Que vive en nous son héritage

Que vive en nous son héritage

 

Gisèle Turcot, sbc, Femmes et Ministères

Nos premières rencontres avec Monique Dumais remontent à une journée d’étude à la Maison Bellarmin où elle était invitée comme personne-ressource. Fraîchement rentrée d’un séjour académique aux États-Unis, elle projetait à l’écran les ouvrages qui allaient nous ouvrir le champ des études féministes et, entre autres, de la relecture féministe des Écritures. Face à l’immense chantier qui s’annonçait, elle avait perçu que les Évangiles offrent une vision libératrice qui donne droit à l’expérience de foi et à la parole des femmes.

En Monique douceur et détermination faisaient bon ménage. Comme les vagues du fleuve frappant sans cesse les rives de sa ville, Rimouski, elle n’a jamais dévié de sa mission : travailler à l’émergence et à la reconnaissance de nos voix de femmes tenues en marge de la société et des religions et cependant porteuses d’une parole singulière que le monde a besoin d’entendre.

En bonne éducatrice – manière ursuline – Monique a associé les plus jeunes générations à son projet théologique qui allait prendre forme notamment dans la fondation de L’autre Parole, lieu de rassemblement et d’écriture qui tient la route depuis plus de quarante ans. Quelle fécondité !

Fait remarquable, Monique a su concilier la mission d’une universitaire vouée à la recherche et à l’analyse critique dans le champ du féminisme, et la fidélité à la communauté chrétienne et ecclésiale, au-delà des contradictions et des déceptions qui heurtaient ses convictions personnelles et intellectuelles. Dans cette optique, elle a toujours respecté le travail de groupes tels que le nôtre, Femmes et Ministères, qui au nom de leur Baptême, œuvrent pour le changement du statut collectif des femmes au sein du catholicisme.

Comme nos ancêtres dans la foi, Monique a marché du « pas allègre de la confiance »[1] pour que nous ayons la vie, une vie en plénitude dans la chair et l’esprit.

Que vive en nous son héritage, ce don de l’audace et de la confiance partagées dans la sororité et la solidarité !

[1]Claire d’Assise, correspondance. Formule reprise par Marie Gérin-Lajoie, sbc