SPIRITUALITÉ FÉMINISTE

Célébration

ÉTAPE 1

Préparation
Avant l’arrivée des participantes, les groupes Bonne Nouv’ailes et Marie Guyart préparent la salle. Une musique de fond tirée du disque de Louise Courville « Corps et âme » et un arôme de sauge préalablement brûlée servent d’éléments favorables à créer le climat désiré.

Accueil
À l’entrée, les membres du groupe Bonne Nouv’ailes remettent à chacune le matériel qui sera utilisé durant la célébration : foulard, chandelle, papier et crayon.

Prière d’ouverture
La présidente ouvre la célébration par une prière qui fait le lien avec le vécu du groupe durant le colloque et termine ainsi : « Soyez les bienvenues dans le cercle féministe pour célébrer nos spiritualités ».

ETAPE 2
Un moment pour se dire
Chaque groupe, à tour de rôle, est invité à présenter, comme bon lui semble, la  parabole construite en atelier.

GROUPE l

Le groupe se place en demi-cercle. Chacune prend la parole à tour de rôle. Musique en sourdine qui évoque le ruissellement de l’eau.

La spiritualité de L’autre Parole est semblable à une nappe d’eau souterraine
Elle est mystérieuse,
cachée dans le roc,
intérieure,
gratuite.

Elle se renouvelle constamment. C’est une eau vive.
Elle alimente les lacs et les rivières où s’abreuvent les troupeaux.
Des puits l’amènent à la surface pour désaltérer la soif des humains.
Elle fait verdir les champs et pousser les jardins.
Elle fait surgir des oasis dans les déserts.
Elle est la source-mère de toutes nos sources.
(ensemble) : Que celles qui ont soif viennent s’y désaltérer !
Aux participantes qui s’avancent on verse un verre d’eau.

GROUPE 2

Parabole de l’artiste inspiratrice
La Collective L’autre Parole est comparable à une artiste moderne qui se réapproprie la tradition picturale et réinvente une nouvelle façon de s’exprimer. En vue de la création d’une oeuvre inédite et intemporelle, elle réexploite tout son quotidien et jette de la clarté sur les couleurs sombres.
Dans le dépassement de ses limites et de ses pannes d’inspiration, elle se donne entièrement à une oeuvre qui, même livrée à la censure et à l’incompréhension, interpelle toujours l’imaginaire féminin.
Ainsi, à travers ses oeuvres, cette artiste espère que sa transformation intérieure inspirera la libération de toutes les femmes.

GROUPE 3

Parabole de la mer
En ces jours-là, Myriam de Magdala sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. De grandes foules se rassemblèrent près d ‘elle, si bien qu’elle monta dans une barque où elle s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.
Elle leur dit beaucoup de choses en paraboles. « La spiritualité féministe est comparable à la mer féconde dont on doit sonder les profondeurs pour en extraire les richesses. Elle est comme la mer qui donne les bancs de poissons qu’on trouve au large.
La spiritualité féministe est encore comme la mer qui se lève et se fracasse sur les rochers qu’elle transforme pour former un nouveau rivage, car dans les fissures et les cavités s’infiltre l’eau de vie. La mer a un horizon infini.
Entende qui a des oreilles ! »

GROUPE 4
•*• La spiritualité féministe est comparable à des pommiers élagués de la tradition patriarcale.
Un premier pommier, récemment planté, affronte, en pleine floraison, le vent Bora et le voilà dépouillé de ses fleurs. À l’automne, les pommes se font rares.
Un deuxième pommier, à l’abri du vent du Nordet, et aux racines plus profondes est exposé à un gel printanier. Plus résistant que le premier, il perd néanmoins plusieurs feuilles. Arrivé à l’automne, les fruits bien que nombreux sont demeurés petits.
Un troisième pommier, tout aussi prometteur que les deux autres avec sa floraison généreuse et parfumée, permet d’espérer des fruits magnifiques. Surviennent des visiteurs indésirables et gourmands : vers, chevreuils, oiseaux… et voilà la récolte compromise.
Enfin un quatrième pommier, planté en plein coeur du verger et caressé par la brise, résiste à tous les assauts de la nature. À l’automne, la récolte est abondante et les fruits savoureux. La majeure partie de la récolte sera cueillie et fera les délices des membres de l’Ekklèsia.

GROUPE 5
Parabole de la femme assoiffée de Vie (Cette parabole est mise en scène)
Le 21e siècle sera semblable à une femme en quête de spiritualité.
Elle sort de chez elle et rencontre Madeleine, son amie, qui l’invite à prendre un café. Au cours de leur échange, elle lui dit : « J’étouffe dans l’Eglise qui m’impose des restrictions parce que j’ai divorcé et que maintenant je vis en union libre. Je me sens incomprise, rejetée ». Madeleine lui parle alors de l’existence de mouvements de femmes où elle se sentira accueillie et comprise.
Rentrée chez elle, le doute qui la tourmente la pousse à contacter les mouvements de femmes chrétiennes dont Madeleine lui a parlé. Elle va voir d’abord soeur Tradition, son ex-enseignante : « Soeur Tradition, je voudrais votre avis. Je n’arrive pas à vivre ma foi dans la situation où je suis. On m’a assuré qu’il existe des mouvements de femmes chrétiennes qui pourraient sûrement me venir en aide. Qu’en pensez-vous ? » Soeur Tradition lui répond : « Ma fille, soyez très prudente, le comportement de ces mouvements frise souvent l’hystérie ».
Une semaine plus tard, elle décide de prendre un rendez-vous avec l’abbé Retard, curé de la paroisse voisine. Elle lui raconte son histoire et lui fait part de son désarroi de ne pouvoir recevoir l’eucharistie. Elle profite de l’occasion pour lui demander des renseignements sur les mouvements des féministes chrétiennes. « Comment, ma fille, vous osez me parler de ces mouvements proches de l’hérésie et
qui font des caricatures de célébrations chrétiennes ! Le pape se retient pour ne pas les excommunier ».
Découragée, en larmes, elle se retrouve chez son amie qui lui dit : « Regarde dans quel état tu es. Viens avec moi rencontrer le groupe dont je t’ai parlé. Tu jugeras par toi-même ».
Le royaume des cieux est semblable à cette femme en quête d’une spiritualité libératrice qui ne s’est pas laissé anéantir. Comprenne qui pourra !

GROUPE 6

La spiritualité féministe est comparable à la vie nouvelle d’une chenille qui se métamorphose en papillon.
Il était une fois une femme qui avait la passion des papillons. Depuis plusieurs années, elle les observait et le faisait si bien qu’elle en était arrivée à comprendre, à travers leur évolution, son propre destin. C’est ainsi qu’elle se disait : Au matin de sa vie, la chenille, le nez collé à la terre, est exposée aux multiples dangers environnants et elle risque, à tout moment, d’être écrasée.
Ainsi en est-il de la femme qui a grandi dans une culture patriarcale. Puis, un jour, la chenille décide de se mettre à l’abri et entreprend par instinct un long et méticuleux travail de confection.
Comme elle, la femme entreprend, un jour, de se mettre en contact avec elle-même pour discerner ce qui en elle n’est qu’enfermement, noirceur, oppression, dévalorisation et absence de liberté.
Puis la chenille se retrouve dans l’état mystérieux de chrysalide. Des picotements se font sentir dans ses tissus et, déjà la vie lui commande une nouvelle poussée.
Comme elle, la femme, après un temps de désert, se sent des fourmis dans les jambes en même temps que des papillons dans l’estomac devant le mystère qui l’habite.
Ô surprise ! Ô merveille ! Par un beau matin de printemps, apparaît, dans un déploiement d’ailes, un magnifique papillon. Il a vaincu sa léthargie, brisé sa prison et, dans une fébrilité nouvelle, prend son espace et s’envole pour la première fois, captivé par la richesse de son environnement, par l’infini qui lui appartient en cet instant de plénitude. Comme elle, la femme n’acceptera plus jamais de retourner à un état de soumission, d’oppression. Elle se reconnaît dans cette aventure palpitante. Elle sait qu’il y aura d’autres passages à faire pour donner plus d’amplitude à sa vie. Cette femme, c’est L’autre Parole ! L’autre Parole qui se remémore le mouvement de son propre devenir.

ÉTAPE 3

Partage de la Parole
Introduction : Les femmes dont nous ferons mémoire sont des femmes qui nous inspirent. Elles nous font sortir de notre amnésie car, même occultées par le patriarcat, elles sont présentes dans notre mémoire.
Voici trois paroles tirées de Mémoires a »Elles*
Juana Inès de la Cruz
« Toi, l’Esprit qui a éclairé et fortifié l’intelligence et le coeur de Sor Juana, donne-nous de son audace pour poursuivre avec ardeur et enthousiasme les tâches d’écriture et de réflexion qui sont urgentes pour notre société. Que ton amour de la vie et de la liberté ne cessent de nous inspirer et de nous soutenir dans nos expériences
quotidiennes et dans nos parcours collectifs de femmes ». (p. 183)
Claire d’Assise
« Heureuse certes celle à qui il est donné de jouir de ce banquet sacré pour s’attacher de toutes les fibres de son coeur à celui […] dont l’affection affecte, dont la contemplation refait, dont la bienveillance comble, dont la suavité remplit. […] Sans  cesse plus fortement embrasée de l’ardeur de cette charité […] en soupirant dans le
Mémoires d’Elles. Fragments de vies et spiritualités de femmes, Collectif sous la direction de Marie-Andrée Roy/Agathe Lafortune, Éditions Médiaspaul, 1999,185 pages. désir et l’amour extrêmes de ton coeur, exclame-toi : Entraîne-moi derrière toi, nous courrons vers l’odeur de tes parfums, époux céleste ! Je courrai, je ne défaillirai pas, […]
jusqu’à ce que ta gauche soit sous ma tête, et que ta droite heureusement m’embrasse, que tu me baises du plus heureux baiser de ta bouche ». (p. 95)
Caroline Macdonald
« Caroline, toi qui as bien compris la dimension sociale de l’Évangile et qui as su combattre toutes les formes d’injustice, continue d’inspirer, par ton exemple et ta pensée, les femmes qui, aujourd’hui encore, doivent lutter pour être reconnues comme des personnes à part entière dans la société ». (p. 248)

ÉTAPE 4

Rituel du feu
Accessoires : Wok, combustibles, allumettes, papier ciré, bol à punch.
Le rituel se déroule en deux temps
Dans un premier temps, les participantes sont invitées à écrire sur un bout de papier leur colère, leur frustration, leur rage vis-à-vis le pouvoir patriarcal qui, à travers la culture, le temps et l’histoire, a empêché les femmes d’exprimer librement leur spiritualité.
Dans un deuxième temps, chacune allumerait sa chandelle flottante pour exprimer qu’elle porte une spiritualité féministe libre et qui se libère constamment.
La présidente demande à l’assemblée de se lever

« Invocation solennel du feu
Toi feu, tu émanes de la terre, tu nais de l’air et tu meurs par l’eau.
Tu es sinistre et tu es joie.
Répons :
Feu, flammes de mort
Feu, flammes de vie
Nous choisissons la vie.

(Invitation à deux représentantes de génération différente à venir allumer la flamme)
Mères et filles veillent sur la flamme du féminisme. Qu’elle soit scintillante ou vacillante, elle ne s’éteindra pas tant que se dira la parole des femmes et que s’exprimera notre courageuse détermination à briser le patriarcat.
Répons :
Feu, flammes de mort
Feu, flammes de vie
Nous choisissons la vie.

Soulignons les aspects négatif et positif du feu.
Toi feu, toi flammes, tu es comme le patriarcat. Pour accroître ta puissance, tu te nourris de l’air que nous respirons.
Toi feu, toi flammes, tu es comme le patriarcat, te propageant aveuglément sur tous les terrains, tu détruis l’espace où nous pouvons nous dire.
Mais il y a aussi le corps des femmes, les fluides qui veillent. Ils font obstacle à ton dessin ravageur. Comme la terre, l’air et l’eau, toi feu, tu es avec nous. En nos mains de femmes, tu consumes ce que le patriarcat nous rend intolérable. En nos mains de femmes, tu es la lumière de nos prises de parole, l’ardeur de nos revendications, l’intensité de nos désirs de liberté.
Répons :
Feu, flammes de mort
Feu, flammes de vie
Nous choisissons la vie.

Les bouts de papier recueillis sont brûlés séance tenante pour manifester notre désir de détruire ce qui nous opprime, ce qui nous empêche de vivre pleinement et librement notre spiritualité féministe et pour qu’advienne une nouvelle naissance.

Après avoir livré au feu la rage qui l’habite, chacune se sert du même feu pour allumer sa chandelle flottante et va la déposer dans un grand bol rempli d’eau prévu à cette fin. Pendant ce temps, l’assemblée chante à plusieurs reprises le refrain de notre

chant thème : « Solidarité, sororité, mutualité ».
Présidente : Vous, flammes, vous êtes comme les féministes que voici.
Multiples, colorées, vivantes, nourries du Souffle de L’autre Parole.

ÉTAPE 5

L’envoi
Les participantes sont invitées à écrire, sur un autre bout de papier, le plus beau rêve qu’elle voudrait voir se réaliser. Ce souhait, fait au nom de la Collective L’autre Parole, serait adressé à toutes les femmes d’aujourd’hui et de demain, qui n’ont pas la  possibilité de respirer librement selon leur spiritualité. Les souhaits, une fois recueillis, sont mis dans une bouteille qui sera jetée à la mer.

BONNE NOUV’AILES et MARIE GUYARt