dû, un jour, se faire avorter ou qui vit une autre situation pénible dans son histoire humaine. Par la voix des journaux, des hommes et des femmes ont exprimé leur malaise, ont dit s’être sentis exclus du discours, se sont dits peines.

Au sein de notre humanité souffrante où fiché, et désir de Dieu se côtoient, à l’intérieur de chacun-e de nous, des personnes ont besoin de se faire dire que Dieu les aime quel que soit leur vécu ; Jean-Paul II l’avait rappelé aux jeunes, en soulignant qu’ils pouvaient compter sur la fidélité de Dieu. Je n’ai pas entendu ces paroles d’encouragement à l’adresse des adultes qui vivent des difficultés.

J’aurais souhaité que ces propos soient, repris avec les chrétien-n-es rassemblé-e-s en ces temps forts, car nous sommes tous concernés par la souffrance des autres, d’autant plus qu’un grand nombre de problèmes en évidence actuellement résultent des situations aberrantes qu’une société déshumanisante entraîne avec, elle depuis nombre d’années. Les « acteurs-trices » de ce scénario de la vie, sont alors beaucoup plus victimes que responsables.

Étant chrétiennes engagées, figurantes actives de l’histoire en devenir, nous nous impliquons dans cette Église qui est composée de femmes et d’hommes et nous aimerions y vivre en partenaires co-responsables. La route est tortueuse mais nous avançons lentement.

Comme Jean-Paul II l’a recommandé aux jeunes : « Apportons notre exigence et notre enthousiasme ». C’est à partir de nos efforts concertés que nous changeons des choses. « Il est possible de réfléchir et d’agir ensemble à la recherche d’un salut vécu avec d’autres, à la lumière de l’espérance fondée sur la promesse de Dieu. » (Letty Russel).

L’autre Parole a le privilège de compter des théologiennes et des exégètes compétentes, sachons profiter de leurs ressources, L’écriture nous éclairant, les valeurs évangéliques nous stimulant : « Soyons des Femmes de Foi et d’Espérance en route… »