RELIGION ET LA PANDÉMIE DE LA COVID-19

RELIGION ET LA PANDÉMIE DE LA COVID-19

Ivone Gebara, théologienne féministe, Sao Paulo

NDLR : Article d’abord paru en portugais sous le titre « Religião e a pandemia da Covid-19 » dans Carta Potiguar, 22 juin 2020 et Humanitas/Unisinos, 24 juin 2020. Traduction : Geneviève Perret, sœur auxiliatrice.

Ces derniers mois, beaucoup de personnes et de groupes m’ont demandé quel est le message chrétien particulier devant la pandémie qui frappe tous les recoins du monde. Et lorsque cette question est posée, trois connotations d’origine émotionnelle et intellectuelle semblent surgir, cherchant la confirmation d’expectatives. La première, c’est celle qui s’oriente dans la ligne de l’espérance présente dans la tradition chrétienne, comme si nous pouvions y trouver une bouée de secours sûre qui nous soulagerait au moins de nos craintes actuelles et nous procurerait un guide immédiat pour vivre.

La seconde tente de confirmer que la destruction du monde et de nos relations est l’œuvre de nos mains, de notre attitude cupide qui veut accumuler des biens dont jouit seulement une minorité. Et c’est bien par notre choix, que nous agissons indirectement contre la volonté de Dieu qui veut toujours le bien de toute l’humanité.

La troisième a à voir avec l’affirmation irréfutable selon laquelle Dieu nous punit à cause de nos péchés, de nos comportements déviants concernant la sexualité, la destruction de la nature, les traditions, et par conséquent notre manque de foi dans les préceptes divins. C’est donc par notre faute individuelle et collective que nous subissons la pandémie, même s’il y a des exceptions de personnes qui essaient de suivre la volonté divine. Il est important de noter que le « personnage » Dieu entre dans les trois expectatives, bien que de manières différentes. Et le « personnage » devient l’image et la ressemblance de nos postures sociales et même politiques, de notre imagination et de nos fictions religieuses.

La question qui demeure est de savoir qui est ce « personnage » pour chaque groupe et pour chaque personne individuellement, qui est ce quelqu’un qui doit apaiser nos angoisses face à la mort, nous juger, nous pardonner, nous accueillir et restaurer nos vies menacées.

Je reconnais avoir parfois perçu la frustration de quelques personnes quand ma réponse ne rejoignait pas leurs attentes. Je sens qu’elles restent mal à l’aise, presque déçues quand ma réflexion ne coïncide pas avec leurs arguments et leurs attentes. S’il s’agissait seulement de discuter d’arguments, cela me serait égal, mais le fait est que les émotions et les réflexions présentes dans les questions expriment une véritable souffrance, une nécessité de quelqu’un qui les comprendrait et pourrait confirmer que, après ce tourbillon, quelque chose de bon pourra arriver. De telle sorte que souvent je me tais ou je réponds : « nous ne savons pas ! »

Y aurait-il un unique message central qui serait une sorte d’antidote contre l’absence d’espérance ou même le désespoir dans lequel nous vivons devant les multiples menaces présentes concernant la vie de notre planète et notre vie sur elle ? Que peut-on dire lorsque ce virus semble s’être abattu non seulement sur les corps humains en les empêchant de respirer et en les asphyxiant jusqu’à la mort, mais aussi, de diverses manières, sur les gouvernements, les polices, les religions, les églises qui, comme le virus, bien qu’avec d’autres méthodes, reproduisent des pandémies mortelles par des actions et des interprétations sociales même s’ils affirment être en lutte contre le virus.

De fait, le virus planétaire COVID-19 n’épargne personne car ses formes d’expansion ne sont pas encore contrôlables ; d’une part, nous sommes sûrs de cela du fait de l’interdépendance commune, et d’autre part, cela atteste notre ignorance sur nous-mêmes et sur le monde dans lequel nous vivons. Bien que nous croyions souvent au pouvoir de la science pour répondre à presque toutes les questions de l’humanité, il est frustrant de voir qu’il y a bien plus d’inconnu que de déjà connu.

Chaque personne trouvera ou non dans ses croyances sociales, politiques et religieuses, une réponse ou une absence de réponse aux questions posées par l’époque actuelle. Cependant, ce que l’on peut observer aujourd’hui est une expérience commune d’impuissance et d’ignorance concernant notre propre vie. Même les plus dogmatiques et convaincus de leurs positions ont été confrontés au virus du doute ou à quelque soupçon sur leurs certitudes. D’une certaine manière, avec la COVID-19, s’est répandu aussi le doute sur la vie humaine et sur le cours de l’histoire. C’est comme si cette pandémie nous appelait à être différents, comme si elle manifestait le soupçon collectif que nous sommes tous au bord d’un abîme, nous demandant, au « tribunal de la vie », comment nous nous rachèterons de tant de morts, de tant de vies bouleversées. A cause de cela, beaucoup de personnes se demandent si elles survivront et, si oui, dans quel état elles seront à la fin de la pandémie. Comment nous organiserons-nous ? A quoi et en qui allons-nous croire ? Comment allons-nous adapter nos croyances passées aux défis du monde actuel ?

Sans doute, peut-être que la plupart des gens aspirent à revenir au « tout comme avant », bien que la contagion du doute puisse atteindre, même un tout petit peu, la vie de toutes et de tous. Nous n’avons pas encore de réponse à nos questions, à part les petites aspirations affectives de revoir les amis et la famille, de célébrer les anniversaires, d’aller aux centres commerciaux ou à d’autres activités et rencontres collectives.

Comme les réponses de la science en sont encore à la phase d’expérimentation, beaucoup croient trouver une réponse dans les religions. Celles-ci paraissent donner un peu de sécurité puisqu’elles semblent en relation avec des pouvoirs au-delà de la science, des pouvoirs invisibles, plus invisibles que la COVID-19. Et donc les cultes par Internet se multiplient, les prières suppliant Dieu de sauver le monde, des bénédictions depuis des camions ouverts ou des hélicoptères ravivent de vieilles dévotions considérées par un bon nombre de personnes comme « puissantes ».

Mais que signifie le salut du monde ? Est-ce seulement de la COVID-19 que nous essayons de nous sauver ? Qu’en est-il du racisme exacerbé que nous expérimentons tous les jours ? Qu’en est-il des agressions envers les femmes dans les « prisons domiciliaires » ? Qu’en est-il de l’extermination des personnes qui vivent dans les périphéries, de leur exposition aux folies des exterminateurs, des puristes, des justiciers qui imaginent faire justice de leurs propres mains, armées ou non ? Qu’en est-il des transgresseurs, ceux qui ne croient pas à la pandémie, qui s’y affrontent comme s’ils voulaient mesurer leurs forces avec elle ? Quelles réponses donnent les religions dans leur diversité croissante ?

En réalité, je ne crois pas que les religions dans leur diversité aient une réponse efficace aux problèmes actuels de l’humanité, malgré leur importance pour beaucoup de gens. Ce sont des formes institutionnelles de consolation et des essais de « protection métaphysique » qui se développent au sein de nos cultures, mélangées aux émotions et aux problèmes quotidiens. Bien que je ne nie pas leur valeur historique et pour de nombreuses personnes, en réalité elles entrent aujourd’hui, comme tant d’autres actions style New Age, dans la catégorie des moyens de soulagement que nous nous donnons dans les moments critiques de la vie. Cette aide réside, au fond, au-delà des religions, et c’est à elle que j’aimerais me raccrocher comme à une « bouée » précaire quand il semble que nous sommes en train de nous noyer dans un déluge collectif. C’est comme s’il y avait, dans nos entrailles humaines, les entrailles de ces humains que nous sommes aujourd’hui, non seulement des bouées personnelles mais aussi des « bouées collectives ». La pandémie réveille les entrailles collectives et les religions ne sont qu’un outil parmi d’autres pour affirmer la force collective de soutien de cette bouée commune.

La douleur collective paraît éveiller la solidarité commune, d’autant plus que personne n’est à l’abri de la douleur de la pandémie. Même si certains sont mieux protégés que d’autres, la situation actuelle révèle la vulnérabilité de toutes et de tous. Et peut-être que, dans cette situation, il y aurait quelque chose, au-delà d’une religion déterminée, à renforcer et développer. Ce serait comme la constitution d’une fraternité au-delà des credos religieux, un pacte, une alliance entre nous au-delà de nos dieux et déesses, au-delà des lieux de culte des uns et des autres, au-delà des vieux credos. Nos dieux et déesses risquent d’être sectaires, d’exiger des lois et des sacrifices selon leurs particularités et spécialités. Nos dieux ont le virus de la concurrence entre eux dans la mesure où ils sont devenus notre image et ressemblance. Nous avons besoin, pendant un moment, de leur donner du temps libre, peut-être de les laisser dans leur « quarantaine » jusqu’à ce que notre propre quarantaine soit passée et que nous puissions voir clairement le chemin personnel/collectif de l’humanité.

Nos dieux ne peuvent plus nous donner les solutions car ils ont sur nous des désirs multiples et contradictoires et même ils combattent entre eux, changeant nos combats apparents en conflits réels entre dieux. De la même manière, les ministres de nos dieux sont motivés par des intérêts privés et utilisent les dieux et la fragilité des croyants comme armes pour conserver leur pouvoir et leurs privilèges.

Est-ce que j’exagérerais ? Serais-je en train de fuir l’accueil et la tendresse de nos dieux ou de nos saints ? Nierais-je l’importance des traditions religieuses ? Douterais-je de l’amour divin et du sacrifice du Christ pour nous ? J’ose dire oui et non, car je suis convaincue que c’est nous qui donnons des pouvoirs à nos dieux, c’est nous qui leur construisons des autels, des prie-Dieu pour nous agenouiller en croyant les adorer et leur obéir inconditionnellement. C’est nous qui leur allumons des cierges, leur offrons de l’encens et sacrifions nos corps. C’est nous qui les vêtissons et qui nous vêtissons pour eux, comme si nos vêtements sacerdotaux ou autres indiquaient notre appartenance à telle ou telle divinité dont les volontés ne rejoignent pas nécessairement celles d’une autre divinité du même Olympe ou d’autres. La diversité des dieux et déesses ainsi que des Olympes est bien actuelle et connue. Elle accompagne la diversité des groupes humains, de leurs conflits et de leurs inventions.

Dans cette pandémie, nos divinités sont aussi victimes de nous-mêmes. Sans nous rendre compte, nous en faisons les objets de nos volontés souvent contradictoires. En leur nom, nous attaquons, nous défendons, nous tuons et nous mourons. En leur nom, nous devenons riches et nous devenons pauvres.

Faisons-nous tous les mêmes demandes à nos divinités en temps de pandémie et agissons-nous tous en vue d’un plus grand bien ? Chacun va sans doute « tirer la sardine vers ses braises » (chercher son intérêt). Cependant, peut-être y a-t-il un point commun à reconnaître ? Soit de nous libérer de la pandémie, soit de nous en protéger et d’en protéger nos proches. Cependant, par le fait même d’être en pandémie, nous souffrons déjà d’une menace et de l’effet réel des morts. Alors, si nous demandons désespérément de vivre, d’être libérés de cette pandémie, nos demandes sont accompagnées de beaucoup d’autres qui ont à voir avec un pendant et un après la pandémie. Et nous ferons sans doute ces demandes d’abord pour nos plus proches. C’est sans doute une caractéristique de notre animalité. La poule protège ses poussins avant les chatons de la chatte de la maison. De même la lionne ses lionceaux et ainsi de suite. Dans un incendie à l’école, je sauve d’abord mon enfant et ensuite celui de la voisine.

Et si, pendant un moment, nous acceptions le fait qu’avoir de la religion devrait être autre chose que ce que nous avons l’habitude d’avoir ? Si, pendant un moment, nous mettions entre parenthèses les volontés divines, les lois promulguées par Dieu, les élaborations théologiques de leurs ministres, les récompenses et châtiments promis ? Si, pendant un moment, nous nous sentions nus les uns devant les autres : sans dieux, sans saints et sans armes de guerre ? Et s’il n’y avait plus de temples ni de prédicateurs ? S’il n’y avait plus d’écoles de théologie et de ministères ? S’il n’y avait plus de dîme ni de comptes bancaires pour la bienfaisance ? Qu’en serait-il de notre histoire religieuse ?

Une des fonctions des religions, depuis les temps les plus anciens, était d’attirer notre attention sur ce qu’il y a de fermé dans notre animalité individuelle, limitée à notre collectivité proche, à la famille animale à laquelle nous appartenons. Donc, aller à la rencontre de celles et ceux qui sont tombés sur les chemins de la vie — car il y aura toujours des personnes tombées et nous allons « toujours » faire qu’il y en ait encore d’autres — cela fait partie de toutes les religions et sagesses. Et dans cette même perspective, la lutte contre l’accumulation des biens, contre l’avarice et la gloutonnerie sous toutes ses formes, en définitive contre les excès qui nous rendent esclaves de nos passions viles, a été une constante. Ainsi, du moment que nous sommes capables de rompre avec cette individualité animale exacerbée, nous nous éloignons aussi de la spontanéité animale égolâtre pour nous changer en une sorte d’« humus transformé », une espèce d’humus capable de s’approcher de ses semblables différents. Une telle conquête fut le fruit de milliers d’années de socialisation et nous n’avons pas encore atteint le lieu où nous avons l’intuition que nous devons arriver, c’est-à-dire le lieu où nous serons capables d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Pour désigner un peu ce but commun, il faut nous exercer, il faut lutter contre les tendances individualistes égoïstes spontanées qui nous habitent, il faut faire place chez nous aux méprisés, il faut savoir partager le pain et le poisson que nous cachons dans nos besaces et le vin que nous laissons vieillir dans nos outres, il faut descendre des sycomores et rendre aux gens ce que nous avons volé pour notre profit. Il ne suffit pas d’un seul Jésus de Nazareth, d’un seul François d’Assise, d’un seul Mohammed, d’un seul Moïse pour faire cela. Il ne suffit pas d’une Sara et d’une Agar, d’une Marie ou d’une Madeleine, d’une Khadija ou d’une Mãe Menininha[1] que nous désirerions imiter. Il faut que beaucoup d’entre nous entrent dans cette logique, à partir de notre temps et de notre contexte, jusqu’à ce que cela devienne une pratique, jusqu’à ce que cela devienne un « ethos », le comportement éthique des majorités, avec la conscience de leur fragilité.

Pour désigner un peu ce but commun, nous devons être capables d’apprendre chaque jour à contrôler les forces de destruction qui nous habitent, forces sans doute plus puissantes que les caresses amoureuses ou le soin que nous prenons les uns des autres. La force du moi fermé sur lui-même, devenant un empire à lui seul, voulant s’étendre toujours plus pour lui-même, est destructrice non seulement de son petit monde, mais aussi de beaucoup d’autres petits mondes qui tournent sur eux-mêmes. Et cette destruction a une force d’expansion et une capacité de changer la bonne levure en une chose « dure comme des pierres », incapable de faire lever la pâte pour la faire devenir du pain bon pour toutes et tous. Et ces pierres sont ensuite jetées contre des femmes, des adolescents, des enfants, des indigènes, des noirs, des mendiants, des homosexuels. Et l’argent est gardé dans des banques de pierre qu’un éclair fulminant et fumant pourra soudain brûler et réduire en cendres.

A quoi sert la religion si elle éloigne, si elle isole, si elle juge et tue, si elle accumule, si elle devient pierre ? A quoi servent les dieux du ciel quand ils n’ont plus aucun pouvoir sur les dieux humains de la terre ? A quoi sert la religion quand elle cesse d’être lien, connexion, interdépendance vitale, poésie de vie ? Il vaut mieux commencer à relier à nouveau, à manger seulement le pain de chaque jour, à remettre les dettes, à marcher, à ne pas tomber dans les tentations de l’égolâtrie qui nous entoure et nous habite.

La religion au temps de la COVID-19, c’est sentir et savoir que le même virus nous habite de multiples manières, que la même mortalité nous guette, que la même faim et la même soif habitent nos corps, que le même manque d’air nous fait perdre connaissance et qu’il faut ouvrir les mains pour que les cœurs s’ouvrent et fassent disparaître la COVID. De cette manière, la maladie aura peut-être accompli sa mission, la mission de nous rappeler ce que nous avions oublié, le fait que la même vie et la même mort nous rendent frères et sœurs. On ne s’échappe pas de cette condition, c’est le secret caché en nous, gravé sur toutes les cellules de notre être, tatouage pérenne et en même temps provisoire. C’est cette condition qui nous identifie, qui fait de nous ce que nous sommes réellement : un roseau fragile qui aujourd’hui respire et se meut mais qui demain sera fumier dans le renouvellement de la terre/vie. C’est pour cela que les anciens aimaient méditer sur la mort, la mienne et celle des autres, pour montrer la nécessité d’agir en sachant que le monde ne m’appartient pas et que cette vie, brève ou longue, remettra à la terre son ultime souffle pour que la vie se renouvelle et continue.

Mort ? Quelle espérance peut venir de la mort quand ce que nous cherchons est la fuir ? En réalité nous devons être pleinement vivants pour pouvoir réfléchir sur la mort. On ne réfléchit pas sur la mort quand on meurt chaque jour de faim, de soif ou de manque de logement. Dans cette situation, on vit déjà l’avant-goût et l’annonce quotidienne de la mort. Mais dans la vie, il faut aussi réfléchir sur la mort dans l’économie, dans la politique, dans la science, dans la religion comme des menaces. Et cela parce que, réfléchir sur la mort, c’est réfléchir sur la relativité absolue des êtres humains et, par là-même, sur la nécessité du respect absolu de toutes les vies aujourd’hui. Toutes doivent goûter le plaisir d’être vivantes, de se nourrir de vie, de se reproduire, de s’attirer et de s’aimer en ce moment évolutif unique, en ce moment passager dans lequel nous nous trouvons et faisons histoire ensemble. La réflexion sur la mort est l’aiguille de la balance de l’histoire, le fil de plomb de nos constructions, les lunettes qui nous aident à voir la mesure des choses, des situations et des personnes. Ce n’est pas une louange à bon marché de la mort, ce n’est pas de la nécrophilie, mais c’est l’accueil de la mort dans les recoins de nos recherches, de nos processus sociaux, politiques et religieux, pour exalter ou valoriser la vie fragile de chaque jour. Peut-être cela nous fera-t-il relier nos corps à d’autres corps, relier comme si nous étions un seul corps, comme si chaque corps était le corps et l’air commun dans la maison commune, en autonomie et interdépendance mutuelles.

En fait, écrire cela peut sembler faire beaucoup de poésie inutile, mais je suis sûre que c’est la poésie qui, en partie, nous sauvera, nous rendra un peu de tendresse et de goût pour la douce brise d’une soirée d’été. C’est elle qui enseignera aux superbes que nous sommes, l’humilité ; aux cupides, l’importance de la limite ; aux orgueilleux, l’importance de l’interdépendance. C’est pour cela qu’au XIIe siècle, quelqu’un à Assise a appelé la mort sœur, peut-être sœur jumelle de la vie, sœurs absolument inséparables. Et cette sororité ne peut être oubliée à aucun moment de nos vies ; de l’aube au couchant, comme une symphonie qui commence et doit s’achever, comme un moment unique et original qui doit être vécu et aimé.

 

[1]Mãe Menininha devint « Ialorixá » (prêtresse) de Gantois (Candomblé de Bahía, Brésil) à l’âge de 28 ans, le 18 février 1922. Sa réputation et son pouvoir se répandront dans le monde et, pendant les 64 ans qu’elle passera à la tête du « terreiro » (lieu de culte) de Gantois, elle recevra des gens très simples et d’humble condition, des artistes, des intellectuels et des chefs d’État.