No. 40 – DIEUE AU FÉMININ

QUAND LES FEMMES DISENT DIEUE: GUIDE DE RÉFLEXION

A L’autre Parole, le retour des nuits fraîches de la fin de l’été est signe que voilà revenu le temps du colloque annuel. Moment privilégié dans la vie du Collectif car souvent, nous les femmes de L’autre Parole, posons alors un jalon de plus à notre projet de réappropriation et de réécriture de notre tradition chrétienne. Nous avons aussi pris l’habitude de partager avec vous, chères lectrices (leurs), les fruits de notre labeur.

Cette année encore, nous vous offrons non seulement les aboutissants de notre réflexion, mais aussi la description des étapes préalables qui nous ont permis d’arriver à une autre prise de parole, dans l’espoir que d’autres souhaitent tenter semblable démarche dans leurs groupes respectifs. Le présent numéro se veut donc un guide de réflexion: « Quand les femmes disent Dieue ».

D’aucunes se demandent peut-être pourquoi faut-il un nouveau discours? « Pourquoi faut-il explorer de nouvelles façons de dire Dieue? » « Pourquoi importe-t- il que les femmes s’impliquent dans cette recherche? » et surtout, « comment procéder? » Dans son article « Dieu-Déesse », Marie-Andrée Roy élabore, en première partie, des éléments de réponse à ces questions, mais n’anticipons pas et revenons au cheminement qui fut le nôtre au Collectif.

Cette aventure a débuté à l’automne 1986. Des membres ont proposé, lors de l’assemblée générale, que le thème de discussion pour le colloque de 1987 soit: les images de Dieu au féminin. Rapidement, une courte bibliographie a été suggérée afin de nous aider à cerner cette difficile question.(1)

En examinant la notion de Dieu, nous abordons notre relation au Père, à notre père, à l’autorité. Ne sachant trop si nous n’allions pas ériger des barrières afin d’éviter de transgresser le tabou que représente la réappropriation de cette figure centrale dans notre société patriarcale, nous avons demandé aux divers groupes du Collectif de faire un travail de déblayage avant d’arriver au colloque en répondant à une série de questions:

– En quoi le Dieu, tel que défini par la tradition patriarcale, me blesse-t-il? Me rend-il mal à l’aise? Ou m’indiffère-t-il?

– Quel impact ont eu sur moi et sur les images que j’ai de moi-même, les images du père inscrites dans notre société patriarcale?

– Quel impact ont eu ces images du père sur ma représentation du masculin?

– Qu’est-ce que je cherche dans une représentation renouvelée de Dieue?

– Quel serait l’impact de ces nouvelles images de Dieue sur moi et sur les autres?

Ces premiers échanges ont permis de faire ressortir des images plurielles de Dieu. Maintes fois, rétrospectivement, les femmes ont noté l’absence de représentation de Dieu au féminin. Cette négation de notre être, de notre moi-femme est perçue comme très dévalorisante.

Comme autre préparatif au colloque, nous avions aussi demandé à chaque femme, pour la soirée des retrouvailles, de présenter succinctement, à partir de la tradition chrétienne, une image du Dieu patriarcal qui la rend mal à l’aise et une autre image avec laquelle elle se sent en complicité. Lucie Leblanc rapporte comment des membres de son groupe ont préparé et vécu la mise en scène de ce partage de nos perceptions personnelles de Dieu/Dieue. A partir de ce « happening », Louise Melançon relance la discussion.

Après que nous eûmes ainsi cerné les façons diverses de dire Dieu à partir de l’expérience de chacune d’entre nous, Marie-Andrée Roy a présenté des manières différentes de dire Dieu qui se trouvent dans la tradition chrétienne. La récolte est riche, certains textes vous seront familiers, d’autres pas. Ce qui importait ici, c’était la réappropriation des éléments qui nous interpellaient le plus. Ainsi nous devions, comme femmes, comme féministes engagées dans l’histoire et influencées par la tradition chrétienne, reprendre les éléments qui sont le plus significatifs pour nous.

Il est intéressant de noter les mises en garde que nous nous sommes adressées:

– Attention aux mots pièges – tels pureté, amour, immanence, etc.

– Attention au piège des textes au féminin

– Attention aux images péjoratives – telle déesse

– Attention de ne pas créer un Dieu qui soit nous

Enfin, une foule d’éléments ont été retenus, ils se regroupent sous quatre grands thèmes que Rita Hazel vous présente en même temps que la production des huit ateliers.

Finalement, nous vous offrons le canevas de notre célébration.

Si vous utilisez ce guide pour dire Dieue, donnez-nous des nouvelles, faites nous part des résultats de vos réflexions; ainsi, la grande toile des liens qui se tissent s’étendra un peu plus.

Monique Hamelin – Vasthi

(1) On trouve cette bibliographie à la page 33 du présent numéro.