No. 15 – L’ESPRIT, IMAGE FÉMININE DE DIEU ?

L’ESPRIT, IMAGE FEMININE DE DIEU?.
AU COMMENCEMENT… L’ESPRIT DE DlEU

PLANAIT SUR LES EAUX (GEN 1, 1~2)
De tous les efforts entrepris par les féministes
théologiennes pour rendre la symbolique chrétienne favorable
aux femmes, celui concernant l’image de Dieu représente un
réel défi.
Certaines, en dénonçant l’image masculine du Dieu
Përe, prétendent trouver dans la Bible des éléments féminins
qui auraient été attribués à Dieu mais non retenus par la
tradition patriarcale (Is. 42, 13-14; Is 49, 14-15; Sg 8,29).
Parmi ces éléments se trouve l’idée de la Sagesse qu’on relie
parfois au Saint-Esprit. Mais l’Esprit-Saint est-il réellement
l’image féminine de Dieu? Selon Roseraary Ruether,
l’Esprit serait encore représenté comme un principe masculin:
il est celui qui « féconde » le sein de Marie comme il « féconde »
les eaux à la création, donc « plus proche de la semence
masculine comme médium de la puissance mâle » (Concilium 163,
p. 96) que de la capacité féminine de donner la vie. Pour
sa part, Mary Daly fait voir qu’on ne peut parler de parthénogenèse
dans le cas de Marie puisque loin d’engendrer par ellemême
(GynEcology, p. 83) elle est le réceptacle de la puissance
de Dieu dans l’Esprit. Ce qui nous amène à dire que même
l’image de l’Esprit est tributaire de l’ensemble de la symbolique
chrétienne qui situe le féminin du côté du créé et le
masculin du côté du créateur. Et cette symbolique est liée à
la structure de relations patriarcales ou la femme est subordonnée
à l’homme.
On ne peut donc espérer libérer Dieu de cette image
sexuée masculine qu’en autant que les rapports hommes-femmes
seront transformés, c.a.d. que loin d’avoir des rapports hiérarchiques
patriarcaux les hommes et les femmes inventeront
des relations humaines matures où chaque personne sera respectée
avec tout son potentiel. Et de cela les femmes ont à
prendre l’initiative. Ensuite, on pourra parler de l’Esprit
d’amour en qui vit une humanité renouvelée:
« Tu envoies ton souffle, ils sont créés
tu renouvelles la face de la terre. » (Ps 104,30)
Louise Melançon
Sherbrooke