Témoignage de Marie-France Dozois
Yvette est, pour moi, une personne qui manifeste une grande passion pour les expéditions.
Je me souviens, en premier lieu, d’une expédition dans la capitale nationale. Nous marchions dans les rues abruptes du vieux Québec. Il pleuvait à boire debout. Malgré tout, Yvette entendait bien continuer son chemin. Elle était prête à emprunter une autre rue, à risquer une nouveau détour, à attraper peut-être un bon rhume. Il suffisait que les personnes qui l’accompagnaient veuillent risquer et s’engager dans une autre direction : elle était toujours prête à les suivre, même si un de ses souliers, à un moment donné, l’avait lâchée sans crier gare.
Lors d’une autre randonnée, dans les montagnes de Saint-Donat, cette fois, je découvris une autre facette de sa personnalité. Nous étions en auto. Tout à coup, nous voyons l’affiche annonçant un belvédère à cinq cents pieds plus haut. Nous nous arrêtons et commençons la montée. Les rues de Québec n’étaient rien à côté du chemin escarpé que nous avions à suivre. J’avoue que c’était essoufflant. Malgré cela, Yvette n’abandonnait pas. Chaque pas devenait difficile, exténuant. Mais elle ne voulait pas lâcher. Elle s’arrêtait un moment pour reprendre son souffle et continuait avec entêtement à gravir les différentes étapes du calvaire. Rendue au sommet, elle avait oublié tous les efforts déployés et elle était toute en admiration devant le paysage qui s’offrait à nous : « Que c’est beau ! », disait-elle, « Que c’est beau ! », avec le ravissement et l’étonnement d’une enfant qui découvre, pour la première fois, la beauté des choses.
Dois-je vous parler maintenant de cet autre sommet, plus intérieur, véritable Mont Everest dans les Himalayas ? Gagner de nouveaux sommets ne lui fait pas peur. Rien ne peut l’arrêter. Tout ce qui touche à la lutte contre la violence faite aux femmes la trouve sur son chemin . Alors que d’autres personnes de son âge attendent avec résignation l’heure de leur enterrement, elle, elle a entrepris patiemment de réduire en poussière les montagnes de peurs qui nous habitent et qui finissent par nous cacher le soleil. Désormais, c’est au cœur du présent qu’elle vient planter son bâton de pèlerine. Elle ne déviera pas de sa route. Sa volonté est d’acier et sa ténacité, proverbiale.
En un mot, cette personne demeure pour moi une véritable « sherpa », ce guide des montagnes que rien n’arrête. Je devine un peu le souffle qui habite cet être têtu, cette force de la nature. Et j’entends chanter la source toute calme qui nourrit son écoute inconditionnelle des gens.
Chère Yvette, je te souhaite un mémorable anniversaire.